Filière coton : la Fésyntra-Finances avertit sur le gouffre financier en préparation

La situation délétère dans laquelle végète la filière coton depuis deux ans commence à inquiéter plus d’un. C’est le cas du secrétaire général de la Fésyntra-Finances. Dans une revue intitulée « La tribune du travailleur sur la gouvernance au Bénin », il dénonce un gaspillage des ressources et expose les conséquences de cette mauvaise gestion sur l’économie nationale.

Le coton béninois est-il digne d’être appelé encore l’or blanc ?  En effet, depuis près de deux, cette filière pourvoyeuse de ressources pour l’Etat devient un gouffre financier. C’est en tout cas à cette conclusion qu’a abouti la Fesyntra-Finances à travers son Sg Laurent Mètongnon. Dans cette revue, il passe en revue les deux campagnes cotonnières pour constater qu’en dépit des subventions, les deux campagnes ont généré des pertes énormes en fonction de la montée en flèche du pourcentage de coton de mauvaise qualité, et des pertes énormes observées à l’étape de l’égrenage. « En ce qui concerne la seconde campagne transitoire 2013-2014 qui a consommé presque entièrement le bénéfice précédent sous forme d’avances, plus de 120 milliards de francs cfa auraient été mobilisés auprès de la Boad (26 milliards) et de sept banques locales dont Ecobank est le plus gros contributeur (40 milliards).Mais si le bilan de la campagne 2012-2013 n’a pas nécessité un battage médiatique du Directeur général de la Sonapra à la différence de la campagne 2013-2014 pour laquelle les télévisions locales nous ont passé en boucle pendant plus d’un mois une conférence de presse de M. Idrissou Bako, c’est qu’il y a problème, qu’il faut s’interroger et s’en inquiéter. En effet, toute la production nationale de coton graine ayant été financée par le Gouvernement, toute la récolte est achetée et payée aux cotonculteurs. Tout le coton graine acheté et payé aux producteurs doit donc être égrené et transformé en fibres, graines et déchets commercialisables pour l’optimisation des recettes, le renforcement de la solvabilité de l’Etat et le remboursement intégral des banques prêteuses ».

Mesures d’urgence

C’est bien là l’enjeu de la mission confiée à la Sonapra : faire preuve de professionnalisme et d’orthodoxie dans la gestion des crédits alloués pour éviter que le Trésor public ne soit appelé à la rescousse à travers de « fausses subventions » qui viendraient supporter la facture des pertes de gestion opérationnelle enregistrées. Suivant ce principe, l’égrenage de 296.223 tonnes sur 307.354 tonnes produites, constitue une contre-performance, puisque les 11.131 tonnes reconnues avariées par le Conseil des ministres des 14, 19 et 20 août 2014 ont été payées aux paysans et transportées puis déchargées à prix élevé dans les usines. Ensuite, sur plus de 140.000 tonnes de graines produites, moins de 60.000 tonnes ont été vendues, soit près de 80.000 tonnes comptant dans les stocks déclarés avariés par le Gouvernement. Le prétendu record de 96% d’égrenage dont s’auto-satisfait le Dg Sonapra est le résultat d’une mal-gouvernance car on ne peut se réjouir d’avoir perdu une chose qu’on a achetée, sans compter les pertes sur valeur-ajoutée. Par ailleurs, en annonçant dans sa conférence de presse que plusieurs contrats ont été annulés, le Dg Sonapra nous pousse à une question : quelle est alors la garantie du remboursement des banques puisque les contrats annulés devraient avoir fait l’objet de nantissement au moment de la mobilisation des crédits par les institutions financières ? S’interroge la Fésyntra-Finances.

Avertissement

 Elle conclut et avertit le Gouvernement et son chef : « En tout état de cause, face aux difficultés financières actuelles notées au Ministère de l’Economie et des Finances, les travailleurs ne sauraient accepter que les ressources du Budget national, servent sous la forme de subventions, à couvrir les contre performances de la campagne et rembourser les banques dont la participation est attendue pour la prochaine campagne 2014-2015. Si le Gouvernement du Docteur Boni YAYI ne se ressaisit pas dans la maîtrise des coûts de production et des recettes de commercialisation du coton au cours des deux prochaines campagnes de fin de mandat selon certains spécialistes du domaine, il laissera en 2016 au futur Président, un déficit de loin plus profond que celui des 14 milliards dont il a hérité de son prédécesseur en 2006. Cette fois-ci comme tout le monde sait qu’il n’y a plus d’immunité à accorder à un Président, il sera mis en débet de tout rembourser.

Péhounco : un cas qui interpelle les consciences

Selon les chiffres officiels, le coton nourrit  environ 40% des Béninois. Si donc le coton se porte mal, c’est près de la moitié de la population qui va en pâtir. L’exemple le plus éloquent de cela s’est passé à Péhounco ces derniers jours. Dans cette commune, il y a eu une insurrection juste parce qu’on accuse des gens de sorcellerie. On n’a jamais autant de violence dans cette localité. Les populations, majoritairement des jeunes hystériques ont bastonné, pillé, incendié. Au-delà de la répression de la sorcellerie, il faut y voir une manifestation de la révolte, du désespoir et de la misère. Dans cette commune, une usine d’égrenage qui consomme la grande partie de la main- d’œuvre locale est fermée depuis près de deux ans à cause de l’égrenage à façon et de la réquisition imposés par la Sonapra.  Les jeunes ont donc faim dans cette ville. Et ceci devrait être la cause principale de cette insurrection.

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