Humeur du temps : « En 2006, on s’est trompé »

On attendait gentiment la fin de ce dernier quinquennat de Yayi pour faire le bilan quand les auteurs du fourvoiement politique de 2006 ont commencé à se dévoiler un à un. Comme poussés à la vérité par une force intérieure, ils confessent leurs fautes. 

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L’un dit être le premier à appeler à voter pour Yayi. L’autre proclame partout connaître les secrets de son arrivée au pouvoir. Et dans le flot des déclarations, il y a eu une de très marquante. Celle de l’honorable Hélène Aholou Kèkè samedi dernier lors du congrès constitutif du Mouvement pour le sursaut patriotique(Msp) « le ministre Sogbossi a dit que nous devons avoir le courage de vous dire qu’on s’est trompé. Nous nous sommes trompés (…). Je viens humblement vous demander à tous ceux qui sont venus ici que nous ne savions pas. Nous nous sommes trompés. Nous vous avons trompés et je vous demande pardon. Pardonnez nous de n’avoir pas été assez vigilants en ce moment-là.  Notre choix s’est porté sur un homme qui n’est pas celui qu’on croyait », a-t-elle déclaré.  Ces propos pleins de naïveté apparente ressemblent bien à celui d’un môme qui s’excuse devant ses parents pour une faute qu’il a commise.  On pourrait bien l’absoudre, le pardonner si tant est qu’il a manqué de vigilance comme tous les enfants de son âge. Mais le personnage ici est loin d’être un gamin. C’est une femme mûre, juriste chevronnée, qui a blanchit sous le harnais, la seule femme béninoise qui a été à la fois magistrate et avocate. Elle sait donc que le choix d’un président de la République est chose sérieuse. Et que cette lourde responsabilité ne doit être confiée qu’à ceux qui ont une carrière politique assez fournie et qui ont donné, à chaque étape de leur responsabilité la preuve de leur compétence, de leur charisme et de leur grandeur d’esprit.  En 2006, on s’est imprudemment précipité pour porter notre choix sur un « inconnu » dont le seul mérite est d’avoir été le candidat des médias. Chef, il n’a jamais été. Ni à la Bceao où il a fait carrière, ni dans le sérail politique. Il n’a jamais été chef de quartier, ni maire, ni Dg de société, ni député, encore moins un ministre. La seule chose qu’on vantait de lui, c’est qu’il ait été un bon et excellent président de la Banque ouest africaine de développement(Boad). Encore que là, c’est le rôle de la communication politique.  C’est pourtant le produit que l’on nous a vendu  comme le meilleur en 2006. « C’est le banquier de développement » pour Albert Tévoédjrè, celui qui allait nous aider à sortir du marasme économique. Puis tout le monde s’est rué sur le produit qu’on a acheté sans modération avant de se rendre compte que c’est de la pacotille. Mais les instigateurs de la tromperie étaient conscients que le produit n’était pas de bonne qualité mais tant qu’il peut les aider à garder leurs strapontins, c’est tant mieux. Ce n’est donc pas étonnant de les voir tous s’aligner derrière lui pour rempiler en 2011. L’erreur la plus grave fut celle là : accorder un second mandat à un homme dont le premier fut vraiment calamiteux. Et c’est surtout là que les pourfendeurs du régime d’aujourd’hui ont vraiment failli. Répéter la même faute cinq ans après la première est presque intolérable de la part de gens assez raisonnés. .   Alors donc, on se rend compte que ce sont les mêmes qui en 2006 et 2011 ont décidé de soutenir Boni Yayi. C’est comme un enfant qui, ayant commis une faute, demande pardon à ses parents pour ne pas être puni. Ceux-ci le lui accordent. Cinq ans après, alors qu’il est devenu plus grand et donc plus conscient, il commet la même faute et revient demander pardon quelques jours après auprès des mêmes parents. D’un tel enfant, les parents devront commencer à s’inquiéter. C’est donc trop facile pour tous ceux là de venir juste présenter des excuses pour s’absoudre de leurs erreurs politiques d’antan. En 2006,Azannaï disait dans sa déclaration de soutien que  «  politiquement, culturellement, historiquement, scientifiquement, spirituellement, Yayi allait gagner l’élection. En 2011, il inventa le slogan « Tchéké… édjinkonon ». Il pourrait continuer à dire les mêmes aberrations s’il était encore au gouvernement.  Claudine Prudencio n’allait peut être jamais se liguer contre Yayi et le traiter de « Papa malheur » si les intérêts économiques de son mari étaient toujours protégés par le gouvernement.  Idem pour les autres Richard Sènou, Sogbossi Michel et Adidjatou Mathys qui avait affirmé que Yayi ne recevait pas de salaire. A l’heure du bilan, qu’ils souffrent de compter parmi les accusés. Le peuple n’est pas si dupe

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