Nos légitimes « pourquoi »

Chaque peuple a ses us et coutumes. Tant que ceux-ci ne se heurtent pas à des principes de droits humains universellement admis, ils sont à respecter rigoureusement. L’identité, c’est la partition de chaque peuple dans la grande symphonie universelle. 

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Mais, on ne peut cautionner, chez un peuple, au nom de l’identité, par exemple la pratique des sacrifices humains. Nous émergeons de la nuit d’une jungle où la loi du plus fort est toujours la meilleure. Nous nous exposons au soleil radieux d’une civilisation qui tend à nous faire grandir en humanité.  En dépit des soubresauts de la bête qui sommeille en chacun de nous.

Sur le plan national, donc à l’interne, au quotidien, autour de nous, s’observent des pratiques peu catholiques. Elles devraient susciter nos légitimes interrogations. Est-ce le renouveau démocratique qui incite à tant d’incivisme et à tant de laxisme ? Est-ce la liberté reconquise, à la faveur de la Conférence des forces vives de la nation en 1990, qui a ouvert les vannes de l’impolitesse, du désordre, de la désinvolture ? Notre contribution prendra la forme du questionnement articulé autour de l’adverbe interrogatif direct  » pourquoi » ?

Pourquoi les Béninois rechignent-ils à faire la queue, pour payer leurs factures d’eau et d’électricité par exemple ? C’est vrai : nous commençons par prendre l’habitude de nous mettre en rang et d’attendre notre tour. C’est un début prometteur. Mais le mouvement tarde à se systématiser en l’expression d’une discipline librement consentie. Nos efforts sont à poursuivre dans la bonne direction. Avis aux automobilistes, usagers du trajet Cotonou-Porto-Novo-Cotonou. Par jour d’intense trafic, ils créent l’embouteillage. De propos délibéré,   par indiscipline caractérisée. C’est une insulte à la citoyenneté.

Pourquoi certains compatriotes, se montrent-ils nerveux et agressifs, tels des chiens enragés, à la seule vue d’une femme au volant d’une voiture ?Fusent, tout aussitôt, de grossières injures, du genre « Sacabo, yé ko ho monto do assamê nou wé ». En traduction libre et non fidèle : « Prostituée, te voilà récompensée, par une voiture, de tes œuvres. » De mériter d’être ainsi grossièrement insultée parce qu’on est femme, qui plus est sans raison et par un inconnu, participe d’une injustice sans nom. C’est proprement révoltant. C’est totalement inacceptable.

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Pourquoi le grand âge, sinon le troisième âge, autrefois respecté et entouré de tous les égards, devient-il, aujourd’hui, un sujet de dérision, sinon d’abomination ? Comme si c’était une tare ou une maladie d’être vieux ou de vieillir. Et le jeunot qui, à la vue d’une personne âgée, part de son « Papa yi gbodjê » « Papa, va te reposer », ignore ou feint d’ignorer qu’il insulte ses propres parents. Aucune vie n’étant réversible, le jeunot d’aujourd’hui, c’est l’adulte de demain.

Pourquoi le Bénin reste-t-il l’un des rares pays au monde à ignorer les nouvelles dispositions du code de la route en matière de priorité aux carrefours, dans les sens giratoires ?Nous avons souscrit à ces dispositions. Nous avons, sur place, des structures et organismes chargés de leur application.  Mais nous trainons les pieds comme si nous avions pour nous le temps de Dieu, l’éternité.

Pourquoi, dans les toilettes de notre administration, de nos entreprises on ne trouve aucune trace, de papier hygiénique ou de tous autres dispositifs pour le même usage ? Parce que, nous assure-t-on, on les vole systématiquement. A quoi bon encourager les voleurs dans leurs basses œuvres ? Pour couper court au plaisir d’un seul ou de quelques uns, on piétine le bonheur de tous. Alors, que chacun se débrouille comme il peut. Telle peut être la morale de cette histoire qui n’honore personne.

Pourquoi le Bénin reste-t-il l’un des rares pays au monde à préférer l’avancement automatique, par ancienneté, à l’avancement au mérite, sur la foi de la compétence, de la vertu et des valeurs ?Nous sommes tortueux dans nos manières de penser et d’être. Aussi avons-nous un mode de fonctionnement des plus singuliers. Ce qui nous préoccupe, au premier chef, dans tout ce que nous entreprenons, c’est moins nos résultats, que nous devons rêver grands et beaux, que le mal qui roderait partout. Nous respirons méfiance. Nous transpirons suspicion. Aussi prenons-nous le maximum de garanties, bonnes ou mauvaises, pour nous mettre à l’abri. Comme qui dirait « Qui est fou ? » Voilà le Bénin, tel qu’il va. Pourquoi en est-il ainsi ?

Oui, pourquoi ?

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