Dans un passé récent, l’on a dénoncé la diversion dont font preuve Boni Yayi et les siens dans la gestion du dossier relatif au financement de la correction de la Lépi et de l’organisation des élections municipales. A la logique de la diversion, le gouvernement a visiblement ajouté celle de la confusion. Avec à la clé une stratégie de gestion et de communication qui sème plus la cacophonie qu’elle n’apporte de précisions et de clarifications. Eléments d’appréciation.
Diversion
Nommé ministre des Finances en août dernier, le premier acte posé par Komi Koutché a été l’envoi d’une mission d’audit au Cos-Lépi (organe chargé de superviser la correction du fichier électoral). A l’époque, le Cos-Lépi connaissait déjà un manque de ressources financières. Ce qui l’empêchait de poursuivre le processus de correction du fichier électoral. Sacca Lafia, le président de ladite institution avait donné le 20 septembre comme date butoir pour le déblocage des ressources. Avant cette échéance, le gouvernement devrait mettre à la disposition du Cos-Lépi au moins deux milliards Fcfa s’il tenait sincèrement à ce que la liste électorale soit prête le 30 novembre au plus tard. On en était là quand le chef de l’Etat est entré à visage découvert dans le jeu de la diversion avec la déclaration de Boko (21 septembre 2014). Le tollé général qui a suivi les propos du président Boni Yayi depuis ce petit village, désormais célèbre, de la commune de N’dali, nord Bénin, a contraint le gouvernement à prendre des mesures concrètes. Notamment la mise à disposition des ressources financières réclamées depuis par le Cos-Lépi et la Cena. Le gouvernement venait ainsi de remettre la balle dans le camp des deux institutions. Désormais, les regards étaient quasiment tournés vers le Cos-Lépi et la Cena. La première, pour qu’elle retourne rapidement sur le terrain en vue de la poursuite de sa mission. Et la seconde pour qu’elle s’installe et débute la préparation des Municipales. On croyait le cercle vicieux désormais brisé. Echec et mat !
Confusion
Ce lundi 06 octobre, sur la question, le président Boni Yayi revient au-devant de la scène de la manière la plus inattendue et au moment où l’on s’y attendait le moins. Il tient au palais de la présidence une réunion avec les présidents des institutions concernées par la question électorale. Avec l’absence remarquable de celui de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago. Quoiqu’illégale, la réunion accouche du report des Municipales pour 2015.Et ce, en dépit de la volonté-réaffirmée à maintes reprises- du chef de l’Etat les voir s’organiser au plus tard le 31 décembre 2014. Au nom du collectif des présidents d’institutions, Ousmane Batoko de la Cour suprême a indiqué les raisons juridiques et matérielles qui fondent l’impossibilité de la tenue des scrutins cette année. Hier, le gouvernement nous a sorti un autre acte de sa comédie politique. Réuni en Conseil des ministres, il évoque encore la possibilité de l’organisation des Municipales cette année. Le Secrétaire général du gouvernement, Allasani Tigri qui a fait le point dudit conseil à nos confrères de la télévision nationale (Ortb) évoque un éventuel raccourcissement des délais prévus par le code électoral. Au nom du gouvernement, il a lancé un appel à la classe politique et à la société civile. Au moins, le gouvernement a pris conscience de la nécessité (légitime et légale) d’associer les forces politiques et la société civile à la résolution de cette équation électorale.
Questions
Le président de la République n’était-il pas conscient de l’option des mesures dérogatoires quand il prenait la décision unilatérale, en complicité avec les présidents d’institutions, et sans l’avis des forces politiques comme l’indique le code électoral, de reporter les Municipales pour 2015 ? La séance a-t-elle réellement tenu compte des avis du Cos-Lépi et de la Cena ? Que devient la décision issue de ce rendez-vous de la Marina? Cette réunion était-elle opportune ? L’annonce de la confirmation du report a-t-elle été faite au bon moment? Autant de questions soulevées par les derniers développements de cette actualité.
Au demeurant, entre rétropédalages, panique, précipitation, diversion et confusion ; le gouvernement doit nécessairement revoir sa stratégie de gestion et de communication autour d’un dossier de si grand intérêt national.