Présidentielle 2016 : rude compétition pour le dauphinat de Yayi

Acculé, soupçonné à tort, critiqué, l’idée d’un 3è mandat semble abandonner progressivement Yayi. Dans son entourage,  même si la question de la succession n’est pas officiellement ouverte, de probables dauphins anticipent sur cela et se montrent comme les serviteurs les plus loyaux. Tout se joue subtil et intelligent. Chacun veut séduire et gagner la confiance du Chef aujourd’hui  pour espérer le retour de l’ascenseur demain.

A 530 jours environ de la fin de son dernier quinquennat, Boni Yayi est désemparé. Contraint par une constitution – auquel le peuple y tient comme la prunelle des yeux – qui l’exige de descendre du pouvoir après un second mandat et toujours porté par ses propres désirs d’imiter de continuer son aventure  présidentielle et de parachever ses projets, il n’arrive pas à donner les gages d’un départ certain du pouvoir en 2016. C’est ce qui explique son aversion pour tout homme politique, fut-il de son entourage, qui ose déclarer officiellement sa volonté de briguer la magistrature suprême. Pas question pour lui de chercher à avoir et à préparer un dauphin. Il n’en a pas la tête pour et d’ailleurs ses agissements actuels ne s’y prêtent guère. Mais dans son entourage, on ne se trompe pas sur une évidence : elle finira par s’imposer au Chef de l’Etat. A défaut de se maintenir, il faut trouver un bon pion, capable de protéger ses arrières, de lui donner des garanties d’une retraite paisible et de surtout de lui permettre « d’être au pouvoir sans l’être ». Et pour anticiper sur cela, les « ambitieux » du moment jouent sur ce tableau. C’est le temps de tout faire pour gagner la confiance du Chef. Il faut le rassurer, le louanger. D’où la phrase : « Si Yayi va à droite, on va à droite. S’il va à gauche, on va à gauche… » de Barthelemy Kassa. Dans l’art de transformer la politique en théâtre dans lequel il excelle, le ministre de l’énergie ne néglige rien. Son omniprésence partout où on parlera des œuvres du gouvernement n’est pas fait au hasard. Il joue sur la fibre sensible du président de la République. Son meilleur rival dans cette compétition de charme est le ministre de l’économie et des finances Komi Koutché dont l’envergure politique monte en flèche avec ses successives promotions au gouvernement. Devenu un des hommes clés du système Yayi, il croit de plus en plus en son destin. A 38 ans révolus, il rêve de devenir en 2016, le plus jeune président du Bénin démocratique. Si Yayi le veut, pourquoi pas. Lui aussi est dans la séduction. Il est le premier à lancer la polémique sur la succession du Chef de l’Etat à Bembèrèkè en disant que « Boni Yayi n’a pas encore désigné de dauphin » et « qu’on ne désigne pas le successeur d’un roi du vivant de celui-ci ». Subtile  réaction. Demain, le premier à parler de dauphin pourrait être celui-là. Le weekend passé à Bantè, il a encore séduit son chef avec une phrase : « je ne trahirai jamais le Chef de l’Etat ».

L’autre qui fait un travail titanesque et qui est en course pour le dauphinat c’est le ministre d’Etat François Abiola. C’est l’inventeur attitré du slogan en vogue du moment : «  après nous, c’est nous ». Ce slogan est assez évocateur de sa volonté de perpétuer le système Yayi mais avec un autre homme. D’ailleurs, il y a longtemps qu’il travaille pour cela et a réussi l’exploit de rallier tous les maires Prd de l’Ouémé à la majorité présidentielle en surfant abondamment sur la grande fraternité yoruba. Avec un bilan politique aussi impressionnant, il n’attend que le retour de la manivelle.

Les dauphins de l’ombre

Moins affiché, Soumanou Toléba travaille aussi pour cette ambition. Le Dg de la Sobemap pourra compter sur les accointances poussés avec les milieux des artistes et de la presse mais aussi sur ses nombreuses amitiés politiques dans la Donga et dans le sud. Très courtois et affable, il peut devenir un dauphin sérieux si tous ces admirateurs mouillent le maillot pour lui. Il y a dans cette foulée, le ministre des affaires étrangères qui maîtrise le carnet d’adresses international de Yayi. Même s’il s’agite moins à cause de ses nombreux voyages, il peut gagner ce dauphinat  si le président décide de lui dire un « grand merci » pour son soutien en 2011. D’autres comme Bio Sanwé, le frère de Tchatchou(non loin de Tchaourou), fonctionnaire à la Boad, peuvent jouer leur va-tout. La succession est lancée mais le recours à Yayi peut aussi être un obstacle. 

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