Prix Nobel de la paix 2014 : Malala Yousafzai, l’icône mondiale de la lutte pour l’éducation des filles

Depuis que les sinistres talibans l’ont projetée sur le devant de la scène en voulant l’assassiner il y a deux ans dans le bus qui l’emmenait à l’école, Malala la jeune fille de 17 ans aujourd’hui n’est plus jamais retombée dans l’anonymat.

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Icône mondiale, Prix Nobel de la paix à 17 ans ! Incroyable ! Et me vint en esprit cette célèbre formule de Franz FANON : «  chaque génération doit, dans une relative opacité découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir ». Malala, cette petite fille a découvert à 14 ans sa mission, celle de dénoncer tous les freins, toutes ces barrières érigés par ces terroristes de talibans pour empêcher les filles de sa région, son village, dans la vallée de Swatz,  village perdu au bout du monde, du Pakistan plus précisément d’aller à l’école.

Un prix pour les droits des jeunes filles

Un prix pour les enfants qui doivent aller à l’école, a déclaré le collège des Nobélistes, selon la volonté d’Alfred Nobel lui-même, ce Norvégien qui a créé ce prix. A l’occasion de la Journée internationale de la jeune fille décrétée par les Nations Unies, tous les 11 octobre,  en l’honneur du combat de Malala, ce prix tombe à pic. La jeune fille disait d’ailleurs, à la tribune des Nations-Unies dans un discours prononcé l’année passée que cette journée n’était pas celle de Malala toute seule, mais celle de toutes les filles du monde afin que les portes de l’école leur soient grandement ouvertes.

Nobel de la paix 2014 : la Pakistanaise Malala lauréate à 17 ans

La fierté de toutes les femmes dans le monde entier

Et comment ne pas se sentir fière du combat de cette adolescente qui, au prix de sa vie a osé braver l’adversité pour faire bouger les choses, afin que le sort fait à la femme, la fille d’abord change dans son pays. Pendant que chez nous, seuls les discours et slogans flatteurs ont droit de cité au combat que mènent toutes les féministes, les choses bougent ailleurs.

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Pendant que dans mon pays, on interdit aux femmes de prendre la parole, pour dire haut et fort là où elles ont mal, pour crier haut et fort ce qui ne va pas dans la gestion de notre pays commun, une petite fille reçoit le prix Nobel. Faut-il désespérer du Bénin. Non ! Jamais le désespoir car un peuple sait toujours rebondir pour interroger l’histoire et y trouver les armes nécessaires au combat pour sa survie. Il s’agit d’interroger effectivement notre histoire, l’histoire des hommes et des femmes du Bénin qui ont par le passé beaucoup donné pour qu’on en arrive à ce niveau de démocratie aujourd’hui. Les femmes qui, guidées par une passion pour l’émancipation de la femme chez nous ont tout donné pour faire avancer la scolarisation chez nous, car l’école est la clé pour le progrès de nos peuples. Un peuple analphabète est souvent instrumentalisé comme des bêtes de somme. Il marchera matin, midi et soir quand on le lui ordonnera. Il ira à droite, à gauche, devant et derrière, sous le soleil, le vent et la pluie, pour quelques piécettes. What a pity !

Des milliers de Malala en Afrique

Mais je suis convaincue que dans une décennie les marcheurs, surtout les marcheuses se compteront désormais sur les bouts des doigts, si elles n’auront pas totalement disparu, parce que occupées dans les champs, les usines, les bureaux. Les filles d’aujourd’hui qui sont en masses sur les bancs de nos écoles auront mieux à faire devant leur étalages qui leur assure de meilleurs revenus que les mères que nous sommes aujourd’hui, n’accepteront plus d’être utilisées comme du bétail électoral. L’école leur aura ouvert les yeux sur le monde. Et nous pourrons rêver de milliers de Malala en Afrique, et pourquoi pas au Bénin. L’adolescente était à l’école lorsqu’elle a appris qu’elle venait d’être élue pour recevoir le Nobel de la paix.

L’école, seul rempart contre tous les facteurs d’exploitation de la femme

Pour réaliser l’Omd3, nos pays n’ont qu’un seul allié ; et il est de taille : l’école. Heureusement, les gouvernements successifs l’ont compris et chaque régime a fait de l’éducation, surtout l’éducation des filles son cheval de bataille contre le sous-développement, l’arriération de notre société, la pauvreté et la misère de nos populations ; Dans une famille, base de toute société, lorsque la femme a été à l’école jusqu’en fin de l’école primaire, que de changements positifs dans la vie de sa progéniture. Inutile de les énumérer ici ; mais rien que la santé et la scolarisation des enfants est nettement améliorée. S’il y aune femme qui s’est énormément investie dans la scolarisation des filles, lorsqu’elle était aux commandes du système éducatif dans notre pays, c’est bien Rafiatou Karimou, militante de première heure dans le gouvernement révolutionnaire du président Mathieu Kerekou. Première femme ministre au Bénin, elle continue de se battre pour faire entendre la voix des femmes aux côtés de ses sœurs plus jeunes, afin que nos droits soient effectivement respectés et que le pouvoir ne se contente plus de nous abreuver de slogans creux et naïfs, comme si nous étions des enfants à qui on promet des bonbons quand l’heure de dormir sonnera. Est-ce en dormant qu’on suce des bonbons ? Nous ne demandons pas de faveurs, mais, comme Malala, nous exigeons que nos droits soient appliqués. Du moment où la constitution prône l’égalité homme femme au Bénin, pourquoi devrions-nous accepter qu’on nous offre quatre postes dans un gouvernement pléthorique ?

Malala doit nous insuffler du courage

Seule la lutte paie. Et tant pis pour ceux qui ne l’ont pas encore compris et qui préfèrent mourir couchés que debout. Quand j’ai lu depuis Dakar où je reprends des forces pour revenir plus combative que jamais – j’ai aimé cette formule d’Alcrer, Martin Assogba qui, malgré le fait qu’il a vu la mort en face, continue de s’investir dans le combat pour la vérité et le progrès dans notre pays – quand j’ai appris que Mmes Rafiatou Karimou, Matthis, Affo Djobo et tant d’autres ont été chargées par la police, j’en ai pleuré. Des femmes qui sont mères, grand-mères de Malala ! La police les charge et rigole de cette débandade… Ca fait saigner le cœur… Quand je pense que beaucoup parmi nous ont élevé ces enfants en uniforme kaki, les ont gardés comme élèves dans nos classes, dans nos amphithéâtres, avons pansé leur zizi lors de la circoncision… Aujourd’hui, ils ont des gourdins, des gaz lacrimogènes et se défoulent sur nous, parce que l’ordre vient d’en haut ! Bientôt, ils tireront sur nous à balles réelles… Honte à vous tous, commanditaires et exécutants, qui ne savez pas que la mère est sacrée et que s’attaquer aux femmes dans une Nation revient à attirer sur soi le courroux des ancêtres. Quand je pense que mon ancienne ministre est handicapée et que Dieu lui a donné la chance de rester encore parmi nous. Parce qu’elle n’avait pas fini sa mission, celle de conduire encore plus de filles sur le chemin de l’école… Celle de sortir encore plus de femmes de la voie de l’obscurantisme où l’égoïsme de nos hommes nous enfonce. François Mensah, ce jeune prodige n’avait pas fini sa mission lui non plus ; mais Dieu en a décidé autrement. Et pourquoi ces confrères ne porteraient pas plus loin la lutte qu’il avait menée, sans demander à quiconque une décoration pour le motiver encore plus ? 

Seule la lutte paie ! L’action encore plus…

En ce qui me concerne, chaque jour je suis édifiée par des exemples comme ceux des deux Nobel, Malala la Pakistanaise, et Kilash Sefarti l’Indien. Je me rends plus que jamais que seule l’action paie. Malala en créant son blog pour dénoncer les talibans qui détruisaient les écoles implantées dans sa région en zone déshéritée du Pakistan a réussi à attirer l’attention du monde entier sur leur cause. Quant à l’Indien, il a réussi à extirper des griffes des trafiquants qui exploitent les enfants indiens en les faisant travailler, des milliers d’enfants. Des enfants libérés de la servitude. Et toi mon frère béninois, que fais-tu pour que ça change autour de toi ? Toi, ma sœur comment peux-tu accepter le sort qui est le nôtre aujourd’hui au Bénin? Dans ce pays où nos mères les Amazones ont payé un lourd tribut pour libérer notre pays aux côtés des hommes du joug colonial. Il faut que ça change ! Et ça changera. N’en déplaise à ces bonimenteurs qui œuvrent pour notre division.

L’inaction nous conduira à la mort. Mort couché ! Ce n’est pas béninois… Et comme l’enseigne une pensée ici au Sénégal : «  Seul l’arbre qui subit les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines mises à l’épreuve se fortifient ».

Adélaïde Fassinou Allagbada (depuis Dakar)

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