Bénin : quand la politique tue nos sociétés d’Etat

Depuis plusieurs années, la gestion des sociétés d’Etat laisse à désirer. Les directeurs qui y sont nommés ont rarement les bons profils et foutent souvent en l’air les principes basiques de bonne gestion des sociétés d’Etat. Pour la plupart des alliés politiques, leur mandat a été plus de renforcer les Fcbe dans leurs régions que de redresser ces sociétés.

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Mardi 25 novembre dernier, un  nouveau Directeur général prenait service à la Sonacop. Son nom : Irénée Agossa. Contrairement à son prédécesseur qui assurait jusque- là plus d’un an d’intérim dans la discrétion et presque dans l’anonymat, lui, il est bien connu. Il passe pour un des plus grands zélateurs du régime, si ce n’est le plus grand. Depuis plus de deux ans, il est sous les feux de la rampe, passant de médias en médias pour faire l’apologie du régime. Même dans ses erreurs les plus  graves et ses déclarations les plus abjectes, le Chef de l’Etat est sûr de bénéficier du soutien de son « conseiller technique chargé de suivi des grands projets de l’Etat…et tutti quanti ». C’est d’ailleurs à force de vociférer tous les matins sur une radio de la place en le défendant  de façon béate que Yayi s’est souvenu de lui. Gbihoun ! Un poste de conseiller tombe sur lui, comme une mangue mûre du manguier. Il est bien conscient d’avoir réussi un bon coup, lui, l’ancien et bouillant porte- parole de l’Union fait la nation(Un) pendant la dernière élection présidentielle, il n’était pas évident qu’il décroche ce maroquin. Pour séduire Yayi, il passait son temps à nier son appartenance à cette coalition politique et se targuait  aussi d’un titre ronflant « d’expert en qualité ». Mais le poste ne comble pas les attentes d’Agossa. Avec ce poste, il ne peut espérer qu’une modeste prime trimestrielle à la Marina. Même pas de voiture de service. D’ailleurs, il ne cessait de se plaindre de ça. Il continue son œuvre de défense de la politique gouvernementale jusqu’à ce jour du 20 novembre où il reçoit le graal.  Dg d’une société importante avec gros salaire, une ou deux voitures à disposition et des centaines de mille de tickets valeurs. Ça fait saliver ça. Agossa récolte un peu le fruit de ses vociférations médiatiques. Qu’importe le bilan à produire à la tête d’une société comme celle -là, infestée par la prévarication. Irénée sait qu’il n’y peut rien avec son titre de « qualiticien ». La seule chose que Yayi espère de lui c’est de continuer à défendre ses fautes et ses aberrations avec un peu plus de moyens qu’autrefois. A  la Sonacop, on ne peut rien espérer de lui. Et d’ailleurs, le syndicaliste de la maison l’a si bien précisé. « Nous n’avons pas besoin d’un politicien à la tête de notre société », précise-t-il. Fera-t-il mieux qu’Expédit Houéssou- opérateur économique promoteur de Fal et Ral – coffré pour détournement ?

L’arbre qui cache mal la forêt

Mais son cas n’est pas singulier. La plupart des sociétés d’Etat sont confiés à des courtisans politiques. De la Sobemap au Cnsr en passant par Bénin Télécoms et l’Anac. Pour ce dernier cas, c’est un vieux retraité depuis plus de deux qui est maintenu en dépit de sa gestion approximative à la tête de cette agence. Il n’est qu’un juriste et se perd pas mal dans  les dossiers techniques de sécurité et sureté aéroportuaire, de normes et de la convention internationale. Yayi se fout pas mal des impacts de sa gestion calamiteuse sur l’aéroport de Cotonou. Ce qui le maintient lui, c’est son patronyme. Et ça paie beaucoup. A la tête de Bénin Télécom sa, le Dg Djalil Assouma est parachuté du Canada où il a fait ses études. Il découvre la société au plus grand poste de responsabilité alors même que de grands doutes pèsent sur son expérience professionnelle. Là aussi « l’à peu près » paie déjà. De folles rumeurs de gabegie et de mauvaise gestion du Dg fusent de plus en plus et il est contraint de faire recours à la presse pour noyer cela.  C’est tant pis pour cette société déjà moribonde et pour ses travailleurs. Ce qu’on recherche de Djalil Assouma c’est sa capacité de mobilisation de foule à Djougou. Il s’y accommode d’ailleurs bien et a organisé la dernière fois un grand meeting de remerciement pour le Chef de l’Etat.  Quid de la Sobemap ? Le Dg sortant Soumanou Toléba n’est qu’un agronome. Que cherche-t-il alors dans les manutentions ? On pourrait en dire autant de Sylvain Zohoun, professeur d’université enlevé de ses enseignements en dépit de la rareté d’enseignants à l’Uac pour s’occuper de sécurité routière. Mais attention, c’est le baron des Fcbe à Cadjêhoun et dans la 16è circonscription électorale. Depuis 2006, on nomme tout à la tête des sociétés d’Etat. Le décret stipulant la nomination de Dg de sociétés après appel à candidatures est bafoué. Tous les profils sont promus.  Pourvu qu’ils soient des capteurs de voix et des bons organisateurs de meeting et de marches de soutien. Le reste, on s’en fout bien.

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