Docteur chaos ou comment le messie devient le problème

De nombreux compatriotes pourraient se demander pourquoi la plupart des articles de presse sur la gouvernance de notre pays s’adressent au Chef de l’Etat. Sa responsabilité est souvent engagée sur la plupart des problèmes institutionnels que connaît notre pays aujourd’hui et dont les manifestations ne sont que le déficit de dialogue, de démocratie, la ruse et la confusion entretenus, à dessein autour de l’organisation des élections à bonne date et l’incessant rétro-pédalage du gouvernement qui plonge le pays dans une situation d’incertitude sans issue.

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Le « Docteur » avait le remède a nos maux

En le plébiscitant en Mars 2006 à la magistrature suprême de notre pays par un score presque soviétique de 75%, les Béninois croyaient avoir découvert le messie qui dès son installation dans ses fonctions a pris goût aux bains de foule plutôt que de conduire les Béninois vers un mieux être dans les règles, normes et standards qu’offrent les temps modernes. Ils étaient loin d’imaginer qu’ils viennent de sceller avec « l’éminent » Banquier de développement, le déclin du pays et de son processus  démocratique qu’ils ont souffert à mettre sur les rails à la conférence des forces vives de la nation de Février 1990. Moins d’une dizaine d’années plus tard, celui qui apparaissait comme le messie est devenu, aux yeux des Béninois qui savent voir, entendre, réfléchir, analyser et comprendre, le véritable problème du pays.On me rétorquera qu’un seul individu, fût-il Chef de l’Etat ne peut à lui seul porter la responsabilité des maux d’un pays. Les thuriféraires dont le Chef de file Amos Elegbe, ne ratent d’ailleurs aucune occasion pour démontrer a ceux qui continuent de croire en leur « salade » de mauvais goût que le Président de la République est soucieux du renforcement de la démocratie, qu’il ne mange pas tant que le dernier des Béninois n’a pas encore mange, qu’il ne dort pas tant que les Béninois ne seront pas heureux, qu’il a tout fait pour que les élections se déroulent à bonne date et tuti quanti.

A quoi sert un Chef d’Etat dans un système démocratique?

Cette question prend tout son sens dans notre pays lorsqu’on suit attentivement les évènements qui ont entoure la confection de la LEPI depuis 2010 et les agissements du gouvernement dans ses relations avec les institutions de l’Etat et les structures ad’hoc en charge du fichier électoral ou impliquées dans l’organisation des élections dans notre pays. Conformément à son serment, le Chef de l’Etat est le garant du respect de la loi. Le plus préoccupant, ce sont les propos peu rassurants, a la limite du parjure que tient périodiquement le Chef de l’Etat et qui finissent pas convaincre de ce qu’il ne comprend ni les ressorts, ni les exigences encore moins l’immense responsabilité qu’induit la fonction présidentielle. Choisi par la majorité des citoyens par le moyen d’un vote, il est l’homme qui porte sur lui, et parce qu’il s’est volontairement porté candidat, la lourde responsabilité de créer les conditions de l’unité nationale, du respect des principes démocratiques et du progrès économique et social. Penser le contraire et le répandre revient à distraire les populations en surfant sur leur illétrisme, plaie difficile a guérir de nos jeunes démocraties que les dirigeants africains passent leur temps a entretenir avec cynisme au lieu de créer les conditions de l’épanouissement des peuples. Sans compter donc les obligations du Chef de l’Etat qui sont consignées dans la Constitution et sur lesquelles il prete serment, le Président de la République a aussi le devoir de servir d’exemple dans nos sociétes africaines ou la parole du chef est écoutée  et suivie.

Le Président Boni Yayi depuis son élection en Mars 2006 s’est -il préoccupé de remplir ces obligations? Non! Au contraire, il s’est livre, avec une agressivité étonnante dans ses communications avec la classe politique et les opérateurs économiques qui sont en désaccord avec sa politique de pensée unique. Il s’est également illustré et souvent à travers ses actes en sous-main au démantèlement de l’unité nationale et donc à la division du pays. Il a mis un point d’honneur à saper les bases de l’économie de notre pays et portant un coup de grâce au secteur privé, tuant ainsi des milliers d’emplois et n’offrant comme perspective a sa jeunesse a lui, celle qui « braille » et qui cherche a intimider les autres, le mensonge, la tricherie, des actes de prédation sur les ressources de l’Etat et la fraude organisée pour prendre les emplois publics. Voila comment le Président Boni Yayi a compris son rôle de Chef d’Etat en ce 21e siècle avec son niveau de « Docteur en Economie » .dans un monde en pleine mutation où les ressources et outils pour la gouvernance d’un pays sont pourtant disponibles en abondance et ne demandent qu’à être mises en oeuvre.

La caporalisation des institutions de contre-pouvoirs

Un Chef d’Etat qui a le souci du renforcement de la démocratie et du développement de son pays ne cherche pas a contrôler les institutions de contre-pouvoir. Car, conçues par le Constituant de 1990 pour garantir l’équilibre du jeu politique et institutionnel, ces institutions devraient concourir à faire avancer la démocratie et donc à réguler la vie nationale contre les abus et les dérives de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir. Chercher donc a les contrôler comme le Président Boni Yayi s’est évertué, ouvertement, à le faire, revient a méconnaitre le principe cardinal dans toute démocratie a savoir la séparation des pouvoirs. Tout le monde a suivi avec quelle légèreté les membres de l’actuelle cour constitutionnelle ont été désignés, dans un tour de passe-passe ou, maitre du jeu, on a eu plus  l’impression que les sept « prétendus sages »ont été désignés par un seul camp au mépris de l’esprit des dispositions constitutionnelles. Parce qu’il disposait de cette marge de manoeuvre le Chef de l’Etat a désigné des gens qui de par leur profil  manquent visiblement d’expérience et de maturité et qui dans un Etat sérieux n’auraient jamais pu se retrouver dans ces fonctions. L’un d’eux a même été récusé par la cour. Quel gâchis au plan institutionnel et quel désaveu pour un Chef d’Etat élu pour poser ces actes nobles, dans le strict respect des normes, l’amour de la patrie et le souci de la crédibilité! Le Chef de l’Etat a poussé la banalisation des institutions de notre pays tellement loin qu’il n’a pas hésité de caricaturer les relations de vassal et de subordination qu’il a instaurées avec le Président de l’Assemblée Nationale, exprimant ainsi sa satisfaction de ce que ce dernier le lui rendait bien. En tant que citoyen respectueux des institutions de mon pays, je m’abstiens de reproduire l’expression caricaturale du Chef de l’Etat dans cet article.

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L’instrumentalisation à outrance de personnalités et des têtes couronnées

Pour conduire sa politique de populisme et assouvir sa soif du pouvoir sans limite, le Chef de l’Etat a créé des strapontins pour des personnalités admise à faire valoir leurs droits à pension et qui ne devraient être consultées qu’occasionnellement en tant que citoyens de ce pays, Certaines avaient travaillé pour des institutions internationales et donc avaient des ressources suffisantes pour garder leur dignité. Mais c’est sans compter avec l’appétit glouton de ces personnalités qui se comportent en faiseur de roi pour servir leurs intérêts personnels. Ils sont tous comptables du désastre politico-social que notre pays connaît aujourd’hui. La même logique d’instrumentalisation a servi à banaliser le programme de  micro-crédits aux plus pauvres, un programme qui recrute les femmes chargées d’ovationner le Président à l’occasion de ses incessants déplacements sur le terrain et dont l’audit révèlera des surprises après le départ de ce régime. Comment passer sous silence les tentatives plus ou moins reussies d’instrumentalisation des chefs traditionnels et autres dignitaires qui ont pousse comme des champignons dans toutes les contrées de notre pays pour capter la manne rendue disponible par le « Grand Manitou », une manne pompeusement baptisée de prospérité partagée dont profitent également certains milieux religieux. Contrairement a d’autres pays sur notre continent ou les textes existent pour réguler la royauté et les responsabilités coutumières ou traditionnelles, le Bénin nage toujours dans la confusion pour permettre à ceux qui rêvent de s’éterniser au pouvoir de continuer à instrumentaliser les gardiens de la tradition, un métier qui devient de plus en plus rémunérateur.

L’actuelle mandature de la HAAC précédée d’une suspicion légitime de parti pris de la part d’une large majorité des professionnels de la presse et du citoyen lambda n’a pas mis beaucoup de temps, ni de bottes pour tomber pieds joints dans cette marre de l’incongruité et de l’anachronisme. Ces deux premiers communiqués tombent directement dans le domaine de la diversion anti-démocratique. Une dérive inqualifiable qui doit faire dresser les cheveux sur la tête de tous ceux qui, Béninois ou Africains, sont en lutte pour le renforcement de la démocratie. Le Président de la HAAC qui a été sans doute déstabilisé dans sa conscience par les nombreuses réactions émanant des partis politiques et des associations professionnelles de journalistes, a du présenter des excuses. Même si le geste mérite d’être souligné, il soulève des interrogations sur le type de gouvernance qui est en cours dans notre pays. Comment la HAAC a t-elle pu publier un tel communique qu’elle savait précédé du sceau de l’anachronisme et de l’incongruité? Ou est-ce que ce communique a -t-il ete rédigé? Qui en a donne l’ordre? L’avenir nous édifiera. Mais il vaut mieux ne pas exister que de concevoir et de publier ces genres de communiqué en notre temps.

LEPI et Cos-LEPI, le dilatoire se poursuit

Fidèle à sa politique confusionniste ou la ruse garde toujours la place prépondérante, le Chef de l’Etat vient de créer un autre « machin » pour superviser l’autre « machin » qui se mélange les pédales, avec à la clé, les milliards des contribuables béninois dans le vent. Il est tout de même intéressant, pour l’histoire, de retenir des propos provenant de la bouche du Chef du Cos-LEPI attestant de ce que la LEPI n’a jamais existe, donnant raison a ceux qui, des le début, ont émis le doute catégorique sur son existence. Malgré des dizaines de concertations avec l’implication de tout ce que notre pays compte de personnalités aux commandes des institutions de l’Etat, on n’a toujours pas abouti à une solution qui sauve les meubles et offre d’heureuses perspectives à notre peuple quant à la tenue a bonne date des élections passées et celles qui s’annoncent. Quelle que soit la date de la tenue des élections, il n’est pas exagéré d’entrevoir à l’horizon, des contestations et troubles consécutives à ces scrutins dont la liste résulte d’un processus aussi confus et peu transparent. Les acteurs de cette tragédie quel que soit leur rang, leur origine, leur qualité ou appartenance politique devront se préparer pour répondre un jour de leur forfait devant le peuple, le Chef de l’Etat en tête. Sans aller dans les détails du calcul arithmétique des milliards  qu’on continue d’engloutir dans ce piège sans fin et qui donnent le tournis, on peut déjà tenter de conclure que la liste électorale permanente informatisée du Bénin est l’une des plus laborieuses dans sa conception, des plus coûteuses dans son exécution des plus controversées de l’histoire démocratique des temps modernes. La raison est simple, les adeptes du KO, véritables usurpateurs, tricheurs, et experts en montages grossiers en ont pris le contrôle, dans leur calcul égoïste et machiavélique de conserver le pouvoir, laissant de compter des structures d’Etat comme l’Insae qui en a la vocation naturelle. Le feuilleton est loin d’avoir livre son épilogue. Attendons de voir!   

Qui sème le vent récolte la tempête

La marche de protestation du 29 Octobre n’est que le signe avant-coureur d’une prise de conscience des différentes composantes de notre peuple du danger qui pointe à l’horizon. Ces forces qui ont bravé les tentatives puériles, stériles et insensées des membres du gouvernement avec à leur côte l’anachronique Conseiller Politique du Chef de l’Etat, doivent être félicitées pour leur détermination à dire non à la poursuite de l’imposture. A ceux, complices des dérives en cours, qui pensent que le Bénin n’est pas le Burkina Faso, ils ne perdent rien à attendre de voir ce qu’un peuple déterminé peut réaliser pour son avenir, si avec leur commanditaire en Chef, ils poursuivent leurs basses oeuvres de défendre l’indéfendable et de détruire les fondations de la jeune démocratie béninoise. Le Benin n’est pas le Burkina certes, mais les deux pays ont sans doute des choses en commun et peuvent aller plus loin dans leur ressemblance si l’on n’y prend garde!

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