En 2016, Yayi remportera la présidentielle

Je ne fais guère l’apologie d’une « démocrature », concept nouveau qui qualifie ces nombreuses « démocraties africaines » où l’alternance est quasi impossible. On en retrouve au Togo, au Congo(les deux Congos d’ailleurs), le Tchad, le Gabon, la Guinée- Equatoriale, le Cameroun. 

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Les Chefs d’Etat y meurent généralement au pouvoir et souvent leur progéniture prenne le relais et ainsi de suite. Le Burkina, un des meilleurs exemples de cette catégorie vient fort heureusement de se soustraire à la liste grâce à la bravoure et la détermination de son peuple. Un de moins, dira-t-on. Mais hélas deux autres pays  s’annoncent. Il s’agit du Rwanda et malheureusement du Bénin. Les deux pays pourraient  connaître des fortunes différentes mais avec toujours la même logique. Au Rwanda, c’est le président Kagamé qui fait feu de tout bois pour conserver le pouvoir. Au Bénin, Yayi conscient qu’il ne peut réaliser son plan ignoble fortement inspiré des enseignements reçus auprès de IdrissDéby et ThéodoroObiang, essaie une autre approche : rester au pouvoir sans  être président. Il s’agit pour lui de faire conserver le pouvoir par son système et d’avoir comme remplaçant un de ses liges qu’il pourra téléguider à merveille. Je ne me gausse pas mal du slogan du moment, conçu dans de très mauvais français et qui fait dire à des députés et même des ministres de la république des aberrations du genre : « après nous, c’est nous ».  Je me fie aux actes du moment. C’est Candide Azannaï, un des meilleurs pourfendeurs du régime actuel qui eut le courage de nous amener sur  certaines pistes de réflexion assez pertinentes. Bien qu’on lui colle grossièrement dans le sérail présidentiel l’étiquette d’un « transhumant grossier et ingrat », d’un « opportuniste impitoyable », il passe à mes yeux pour un diseur de choses vraies et un bon révélateur de secret. Au couvent, il est resté. En tant qu’ancien ministre de l’intérieur au moment où se cuisinait le plan de fraude qui va engendrer le K.O  du 13 mars 2011, ses révélations sont d’un grand intérêt. Samedi dernier, à la 4è convention de l’Un au palais des congrès,  il va confier aux responsables de l’Un qu’on leur a arraché leur victoire de 2011 parce qu’on savait (la mouvance dont il faisait partie) qu’il n’y a pas de gens courageux parmi eux pour revendiquer leur droit. «Ce qu’on vous a volé est là, levez-vous pour aller chercher. Le pouvoir est par terre au Bénin, allez le prendre », enjoint-il aux responsables de l’Un. Mais il va plus loin et interpelle les responsables de l’Un. « Croyez-vous aller aux élections avec les dictateurs ? Vous voulez gagner quoi  et sur quelle base ? Il n’y pas de fichier fiable. On parle de correction  mais Yayi dribble tout le monde, il fabrique un comité de suivi qui prend en main la sécurisation du fichier informatique. Vous voulez gagner quelle élection lorsque celui qui détient le code d’accès au fichier est le cousin de Yayi ? Vous allez à une élection alors que l’Ortb est devenu Ort Boni. Vous voulez gagner avec ça ? » Admoneste-t-il dans un ton martial et sous un tonnerre d’applaudissements. De 2011 à 2014, rien n’a changé. Yayi tient bien son armée, il contrôle la Cena, la Cour constitutionnelle, la Haac. La liste électorale tentait de lui échapper avec les jeux clair-sombre de Sacca Lafia mais il a réussi à reprendre la main avec son comité de suivi. Conclusion : en 2016, si ce n’est pas Yayi qui gagne, celui qui gagnera viendra probablement de son système. Ce sera même son homme de main, celui qui aura son onction. Et bien que la solution proposée par le député pour arrêter ce système paraisse trop risquée, elle devrait au moins interpeller tous les acteurs de l’opposition politique et les citoyens soucieux de l’alternance réelle en 2016. Ils doivent doubler d’efforts pour inverser cette tendance. Sinon Yayi quittera le pouvoir en 2016 mais rien n’aura changé fondamentalement 

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