Bénin : du piment pour la révolution à l’Ortb

Quoi que tardif, cela mérite d’être salué. Mieux vaut tard que jamais a-t-on coutume de dire.  On serait tenté de dire qu’il hausse le ton, montre leur audace ou ose défier l’autorité à la veille du départ de Yayi. Mais reconnaissons leur courage. 

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Que ce soit à la faveur de l’attaque de la rédaction de Charlie hebdo et la balade de santé déguisée en marche contre le terrorisme de nos dirigeants dans les rues de Paris que nos journalistes affichent leur soif de liberté, je dis à quelque chose malheur est bon. Sans refuser de joindre ma voix aux nombreux concerts de condamnation, je reste estomaquer par l’hypocrisie des gens de ce monde. Qu’on refuse la liberté de ton, qu’on empêche les journalistes de dire la vérité, qu’on s’acharne à ne faire entendre qu’un seul son de cloche et qu’on aille  soutenir un journal attaqué pour ce qu’on refuse de voir et d’entendre chez soi, ça s’appelle de l’hypocrisie. Yayi Boni et ses affidés à la direction de la télévision de service public devraient avoir honte.

C’est de la bravoure, je le reconnais. Qu’elle se manifeste après trois pétitions restées sans suite, c’est de la témérité, je l’admets. Ne pas décider d’aller de la manière forte comme le font nos amis syndicalistes, c’est de la discipline je suppose. J’approuve la démarche et je salue l’engagement des acteurs. Faut-il que des citoyens attaquent l’Ortb pour que Yayi et nos responsables en charge des médias comprennent la gravité de la situation ? Je ne le souhaite pas.

A nos Héros de l’Ortb, je crois que vous avez fait le premier pas. Concert de félicitation. Vous avez le devoir de continuer et de nous révéler votre amertume, vos regrets, vos déboires. Si c’est pour marcher, vous pouvez compter sur le peuple Béninois, il ne vous demandera aucun rond. Seul votre appel suffit. Dites-nous ce qui reste à faire. Si vous ne savez pas quelles sont les prochaines étapes, souffrez que je vous souffle ces actions qui, je l’espère vous aideront à passer, dans la discipline, à la vitesse supérieure.

1- Refuser les injonctions ou orientations dans le traitement de l’information

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2- Viser l’objectivité et rendez compte avec professionnalisme et équité des faits en donnant la parole à toutes les sensibilités et dans  les mêmes conditions ;

3- Si les menaces, interventions perdurent, passez à l’antenne et laisser du blanc en signe de deuil pour signifier votre refus du bâillonnement ;

4- Observer une journée sans antenne à l’Ortb pour protester contre  la pensée unique qu’on vous impose et que vous nous faites subir ;

5- Appeler le peuple à descendre dans les rues avec vous  et nous ferons savoir au pouvoir qu’il faut arrêter de prendre les autres pour des bêtes.

Je n’appelle pas à une insubordination à l’autorité. Je ne cautionne pas l’irrévérence mais je déteste l’hypocrisie. Imposer le silence aux uns et aller soutenir les autres qui sont persécutés pour leur opinion, c’est de la démagogie.

La bataille ne sera pas facile. La trahison et les taupes, voire ennemis de l’intérieur voudront vous démoraliser. Les menaces seront de toutes sortes. Ne cédez pas. On ne pourra pas vous remplacer tous. Et d’ailleurs, vos compétences seront sollicitées ailleurs. Donc, ne subissez pas pour les miettes que vous gagnez déjà. Le sacrifice de tout un peuple ne peut se faire sans pleurs ni afflictions.

Votre combat ne fait que commencer et vous avez le devoir d’aller jusqu’au bout. Si vous souhaitez vous libérer et libérer le service public de l‘information d’aujourd’hui et de demain. Je ne suis qu’un simple citoyen. Je n’aspire qu’à me faire entendre. Non pas avec les armes mais avec les mots. S’ils sont trop forts ou blessent, certains, qu’ils veillent m’en excuser. Je ne rêve que d’une chose.  Voir les Béninois jouir des acquis démocratiques et exprimer leur fierté d’appartenir à un pays où on peut exercer et dire ce qu’on pense. Où des journalistes de tout bord et notamment de l’ORTB peuvent travailler sans être traités de crétins par leurs concitoyens. Attention, le monde nous regarde.

Lucien D. Batcho, doctorant en socio-économie des médias 

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