Prévues pour se tenir le 26 avril, les élections législatives font courir le Gouvernement dans tous les sens. Sur les 27 ministres du gouvernement, 24 sont engagés de diverses manières sur le front électoral. Conséquences : l’administration publique tourne déjà au ralenti et les moyens et biens de l’Etat en pâtissent.
Selon la décision Dcc 15-001 de la Cour Constitutionnelle, les élections législatives doivent avoir lieu le 26 avril prochain. Le Chef de l’Etat devrait, dans les tous prochains jours convoquer le corps électoral. Mais au gouvernement, on n’a pas attendu cela pour se lancer sur le terrain. Alors que la précampagne n’a pas encore commencé, il est visiblement en campagne. On le voit courir dans tous les sens, parle et promet ciel et terre. En dehors du Chef de l’Etat qui a lancé cette campagne précoce sous le vocable insidieux de « lutte pour la pauvreté » et au nom duquel, il court monts et vallées, participe à l’inauguration ou au lancement de tout projet ou activités du gouvernement visant l’inauguration d’une infrastructure sociocommunautaire, d’une voie ou de dotation d’un hameau en électricité et en eau potable ; il y a les ministres. Ils sont aussi en campagne. Soit pour se faire élire député, soit pour aider leur « protégé » à conserver leurs fiefs afin qu’ils ne tombent pas dans les mains des adversaires politiques. On les voit fréquemment descendre dans leurs communes pour tenir des meetings ou organiser des marches de soutien. Il suffit de regarder la télévision pour s’en rendre compte. Presque tous les weekends, on voit les ministres originaires du septentrion courir dans leurs régions pour organiser des meetings des marches de soutien. Cette pratique a pris de l’ampleur depuis que certains députés du septentrion ont décidé de créer l’alliance « Soleil ». Au total, 24 ministres sur les 27 que compte le gouvernement sont en pleine activité politique. Les rares ministres qui résistent à devenir des agents électoraux du Chef de l’Etat sont les ministres Dorothée Kindé Gazard, Antonin Dossou et Géro Amoussouga. Il s’agit des rares ministres qui, sous la casquette de « technocrates » du gouvernement n’osent pas encore emboucher la trompette Fcbe. Christian Sossouhounto quant à lui, joue le clair obscur en attendant de s’afficher.
L’administration orpheline
Dans l’administration publique, tout est au ralenti. Les ministres, les membres de leurs cabinets et certains cadres qui sont proches d’eux sont souvent absents. Ils sont plus présents sur le terrain politique que dans leurs bureaux. Les activités politiques sont subtilement cachées sous le thème générique tournée. Les ordres de mission sont délivrés pour tous les agents impliqués dans ses balades afin qu’ils aident leurs ministres à gagner dans son fief. Le chantier politique d’un ministre devient une activité formelle du ministère. Les voitures de l’Etat, la carburation, les primes de mission sont payées pour mener l’activité. Tout se passe comme si les lois n’existent pas au Bénin. Pourtant, l’article 63 du nouveau code électoral stipule que l’utilisation des attributs, biens ou moyens de l’Etat, d’une personne morale physique, des institutions ou organismes publics aux mêmes fins est et reste interdite six(06) mois avant tout scrutin et jusqu’à son terme notamment ceux des sociétés, offices, projets d’Etat et d’institutions internationales, sous peine des sanctions prévues à l’article 144 alinéa 1er du présent code . Ses sanctions, selon l’article 144, vont de 1 à 2 ans de prison avec des amendes allant de 500.000Fà un million. Pourtant, le règne de l’impunité perdure et le gouvernement en profite à merveille pour gagner les élections législatives à une grande majorité. Ce qui semble devenir désormais le nouveau programme d’action du gouvernement.