La décision prise par le gouvernement de faire égrener le coton béninois au Togo continue de susciter des remous au sein des acteurs de la filière. Au banc des accusés, le ministre de l’agriculture Issa Azizou. C’est lui qui, il y a quelques jours, alors qu’il était en visite dans les usines privées gérées par la Sonapra, annonçait imprudemment cette mesure comme un plan B.
Il y a quelques jours, alors qu’il était en tournée dans les usines privées d’égrenage, le ministre de l’agriculture Issa Azizou avait annoncé une mesure extrêmement grave. Il disait que pour l’égrenage de cette année, le gouvernement avait un plan B qui constituait à faire égrener le coton béninois au Togo. Elle sera confirmée quelques jours après par un communiqué qui annonce l’égrenage au Togo. On se demande si le gouvernement a bien mûri cette décision avant de la prendre. Sinon, à l’analyser en profondeur, on comprend que cette décision est préjudiciable pour la filière coton au Bénin. En effet, selon l’usage, le coton produit dans les champs est transporté vers les usines d’égrenage pour être pesé. C’est dire qu’au niveau des usines, il existe des ponts bascules où le paysan va faire peser son coton pour savoir combien il gagnera du fruit de sa sueur. Si donc on s’en tient à cela, le travail de pesage se fera au niveau des usines. En termes clairs, le pesage se fera au Togo. Il y a un fort risque de perte de poids du coton. Ceci est causé par le vent qui peut emporter des quantités importantes de coton. Il y a également le vol et tous les autres risques liés au long voyage. On doit s’attendre à la baisse des revenus des producteurs et ceci pourrait être un facteur de crise et de tension permanente dans la filière.
Egrener le coton béninois au Togo : un nouveau crime économique en gestation
Mais le plus grand drame qui se joue avec cette décision c’est le chômage et le sous emploi auxquels les jeunes seront contraints . En effet, l’ouverture des usines pour la saison d’égrenage permet aux jeunes des différentes localités de trouver des emplois ponctuels pendant quelques mois. Mais aujourd’hui, avec cette décision de mettre les usines en chômage technique, des milliers de jeunes vont perdre ces petits boulots saisonniers. Au total, des milliers d’emplois seront sacrifiés sur l’’autel de la coopération avec un voisin. Le gouvernement béninois a choisi de donner du boulot aux jeunes togolais au détriment des Béninois. Attitude paradoxale , lorsqu’elle vient de la part d’un gouvernement qui dit travailler pour lutter contre le chômage des jeunes.