L’urgence d’un Conseil National des Anciens : le juste verdict de l’histoire

Le Conseil National des Anciens qui a vu le jour il y a quelques semaines sous la houlette du Président Emile Derlin ZINSOU devrait être créée depuis des lustres. Car son but rentre dans l’angle de vision de nos réalités traditionnelles. Il ne doit pas revêtir comme aujourd’hui le manteau d’une Organisation Non Gouvernementale régie par la loi de 1901.

Publicité

Mais il devrait être inséré dans la Constitution comme une sorte de Sénat  au détriment de nombreuses institutions inutiles, budgétivores et aux appellations pompeuses qui existent aujourd’hui dans notre pays.

L’antériorité de la proposition à l’époque démocratique

Je suis l’Auteur de près de 100 (cent) articles de réflexion parus dans la presse depuis 1978 et principalement à partir de 1989 et de 05 (cinq) livres. Mais mon premier livre « Bénin 17 ans après : la grande riposte » fut publié le 17 Février 1990 aux Editions ABM à Cotonou, soit 3 jours avant l’ouverture de la Conférence Nationale des Forces Vives. Ce livre fut distribué à des personnalités lors de l’ouverture de cette historique Conférence et constituait ma modeste contribution pour le déroulement des travaux.

          L’une de mes exigences principales est ma proposition de la création d’un « Conseil  Permanent des Anciens ». Cette proposition est contenue dans les pages 23 et 24 dudit livre. Il est à noter que mon livre avait fait l’objet d’une brillante présentation par feu le Doyen Eustache Prudencio à la Radio Nationale par le biais de sa célèbre émission« plaisir de lire » du 10 Avril 1990. Plus de 25 ans après, le juste verdict de l’histoire vient de me donner raison. Lisez plutôt ci-dessous ma proposition en question sur le Conseil Permanent des Anciens.

Le Rôle des Anciens

«  Il est à remarquer que dans la recherche d’une justice acceptable, les règlements des grands procès ne sont pas seulement l’œuvre des spécialistes du droit. Mais ces spécialistes sont assistés de jurés c’est-à-dire des hommes âgés possédant d’expériences et d’esprit de discernement, en un mot de la sagesse. Les points de vue des jurés pèsent lourds dans les délibérations juridiques car la connaissance de la vie est aussi importante que la connaissance livresque. L’Afrique traditionnelle possède aussi une grande part dans les grands courants de pensées philosophiques, morales, juridiques, psychologiques, sociologiques et historiques etc etc. Nous entendons souvent de la bouche de nos parents des proverbes et des pensées qui avaient fait l’objet de grande publicité livresque chez des auteurs d’autres continents. C’est donc par manque d’écriture que beaucoup de nos richesses culturelles avaient disparues. Comme vous le voyez, les hommes politiques africains n’ont pas besoin de se référer toujours aux pensées compliquées des idéologies étrangères souvent inaccessibles à la compréhension et incompatibles aux réalités africaines. Contrairement aux Etats métropolitains, la majorité des Gouvernements africains est composé de jeunes qui expérimentent seulement leurs connaissances militaires et livresques. C’est dire que dans la difficile situation de mon pays, la République Populaire du Bénin, indépendamment de tout Parti politique et de toute Presse privée, j’exige un Conseil Permanent des Anciens qui doit servir de référence aujourd’hui et demain avant la finalité des grandes décisions politiques. Bien sûr, nous savons que la jeunesse est le poumon et l’espoir de la société. Mais l’histoire de Gbêtohocouê dans le livre ‘’Doguicimi’’ de Paul Hazoumè, nous montre que nous devons être tout le temps ‘’les Tresseurs de Corde’’, de solide corde, c’est-à-dire les vrais continuateurs de l’œuvre de nos ancêtres ou de nos anciens qui nous sera utile pendant les moments de grands embarras ».

Publicité

Bienvenue au Président Emile Derlin ZINSOU et les autres

 Avec les débats houleux, mais très pertinents à l’Assemblée Nationale sur la légalité de la création de l’Organe de Médiation qui ne devrait pas voir le jour sans la révision de la Constitution, j’étais revenu sur la nécessité pour notre pays d’un Conseil Permanent des Anciens. C’était dans les pages 131 et 132 de  mon livre publié en Février 2010  sur le Président  Yayi Boni pour appuyer son concept de la Gouvernance concertée » qui était une recette géniale du grand K’wamé N’krumah. Avec la problématique  liée à son avènement, j’avais préconisé de remplacer l’Organe de Médiation par le Conseil Permanent des Anciens. Où à défaut, ressusciter ce qu’on avait mis en place en 1964, c’est-à-dire « la Chambre de Réflexions » et qui avait pour Président d’Honneur, le plus grand combattant béninois de la liberté à l’époque coloniale, l’immortel Louis Hounkanrin.

Le Clergé béninois avait toujours  joué sa partition dans le maintien de la paix dans notre pays. C’est le moment de le remercier particulièrement  pour l’historique rencontre du 13 Janvier 2005 au Palais de la République qui avait évité de justesse pour le Bénin, une Année Blanche,  historique rencontre dont votre humble serviteur Monsieur Gbèmassè Cyprien a été incontestablement l’initiateur. Paix à l’âme de l’Abbé Gilbert DAGNON. Mais on sent depuis un certain temps que l’ardeur des prélats fut fragilisée.

Aussi, la plupart des gardiens de nos traditions  ne sont plus dans des dispositions satisfaisantes pour s’interposer dans une stricte neutralité  comme le Roi Mohro Naba  du Burkina-Faso. En Mai 1997, lors d’un Séminaire organisé à Parakou par la Fondation Allemande Konrad  Adenauer sur la « Chefferie traditionnelle et décentralisation » et dont j’ai été le rapporteur de la Commission la plus sensible, on avait déjà dénombré au Bénin plus de 160 (cent soixante) Rois.

Devant de tel tableau, je me pose souvent la question de savoir à qui recourir pour trouver de solution à une éventuelle crise qui pouvait échapper aux hommes politiques. C’est pourquoi, la création du Conseil National des Anciens présidé par les Doyens Emile DEERLIN ZINSOU, GLELE Lucien, Abraham ZINZINDOHOUE et les autres, ce Conseil est très salutaire à l’heure actuelle pour conjurer d’éventuelles crises.

Conclusion

Le Bénin vit actuellement dans une paix apparente. Mais la paix n’est pas que l’absence de guerre. Selon la loi marxiste  de la dialectique et de la contradiction, le bien et le mal sont toujours ensemble,  et à un moment donné, l’un peut emporter l’autre. Dans la vie, il faut donc toujours prévoir.

A la veille des élections présidentielles d’Avril  2016 où l’horizon n’augure rien de bon,  le gouvernement doit vite encourager la création de ce Conseil afin que des personnalités, intellectuels ou non, soient cooptées dans toutes les régions du pays en un nombre crédible et raisonnable pour faire de ce Conseil un Organe à caractère  vraiment national

Gbèmassè Cyprien
Ecrivain et Chercheur

Président – Fondateur du Centre Africain pour la Défense du Patrimoine (CADP)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité