Filière coton : l’Etat responsable de la descente aux enfers

Jadis très prospère, la filière coton du Bénin est de plus en plus en déliquescence. Depuis le retour de l’Etat, cette filière qui procurait des bénéfices énormes est devenue le gouffre financier pour ce même état contraint désormais de la subventionner à coût de milliards au début de chaque campagne.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2006, Boni Yayi a fait de la filière coton, une des priorités de son gouvernement. Il suffit de compter le nombre de tournées, de réunions, de conseils des ministres et de conférences organisés sur la filière pour s’en convaincre. Seulement voilà, les résultats obtenus ne sont guère encourageants. Ils sont inversement proportionnels aux efforts fournis par le Chef de l’Etat et tout son gouvernement. Autant d’engagement pour rien pourrait-on dire. On se demande alors ce qui peut être la cause de cette descente aux enfers de la filière malgré toutes les sollicitudes dont elle bénéficie de la part du gouvernement et de son chef ? Il faut noter que les problèmes de la filière ont commencé avec le retour de l’Etat dans sa gestion. Doit-on croire donc que l’Etat qui se bat si tant est responsable de cet échec ? Tout porte à croire à cela. En effet, le retour de l’Etat dans la gestion de cette filière ne s’est pas passé dans les règles de l’art. Tout a été fait de façon brutale, irréfléchie et sans précaution pour se venger de l’opérateur privé qui avait le monopole sur cette filière. Peu préparé, mal conseillé, l’Etat s’est donc jeté dans la gestion de cette filière sans s’être trop préparé. Les conséquences de ce saut dans l’inconnu n’ont pas tardé. La campagne 2011-2012 l’Etat a été confrontée à une pénurie d’intrants. L’Etat a dû faire des opérations commandos pour prendre des intrants de l’opérateur privé. Et depuis, les différentes campagnes cotonnières ont été fortement subventionnées par l’Etat. Ce qui veut dire que la filière ne rapportait plus rien et qu’on était obligé d’injecter de l’argent dedans pour la sauver. La cause c’est le manque de professionnalisme de l’Etat, la politisation de la filière, la mauvaise gestion des ressources humaines et financières…  

Le bon exemple du Mali

Dans l’espace Uemoa,  le Mali donne des résultats formidables   par une organisation réussie de la filière gérée de main de maître par la Compagnie malienne pour le développement des textiles(Cmdt) qui jouit d’une totale indépendance vis-à-vis du gouvernement. Grâce à une gestion professionnelle de la filière basée sur la mise à disposition à temps des semences, des intrants, la formation des producteurs, un plan de transport efficace, la négociation et fixation en amont du prix de coton graine…Ce tableau montre bien les plus values apportées par la filière à l’économie malienne. En 2014 par exemple, cette filière a remporté 14 milliards à l’Etat malien . Le Bénin est encore loin de cette réalité. L’Etat est contraint de contracter des prêts auprès des banques primaires et de la Boad pour financer cette filière. Un recul grave qu’on pourrait éviter si l’Etat n’avait pas voulu se venger de l’opérateur privé qui gérait la filière

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