Grogne des acteurs de la filière coton : la preuve de l’échec du gouvernement

Le dimanche 30 août dernier, alors qu’il était en «  tournée de prospérité » dans le septentrion, le  Chef de l’Etat a décidé de rencontrer les acteurs de la filière coton à Parakou pour s’enquérir de leurs problèmes. Le comité interministériel s’est empressé de présenter un tableau reluisant de la filière mais il a été contredit par les acteurs qui dénoncent des problèmes de tous ordres.

Le Chef de l’Etat était déconcerté et réalisa que le gouvernement a échoué dans sa volonté de réformer la filière. Tel un serpent de mer, les problèmes qui minent la filière coton refont surface de façon cyclique. Chaque fois, le gouvernement donne l’impression de résoudre ses problèmes mais quelques temps après ils reviennent avec acuité. Au cours d’une dernière rencontre dimanche dernier à Parakou, le Chef de l’Etat l’a appris à ses dépens.  A l’évocation de tous les dysfonctionnements soulevés par les producteurs du coton et les transporteurs à Parakou, il est visiblement abasourdi. Lui qui pensait pouvoir réaliser un exploit au cours de cette campagne cotonnière. A l’unanimité, les acteurs ont dénoncé la mise en place tardive des intrants coton, le non paiement des arriérés de frais de transport. Le ministre des finances a relevé le retard dans le paiement des fonds dus aux principaux acteurs, en mettant un accent sur le manque de rationalité dans les charges ayant entraîné une augmentation des subventions, le paiement par l’Etat béninois d’une subvention de 40 milliards de F CFA, soit une augmentation de 74% par rapport aux prévisions, la subvention des fonctions critiques d’un montant de 3 milliards de F CFA, le lancement tardif et contreproductif des appels d’offres pour la commande des intrants coton, la mobilisation des fonds sur le marché à l’effet du paiement des fonds coton. Trop de problèmes pour une filière au biberon depuis 2006.

Les conséquences

Il faut remarquer que le  retard dans les paiements a entraîné la désaffection des principaux acteurs. Il ne faut pas perdre de vue que ce manque de rationalité constitue un gaspillage, voire une mauvaise gestion des ressources publiques au détriment des pauvres contribuables. Pis , le niveau de subvention payée avec une augmentation de 74% par rapport aux prévisions n’est que la conséquence de l’amateurisme avec lequel la filière coton est gérée depuis les trois dernières campagnes. Les fonctions critiques, quant à elles n’ont jamais fait l’objet d’une subvention de l’Etat, mais plutôt d’un financement par les Egreneurs. En conséquence, ces fonctions critiques devraient être prises en charge sur le budget autonome de la Sonapra, qui est le principal acquéreur de coton graine depuis trois campagnes. Cette subvention de l’Etat n’est qu’une manière déguisée d’éviter la faillite à la Sonapra .Le lancement d’appels d’offres à l’effet de l’approvisionnement des producteurs en intrants coton se fait en décembre de l’année n-1 et non juillet de l’année n afin de permettre aux producteurs de disposer des intrants à partir d’avril de l’année n jusqu’en juin de l’année n au plus tard. Voilà que les producteurs se plaignent de n’avoir pas disposé de l’essentiel des intrants coton jusqu’en fin août 2015. Cet état de choses vient confirmer encore combien de fois la filière coton est gérée avec un amateurisme avéré. Si l’Etat est obligé d’aller sur le marché pour mobiliser les ressources en vue de payer les fonds dus aux producteurs, cela suscite des inquiétudes. Où sont donc  passées les recettes générées par les ventes de fibre et de graines issues de l’égrenage du coton graine acheté par la Sonapra au titre de la campagne 2014-2015? En somme, la gestion de la filière coton révèle des contres performances au vu des résultats financiers sous Yayi. Cela se caractérise par la mauvaise gestion des stocks d’intrants coton, source de problème d’approvisionnements de cotonculteurs. C’est cela qui explique la complexité de la filière coton.  On note ainsi un aveu public d’échec.

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