Sans langue de bois, ancien ministre et de surcroît beau-frère du chef de l’Etat, Marcel de Souza, président du Front républicain pour une alternative patriotique (Frap), a présenté dimanche, à l’occasion du 2ème congrès de son parti, un bilan sombre de la décennie de gouvernance du président Boni Yayi en relevant des conditions qui ne favorisent «aucun développement, aucun recul de la pauvreté aucune croissance véritable».
Ça sent mauvais pour le régime Yayi. En dix ans de gouvernance, Boni Yayi et ses gouvernements successifs ont échoué à combler les attentes des Béninois et de «nombreux défis restent à relever», a reconnu dimanche, l’ancien Conseiller du chef de l’Etat et ancien ministre du développement, Marcel de Souza à l’occasion du 2ème congrès constitutif de son parti le Front républicain pour une alternative patriotique (Frap) qui change de dénomination et devient Front républicain du Bénin (Frb). Devant d’anciens collègues du gouvernement et d’anciens conseillers du président Boni Yayi, il a présenté un ahurissant bilan partiel du régime dont il était ardent défenseur. «Aujourd’hui, tout se passe comme si nous avons perdu tous repères» a-t-il déclaré assurant que son parti «Le Frap s’associe solennellement aux autres partis de la mouvance pour assumer sa part de responsabilité pour toutes les actions positives et même les difficultés et les faiblesses rencontrées par le gouvernement du Président Boni Yayi».
«La pauvreté s’accentue», «système éducatif à reformater»
En attendant un bilan entier, Marcel de Souza parle du volet social et des infrastructures qu’il présente comme un «élément par excellence de lutte contre la pauvreté». Selon le président du désormais Frb, «l’extrême pauvreté, c’est-à-dire ceux qui ont un revenu d’au plus 10.000 FCFA par mois, touche encore une forte proportion de la population de notre pays». Statistique à l’appui, l’ex-ministre du développement de Boni Yayi affirme que de «37% en 2006» -année d’accession au pouvoir de son beau-frère-, «le taux de Béninois vivant en deçà de ce montant est passé à 40,03% en 2015». Il en déduit que «la pauvreté ne recule donc pas, mais s’accentue surtout au niveau des jeunes qui sont voués au chômage avec l’élargissement du secteur informel». Dans le secteur de l’éducation, Marcel de Souza relève une «inadéquation entre les formations et les besoins du marché». Pour lui «notre système éducatif est à reformater». Il apprend également qu’un besoin de «12.000 salles de classes» subsiste actuellement. Sur le plan agricole, bien que le plan de relance de ce secteur adopté en 2012 prévoie «une diversification agricole par le développement de 13 filières », à ce jour regrette-t-il «seul le coton a bénéficié d’une politique soutenue». Selon le ministre élu député à l’Assemblée nationale, « l’agriculture moderne reste un défi majeur». Parlant des transports, il relève que «les axes Akassato-Bohicon, Cotonou-Hilacondji, Savè-Kétou, Parakou-Djougou pour ne citer que ceux-là, ne sont pas achevés». Sur le fameux dossier ‘’Bénin Rail’’ devant permettre la reconstruction d’une partie de la boucle ferroviaire, il révèle que «la convention signée pose encore des problèmes d’ordre juridique». Les attentes insatisfaites sont également légions dans les volets aériens et maritimes du secteur des transports. Et sur cette liste de problèmes encore patents après 10 ans de gouvernance Yayi, Marcel de Souza cite de vraies contraintes dans le domaine de l’électricité que sont «les délestages intempestifs et coût prohibitif de l’électricité avec de longs délais pour les connexions». Comparativement aux pays voisins, il apprend que «le coût du kilowattheure est deux fois plus cher au Bénin».
De Souza préconise
Les problèmes posés, l’ancien ministre du développement estime que tous ces défis pourraient être relevés si trois contraintes majeures sont levées. Primo, « Bâtir une administration de développement au service de tous et du secteur privé». Secundo, « une union sacrée pour faire reculer la mal gouvernance, la corruption et l’impunité dans tous les secteurs » et tertio, « prendre des mesures importantes pour la vulgarisation du planning familial » afin de relever la contrainte de « la poussée démographique ».
2016
Dans la perspective de la présidentielle de 2016, Marcel de Souza pressent « un choc des gladiateurs à coup de milliards » inquiétant. Il en appelle à l’éveil d’un « patriotisme pour un avenir serein ». Le Frb a-t-il ajouté, souhaite que les populations jouissent d’éventuels « retours de ressources mal acquises » sans « point oublier dans le secret des urnes, de faire le bon choix ».