Présidentielle: les cinq fausses pistes

Elle n’est plus loin l’élection présidentielle. La foire aux candidats ou à la candidature se poursuit. C’est le comble du ridicule qui, dit-on, tue. Mais nous pouvons éviter d’être ridicules et de nous laisser tuer. D’où la nécessité de comprendre les vrais enjeux de la prochaine présidentielle.

Publicité

Un vote dans le secret de l’isoloir, c’est notre avenir que nous jouons, c’est l’avenir de notre pays que nous engageons, c’est l’avenir de nos enfants que nous gageons.

Mais comment avoir des idées claires sur les enjeux de la prochaine présidentielle ? Vu l’allure que prend le débat, vu la confusion que risque d’entrainer la cacophonie actuelle avec une foultitude de candidats, nous avons sélectionné cinq fausses pistes. Elles sont toutes barrées, à l’entrée, d’un gigantesque sens interdit.

Première fausse piste : un bon projet de société fait forcément un bon candidat. C’est faux. Il est donné à tout un chacun, aujourd’hui, d’aller faire provision d’idées sur le marché du net par exemple. « Copiez, coupez, collez » et vous voilà propriétaire d’un beau programme. Vous pouvez aussi vous en remettre à des experts ou à des cabinets spécialisés. Il ne reste plus au candidat que vous êtes d’entrer dans le beau boubou qu’il lui a été taillé sur mesure. Un boubou dont il ignore tout. Aussi convient-il d’éviter, à tout prix, le bluff ou le piège du beau programme. On doit pouvoir lire les aptitudes et les habiletés, le parcours et les réalisations, le passé et le présent du candidat entre les lignes du projet de société qu’il porte.

Deuxième fausse piste : une bonne expérience professionnelle ou un bon parcours professionnel suffit à faire un bon candidat. C’est faux. Un pays, c’est plus qu’une entreprise privée ou publique. Quelle qu’en soit la taille. Les aptitudes du bon gestionnaire d’entreprise n’en font pas automatiquement un bon Président. Dans les mains du mortel de ce dernier est, pèse le destin de millions d’hommes et de femmes. Le management du pouvoir d’Etat est fort différent de la gestion d’un business classique. Il faut donc savoir s’auto-évaluer pour rester dans son juste créneau. C’est-à-dire là où on peut le mieux servir son pays. A quoi sert-il d’aller se fourvoyer sur les chemins du pouvoir par simple reconversion à une tâche supérieure ?  La sagesse des nations le clame et le proclame : « L’homme qu’il faut à la place qu’il faut ».

Publicité

Troisième fausse piste : un candidat riche a assez d’argent pour ne pas se laisser tenter de voler l’argent de l’Etat. C’est faux. Qu’un candidat riche soit vertueux, porté sur l’éthique et la morale, n’a rien avoir avec le poids ou l’épaisseur de son compte en banque. Un riche peut avoir de grandes qualités humaines. Et c’est en mieux pour lui. Des qualités qui lui sont propres. Pourquoi voudrait-on que ce riche, parvenu au pouvoir, se débarrasse de sa fortune, renonce à s’enrichir, se mette à la diète, prenne le chemin de Job, le pauvre parmi les pauvres dans les Evangiles ?

Quatrième fausse piste : un candidat riche sera plus porté à mettre sa fortune au service de l’Etat et de la nation. C’est faux. Si le chef devait confondre ses propres biens avec les ressources de l’Etat, il s’engagerait, tout aussitôt, sur la voie d’un gangstérisme organisé. L’Etat, tout comme la nation, ne demandent pas l’aumône au chef, ne quêtent pas la charité du chef. L’un et l’autre demandent plutôt au chef de bien gérer les biens qu’ils lui ont confiés, des biens communs auxquels le chef lui-même a part.

Cinquième fausse piste : le pays est à remettre dans les mains des jeunes. Ils ont la solution. Ils sont la solution. C’est faux. La querelle des Anciens et des Modernes est une voie d’impasse. Cela ne produit rien. Cela ne prospèrera jamais. Il faut plutôt craindre d’entretenir une guerre larvée des générations. Il faut plutôt redouter de provoquer des frustrations inutiles là où on a davantage besoin de fédérer toutes les forces vives par delà les âges. Il faut plutôt   s’effrayer d’exclure inutilement là où l’on a plus à lier ensemble pour espérer gagner durablement. Les jeunes doivent ambitionner de prendre les rênes du pouvoir d’Etat. Parce que les jeunes, c’est la créativité en fusion, c’est l’audace en éruption, c’est l’avenir en projection. Mais, pour autant, les jeunes doivent aller à l’école du pouvoir, apprendre à l’ombre du pouvoir, mûrir sous le soleil du pouvoir. Hors de là, point de salut !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité