2015 : un Bénin politique sous le prisme de la guerre Yayi-Talon

2015 qui s’achève dans quelques jours a été une année bien particulière au Bénin, avec à la clé deux élections.  D’abord pour les législatives, en avril, ensuite les communales, municipales et locales en juin ; chaque scrutin avec son lot de suspense, de tension et de surprises.

En dehors des élections, l’actualité politique a été marquée par une série d’événements à rebondissements ; parfois malheureux. Des décisions à polémique de la Cour constitutionnelle, «arrestation» ou «enlèvement» manqué du député Candide Azannaï, le retour au bercail des exilés de l’affaire Talon, le scandale du Ppea2, la visite au Bénin du président François Hollande, les assises sur l’affaire Dangnivo… Ces événements sont nés, se sont déroulés et dénoués dans le contexte global du prolongement de la guerre entre le président Boni Yayi et son ancien soutien financier, l’homme d’affaires béninois Patrice Talon. La rédaction de La Nouvelle Tribune vous replonge dans les grands faits de l’actualité politique béninoise de l’année 2015.  

Elections-Lépi: la pression de la Cour constitutionnelle sur les politiques

La Dcc 15 001 du 09 janvier 2015 est la première grosse actualité politique de l’année 2015. Cette décision de la Cour constitutionnelle a été un élément de véritable pression sur les acteurs politiques en vue de la tenue à bonne date des élections municipales et Législatives 2015. En effet, l’organisation desdites élections dépendait de la disponibilité d’une liste électorale permanente informatisée (Lépi) corrigée et actualisée.  Pourtant, entamé depuis 2013, le processus de correction du fichier électoral avait du plomb dans l’aile. Et ce, à cause d’un bras de fer entre le gouvernement et le Conseil d’orientation et de supervision des opération de correction de la Lépi (Cos-Lépi) sur le coût de l’opération ainsi que des difficultés internes au Cos-Lépi. Ce qui faisait peser de graves menaces sur la tenue à bonne date des scrutins législatifs,  communaux, locaux et municipaux. Saisie par une requête du citoyen Polycarpe Tognon, la Cour constitutionnelle a dû prendre une décision dans laquelle elle donne des injonctions aux différents acteurs impliqués dans le processus de correction du fichier électoral ; avec à la clé des échéances bien précises.

EXTRAIT DE LA DECISION DE LA COUR D E C I D E:

Article 1er.- Les dispositions transitoires des articles 319 et 328 alinéa 1 in fine de la loi n° 2013-06 du 25 novembre 2013 portant code électoral en République du Bénin sont caduques.

Article 2.- La version actualisée de la LEPI doit se faire conformément aux dispositions des articles 264 alinéa 2 et 274 de ladite loi.

Article 3.- Le Conseil d’orientation et de supervision doit impérativement achever l’actualisation de la liste électorale permanente informatisée le 15 janvier 2015.

Article 4.- La publication de la liste électorale informatisée provisoire à partir du 16 janvier 2015 et l’établissement de la liste électorale permanente informatisée doivent impérativement être achevés le 25 février 2015 au plus tard.

Article 5.- A défaut de la disponibilité de la liste actualisée pour le 15 janvier 2015, la Commission électorale nationale autonome (CENA) est autorisée à organiser les élections législatives, municipale, communale et locale de 2015 sur la base de la liste électorale permanente informatisée (LEPI) ayant servi pour les élections de 2011.

Article 6.- Les élections législatives doivent avoir lieu impérativement le 26 avril 2015.

Article 7.- Le Président de la République doit convoquer le 14 février 2015, par décret pris en conseil des ministres, le corps électoral pour les élections législatives du 26 avril 2015.

Article 8.- Les élections municipale, communale et locale doivent impérativement avoir lieu le 31 mai 2015.

Article 9.- Le Président de la République doit convoquer le 03 mars 2015, par décret pris en conseil des ministres, le corps électoral pour les élections municipale, communale et locale du 31 mai 2015.

Article 10.- La présente décision sera notifiée à Monsieur Polycarpe TOGNON, à Monsieur le Président du Conseil d’orientation et de supervision, à Monsieur le Président de la Commission électorale nationale autonome, à Monsieur le Président de la République   et publiée au Journal officiel.

Elections Législatives : le suspense jusqu’au bout !

Après un long processus à rebondissement,  la correction-actualisation de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) a été achevée. Le Cos-Lépi a officiellement remis la liste à la Cena le mercredi 04 mars 2015. Après affichage de la liste et la distribution des cartes d’électeurs, les Béninois se sont rendus aux urnes pour les élections législatives. Ce dimanche 26 avril, au total 4 470 591 d’électeurs étaient attendus dans les urnes pour élire 83 députés. Ces législatives étaient un baptême du feu pour la Commission électorale nationale autonome (Cena), nouvelle version (5 membres désignés pour un mandat de sept ans). Malgré quelques couacs, le scrutin se déroule globalement bien.

Au plan politique, l’élection prend très vite l’allure d’une autre manche de la guerre entre le président Boni Yayi et son ancien «ami» tombé en disgrâce, l’homme d’affaires Patrice Talon. Par conséquent, le chef de l’Etat s’investit à fond dans la campagne. Son alliance politique, FCBE, connait la défection de certains de ses poids lourds. Au total, 20 partis et alliances de partis politiques prennent part au scrutin. Après les grandes tendances par la CENA le 1er mai, la Cour constitutionnelle donne les résultats définitifs le 3 mai.

Les résultats se présentent comme suit :

FCBE :33 sièges

PRD : 10 sièges

Alliance Éclaireur : 2 sièges

Alliance RB-RP : 7 sièges

UN : 13 sièges

RESO ATAO : 1 siège

ABT : 2 sièges

FDU : 4 sièges

AND : 5

UB : 3 sièges

Alliance Soleil : 4 sièges

L’Assemblée Nationale, 7ème législature, ainsi constituée, est installée le samedi 16 mai 2015. L’élection du bureau a lieu trois jours plus tard, soit le 19 mai. Ce fut une longue nuit électorale. Deux candidats s’affrontent pour le perchoir. Adrien Houngbédji, vieux briscard de la classe politique, pour le compte de l’opposition et Komi Koutché, jeune pouce de la mouvance présidentielle. Suite à un vote à suspense, le premier bat le second par 43 voix contre 42. L’opposition (Un, Prd, Rb, Alliance Abt, Alliance Soleil, Fdu, une partie de l’And et ReseauAtao) rafle les autres sièges, à l’exception de celui de la première secrétaire qui revient à la député Sofiath Tchanou des Fcbe.  

Affaire «Azannaï» : On a frôlé le pire !

«Tentative d’enlèvement» ou «arrestation manquée» ? Difficile de le dire. Tant, les faits sont narrés par les acteurs en fonction de leur camp.  Ce qui est évident, l’affaire Azannaï,  qui a durement secoué Cotonou a failli plonger le Bénin dans la violence. Lundi 04, des radios et journaux, ainsi que les réseaux sociaux annoncent une tentative d’arrestation de l’honorable Candide Azannaï par les forces de sécurité, sur «ordre» du Président Boni Yayi. De façon spontanée, le domicile du député, sis au quartier Zogbo (10ème arrondissement de Cotonou) encerclé, par une escouade d’agents en uniforme, est investi par les populations, certains leaders politiques de l’opposition, ainsi que de la société civile. Ces derniers se sont mobilisés pour apporter leur soutien au remuant député. Selon la version officielle des faits, le Président Boni Yayi a porté plainte contre le député pour l’avoir injurié pendant la campagne législative. Les agents des forces de sécurité, perçus qui se sont présentés à son domicile, s’y étaient rendus lui remettre une convocation-selon  la version la version officielle-, et non pour l’arrêter.  En fait, pendant la campagne pour les législatives du 26 avril, le président Boni Yayi et l’honorable Candide Azannaï, transfuge des Fcbe et défenseur de la cause Talon ont échangé des propos très violents  voire injurieux.

Le président Yayi aurait donc déposé plainte pour « offense au chef de l’Etat ». Cette version des faits est rejetée par le député qui évoque plutôt une tentative d’enlèvement planifiée de longue date.  Etant donné que Candide Azannaï jouit  de l’immunité parlementaire, toute plainte contre lui devrait transiter par le bureau de l’Assemblée Nationale. Tout compte fait, la tension a été palpable pendant deux ou trois jours dans la ville de Cotonou. Périmètre de sécurité autour de la résidence du chef de l’Etat, au quartier Cadjèhoun, modification du plan de circulation à Cotonou, affrontements entre forces de l’ordre et populations, érection de barricades de pneus enflammés sur certaines principales artères de la ville, incendie d’un véhicule des sapeurs-pompiers, organisation d’une marche par l’opposition. Avec la pression et la violence dans la rue, le Président Boni Yayi a dû «suspendre sa plainte».

Affaire PPEA 2: la coopération bénino-hollandaise prend de l’eau

C’est le scandale de l’année. Et d’ailleurs comme le régime du changement refondation nous y a habitué,  depuis son avènement en 2006, à chaque année,  ses scandales. Pour 2015,  il s’agit du détournement de huit milliards de Francs Cfa destinés aux projets d’accès à l’eau potable. L’affaire a connu deux grandes phases. La première phase concerne le détournement de 2,6 milliards de Fcfa de l’aide hollandaise consacrée au programme pluriannuel d’appui au secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PPEA-II). La conséquence immédiate fut de la suspension par les Pays-Bas de leur coopération avec le gouvernement béninois.

L’information a été divulguée par la presse française le mercredi 06 mai. Elle a ensuite été reprise par la presse béninoise.  Dans un communiqué de presse posté sur sa page Facebook officielle ce même 06 mai, l’Ambassade des Pays-Bas au Bénin donnait plus de détails sur le PPEA-II (40,524 milliards de FCFA pour la période 2013-2015) et les faits reprochés à la partie béninoise. Selon l’accord qui lie les deux Etats, «il est réalisé chaque année, un audit de performance technique et financière. Les conclusions définitives de l’audit de la gestion 2014 ont révélé des irrégularités et malversations dans la gestion du programme au Ministère en charge de l’Eau», a indiqué le communiqué. En conséquence, le gouvernement hollandais a décidé d’anticiper l’arrêt du programme, de suspendre la prochaine phase de sa préparation ainsi que «tous les autres programmes financés par les Pays-Bas au Bénin et directement exécutés par le gouvernement béninois». La partie hollandaise exige que lumière soit faite sur cette affaire avec sanction à l’encontre des responsables du détournement. Dans la foulée, Barthélémy Kassa, ministre de l’eau, démissionne du gouvernement ; mais conserve son siège à l’Assemblée Nationale et l’affaire est confiée à la justice.  

La deuxième phase est la découverte du pot aux roses. Sur exigence de la partie hollandaise, un cabinet international est commis pour faire un audit complet de la gestion du programme. Dans son rapport déposé en juillet, le cabinet Kroll révèle l’existence d’un vaste réseau de fraude qui a détourné les fonds de la direction générale de l’eau. Le document indique qu’en dehors des 2,6 milliards de Fcfa des Pays-Bas, cinq milliards de Fcfa, toujours alloué au programme de l’eau, ont été détournés dans plusieurs autres ministères. Les cerveaux de cette arnaque grandeur nature seraient les opérateurs économiques Rémy Codo et Rock Sarè Niéri. Ceux-ci ont agi avec la complicité de plusieurs cadres de l’administration publique. Des mandats d’arrêt internationaux sont délivrés contre les deux hommes d’affaires, qui restent jusque-là introuvables. Certains cadres impliqués dans le dossier ont été  suspendus, d’autres sont mis à la disposition de la justice. Le rapport du cabinet Kroll indique qu’aucun flux financier n’a été constaté en direction du ministre Barthélémy Kassa. Tout compte fait, l’Assemblée Nationale a rejeté la demande de levée de son immunité parlementaire. Les Pays-Bas ont fini par rétablir, en partie, leur coopération avec le gouvernement béninois.  

Lionel Zinsou : la Primature d’abord,  la Marina ensuite ?

A l’issue des élections législatives du 26 avril 2015, plusieurs ministres en fonction ont été élus députés. Certains ont décidé de siéger ; démissionnant de facto du gouvernement. D’autres ont préféré  y rester. Conséquence, le président Boni Yayi devrait opérer un remaniement de son équipe gouvernementale. Dans la foulée, La Nouvelle Tribune apprend d’une source haut perchée dans les arcanes du régime que le franco-béninois Lionel Zinsou, ancien conseiller de Boni Yayi, et président des fonds d’investissement PAI Partners, est le dauphin du chef de l’Etat pour la présidentielle de 2016. La toute première étape du plan devrait être sa nomination au poste de premier ministre –non constitutionnel- de Boni Yayi. Comme annoncé par notre journal, le 18 juin  à la formation du nouveau gouvernement, Lionel Zinsou est nommé premier ministre. Le gouvernement compte un vice-premier ministre en la personne de François Abiola (enseignement supérieur et de la recherche scientifique) ainsi que deux ministres d’Etat que sont Komi Koutché (Economie et Finances), puis Alassane Soumanou Djemba (Enseignement secondaire). De plus, les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe), l’alliance politique du président Boni Yayi, ont après un processus controversé, désigné Lionel Zinsou comme leur candidat pour la présidentielle de février 2016. Le choix est contesté par certains caciques de l’alliance qui, pour vice de procédure, ont décidé de saisir la Cour constitutionnelle ainsi que le Cour d’Appel de Cotonou. C’est une affaire à suivre de près.

Elections municipales : enfin les nouveaux maires !

Initialement prévues pour début 2013, les élections communales, municipales et locales ont été reportées sine die, faute de liste électorale fiable et acceptée de tous. Dans sa décision 15 001 du 09 janvier 2015, la Cour constitutionnelle faisait injonction au président Boni Yayi de convoquer le corps électoral pour le 31 mai pour lesdites élections. Ce que fit le président de la République. Cependant, en vue de colmater quelques brèches constatées dans l’organisation des législatives, la Cena a proposé un report du scrutin. De commun accord avec la classe politique, les élections communales, municipales et locales ont finalement eu lieu le 28 juin 2015. Au total 34 alliances de partis et partis politiques étaient en compétition. Elles n’ont pas suscité autant d’engouement que les législatives. Les résultats ont été proclamés par la Commission électorale le mercredi 13 juillet 2015. Les conseils communaux et municipaux élus ont été installés dans la dernière semaine du mois de juillet 2015.

Visite François Hollande : parlons sécurité et environnement

Début Juillet,  le président Français, François Hollande effectue une visite d’Etat au Bénin. Arrivé en terre béninoise le 1er juillet, il s’envole le lendemain. Au menu de son séjour, la lutte contre le terrorisme et l’environnement, avec la Cop21 en préparation à l’époque. La visite a été marquée par un tête-à-tête entre son homologue béninois, Thomas Boni Yayi et lui, la visite par les deux chefs d’Etat de la Blue zone du groupe Bolloré à Zongo et du Centre la lutte intégrée contre le paludisme (Clip), une rencontre entre Hollande et ses compatriotes français, résidents au Bénin et déjeuner d’affaires sous la houlette du Premier ministre béninois Lionel Zinsou. Le président Boni Yayi a été fait Grand officier de la légion d’honneur française. Son hôte a été élevé dans l’ordre national du Bénin à la dignité de Grand-croix. Il faut indiquer que Cotonou était la première étape d’une tournée africaine qui a conduit François Hollande au Cameroun et en Angola.   

Décision Dcc 15-156 : la Cour Holo encore en mode controverse

La Dcc 15-156 du 16 juillet est une décision de la Cour constitutionnelle qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. D’autant plus qu’elle concerne le critère d’âge pour l’accession à la fonction présidentielle. En effet, l’article 44 de la  Constitution béninoise du 11 décembre 1990 fixe les conditions d’éligibilité du président de la république. Entre autres, l’article dispose que «Nul ne peut être candidat aux fonctions de Président de la République s’il n’est âgé de 40 ans au moins et 70 ans au plus à la date de dépôt de sa candidature ». Pour le commun des mortels, cet alinéa ferme l’intervalle d’âge des présidentiables à 40 et 70 ans. Si un citoyen souffle sa quarantième bougie pendant l’année électorale, pour être éligible, sa date d’anniversaire doit précéder le délai de dépôt des dossiers de candidature. Cette interprétation a été comme remise en cause par la Cour constitutionnelle dans la Dcc 15-156 du 16 juillet 2015, rendue suite à une requête de Hermès Gbaguidi. Selon la décision de la Cour, il faut faire fi de la date d’anniversaire et considérer l’année de naissance dans son entièreté. Les sept sages ouvrent donc l’intervalle à 40 ans. La décision postule que toute personnes qui est dans sa quarantième année pendant l’année électorale, respecte le critère d’âge pour devenir locataire de la Marina.

La décision a alors suscité un grand tollé dans l’opinion. Certains y ont vu un coup de pousse de la Cour constitutionnelle au ministre Komi Koutché. Compté parmi les dauphins du président Boni Yayi, ce dernier n’aura pas bouclé ses 40 ans avant les élections. Quelques semaines plus tard, lors d’une audience accordée au Conseil national des anciens ainsi qu’aux députés de la majorité parlementaire (opposition), le président de la Cour constitutionnelle, le professeur Théodore Holo explique « qu’il s’agit exactement d’une analyse ponctuelle à partir d’une question précise (…) qui ne regardait absolument pas l’article 44 de la constitution » (Ortb), a rapporté René Derlin Zinsou, Président du Conseil national des anciens. Dans l’opinion, plus personne n’évoque la 15-156 du 16 juillet. On attend de voir ce qu’il adviendra en janvier prochain, au moment des dépôts de candidature pour la présidentielle.

Août-octobre : la saison du retour des exilés de l’affaire Talon

Août –octobre 2015 Cette période peut être qualifiée de celle du retour au bercail des exilés de l’affaire Talon. Tour à tour, Angelo Houssou, Olivier Boko et Patrice Talon, qui avaient tous fui le territoire national.  Le premier, Angelo Houssou, est l’ex-juge du sixième cabinet d’instruction du tribunal de première instance de première classe de Cotonou. Il a conduit l’instruction des dossiers « empoisonnement et coup d’Etat » dans lesquels l’opérateur économique, Patrice Talon est accusé d’avoir voulu attenter à la vie du chef de l’Etat. Le 17 mai 2013, il a bouclé son instruction par deux ordonnances de non-lieu.  Un peu plus de trois mois plus tard, soit le 1er septembre, la Cour d’Appel de Cotonou confirme, partiellement, ses ordonnances. « Persécuté» par les sbires du camp de chef de l’Etat, il a dû quitter le territoire national pour s’exiler aux Etats-Unis. Ambitionnant de conquérir le fauteuil présidentiel en 2016, il est rentré au pays mi-août. Olivier Boko est, lui, un acolyte du richissime homme d’affaires béninois. Les deux se sont exilés à Paris en 2012 lorsque les relations Yayi-Talon se sont brouillées. Après plusieurs fausses annonces Olivier Boko et Patrice Talon sont rentrés au pays respectivement les 10 août et 8 octobre. Une fois au bercail, Patrice Talon, qui avait annoncé son ambition présidentielle les dernières semaines de son exil, s’est engagé sur le terrain de la conquête du pouvoir d’Etat.

Incendie au marché Dantokpa: Des millions de Cfa en fumé !

Tout est allé très vite dans la nuit du 30 au 31 octobre. Le feu a ravagé une bonne partie du marché international de Dantokpa.  Selon les premières informations, c’est l’essence frelatée appelée communément « kpaho » qui serait à l’origine  de ce drame. Plusieurs acteurs de la politique béninoise dont notamment de potentiels candidats à l’élection présidentielle de février 2016 ont fait de déplacement sur le marché pour constater de visu, les dégâts causés par l’incendie. Des mesures d’urgence ont été prises par le président de la République, Boni Yayi. Dans la foulée, une commission d’enquête a été mise sur pied pour faire la lumière sur les causes réelles de ce drame. La reconstruction du marché a été lancée sous l’égide du génie militaire.

Mathieu Kérékou : la mort du président «Kaméléon»

Les 14 octobre et 12 décembre 2015 sont désormais des dates à retenir dans l’histoire politique du Bénin. La première est la date du décès du président Mathieu Kérékou, qui a dirigé le Bénin pendant près de trois décennies. La seconde date est celle de son inhumation. L’ancien président de la République s’en allait, officiellement à 82 ans. Mercredi 14 octobre, le jour de son décès, la nature s’est chargée d’avertir les populations de la survenance d’un évènement peu ordinaire. Autour de midi, de façon inopinée, alors que le ciel était ensoleillé, les nuages se sont amoncelés au-dessus de la ville de Cotonou. S’en sont suivi un vent violent puis une courte pluie. Quelques heures plus tard, la nouvelle du décès du «vieux» avait commencé à circuler sur les réseaux, diffusée par des sources crédibles. L’annonce officielle du décès du général président est faite par le président Boni Yayi autour de 16 heures, par un message à la Nation. Dans la foulée, le gouvernement décrète trois jours de deuil national. Ses obsèques ont eu lieu du 09 au 12 décembre ; avec à la clé des hommages de la Nation au président «énigmatique». Dictateur craint, puis démocrate célébré, l’homme qui a battu tous les records de longévité à la tête du Bénin a été inhumé samedi 12 décembre à Natitingou. Pour l’immortaliser, son nom a été attribué au Stade de Kouhounou et au lycée militaire des jeunes filles de Natitingou. Le premier devient « Stade de l’amitié Mathieu Kérékou » et le second «Lycée militaire des Jeunes Filles Mathieu Kérékou de Natitingou».  

Assises spéciales sur l’affaire Dangnivo : le film n’est pas terminé…

Il a débuté le 10 novembre dernier à la Cour d’Appel de Cotonou. Le procès dans l’affaire Pierre Urbain Dangnivo du nom de ce cadre du ministère de l’économie et des finances porté disparu depuis août 2010. Très attendu, ce procès s’est ouvert à la Cour d’appel de Cotonou sur fond de tensions avec de troublantes révélations des principaux accusés, Alofa Cossi Kodjo et Amoussou Donatien dit ‘’Dona’’. Des révélations qui ont radicalement changé le cours du procès. Des proches  du président Boni Yayi ont été cités dans cette affaire et ont déposé par la suite. Après une première suspension du procès par le président de la Cour, le magistrat Félix Dossa, le procès a repris toujours dans le même mois. Mais les questions de procédures judiciaires ont ralenti l’avancement du procès. Dans un premier temps, c’est une exception d’inconstitutionnalité qui a été levée par les avocats de la partie civile pour absence  d’acte de décès du présumé mort, Dangnivo dans le dossier soumis à la Cour. Saisie pour se prononcer sur cette question, la Cour constitutionnelle a ordonné la poursuite du procès. Mais cette décision des sages de la Cour n’a pas émoussé les ardeurs des avocats de la défense et de la partie civile. Me Joseph Djogbénou, avocat de la partie civile a récusé la cour avant de demander sa recomposition du fait de la trêve qu’a connue le procès en attendant la décision de la Cour Constitutionnelle. Mais il n’obtiendra pas gain de cause. Le procès est dès lors censé se poursuivre normalement. Mais c’est sans compter sur Me Zinflou, avocat de la défense. Il soulève à nouveau une exception d’inconstitutionnalité pour acte de tortures sur Alofa Cossi Kodjo.  Le procès est à nouveau paralysé. En attente de la décision de la cour constitutionnelle.

Crash de l’hélicoptère présidentiel: du ZinLi à Djougou

Alors qu’il se rendait à Djougou (nord ouest du Bénin) pour assister à la Gaani ce samedi 26 décembre à bord de l’hélicoptère présidentiel, le premier ministre a eu un accident. La cause, l’appareil qui transportait Lionel Zinsou s’est effondré aux environs de 17h 30min au stade municipal Atchoukouma de la localité. Même si l’appareil est irrécupérable, tous les occupants sont sortis indemnes. L’annonce du crash a suscité un tollé dans l’opinion publique béninoise. Dans certains milieux, il se susurre que cet accident a été volontairement provoqué vue que Lionel Zinsou est candidat unique des Forces cauris pour un bénin émergent (Fcbe) pour le compte de l’élection présidentielle de février 2016. C’est ainsi que le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, Placide Azandé a apporté un démenti formel à cette thèse. Trois jours après cet incident, les véritables causes ne sont pas connues. Selon les premières informations, l’on apprend que le pilote de l’hélicoptère aurait évoqué des problèmes de  poussière causée par l’harmattan. Mardi 29 décembre lors d’un point de presse, le ministre du transport, Gustave Dépo Sonon a indiqué qu’une enquête a été ouverte pour élucider les circonstances et causes de cet accident. Selon ce dernier, la principale raison serait probablement « humaine ».

Ramu: Enfin l’assurance maladie «légale» pour tous !

Longtemps contesté, le projet de loi sur le Régime assurance maladie universelle (Ramu) a été voté à l’Assemblée nationale. A la faveur du passage du président de la République, Boni Yayi devant la représentation nationale ce lundi 28 décembre pour délibérer son discours sur l’état de la Nation, son dernier selon les dispositions de la constitution, les députés ont adopté ce projet de loi cher au gouvernement. Composé de 95 articles et repartis en 5 chapitres, la loi sur le Régime assurance maladie universelle (Ramu) devra permettre à tous les citoyens béninois d’avoir un accès gratuit au système de santé. Mais pour bénéficier de cela, quelques conditions sont préalablement à remplir. Le vote de cette loi peut être considéré comme une victoire pour le camp présidentiel si l’on sait comment ce projet a été décrié et aperçu comme une des nombreuses promesses à caractère   électoraliste du président Boni Yayi.

Réalisation : Léonce Gamaï & Hugh Archimède Dato

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