Dernier discours de Yayi : Grandes attentes, petit discours

Dérogeant aux dispositions de l’article 72 la Constitution du 11 décembre 1990, le Chef de l’Etat a fait hier à la représentation nationale son dernier discours sur l’Etat de la nation. On s’attendait à un vrai discours sur l’Etat de la nation mais qui fait le bilan de ses dix ans de pouvoir mais au finish, le Chef de l’Etat s’est contenté d’une compilation des actions  menées au cours de ses deux quinquennats.

Il était très attendu ce discours du Chef de l’Etat. Non seulement qu’il est le dernier de ses deux quinquennats, il intervient dans un contexte de grande confusion politique marquée par l’indécision de la classe politique à faire des choix responsables pour 2016. On attendait donc mieux que les neuf autres discours du président de la République qui se sont cramponnés à répéter les nombreuses actions menées par le Gouvernement pendant un an. On espérait donc un vrai discours sur l’état de la Nation qui puisse faire le bilan des 10 ans de Yayi au pouvoir. Il devrait donc y transparaître clairement, les réponses à quelques questions essentielles. Où en était-on avec la gouvernance politique du pays avant 2006 ? Qu’a-t-il fait de ses grandes promesses de campagne ? Et surtout comment a-t-il géré les chantiers comme ceux de la paix, de la justice, de la liberté. Sur ces chantiers, le discours du Chef de l’Etat est resté silencieux. Or, on sait que pendant ces dix dernières années, plusieurs actes attentatoires à la paix, la cohésion nationale, la liberté des citoyens et la justice ont été menés. Il est regrettable de ne pas voir le président Yayi dire au moins quelques mots d’excuses sur son discours belliqueux du 1er août 2012 qui  est et restera la plus grosse atteinte à l’unité nationale depuis 1990. Sur le terrain des projets et des grands travaux, un tel discours peut-il s’écarter des promesses faites au début du premier quinquennat. Yayi n’est-il pas celui qui a proclamé « une lutte non négociable » contre la corruption ? Qu’a-t-il fait de cet engagement affiché par une marche verte ? Il n’est pas responsable qu’après de tels engagements, un Chef de l’Etat ne puisse rien dire sur les nombreux scandales qui ont émaillé ces deux quinquennats. On doit rappeler pour la mémoire collective Cen-Sad, Machines agricoles, Icc services, Maria Gléta, hélicoptère présidentiel. Le Chef de l’Etat semble ainsi se soustraire à la critique collective en faisant abstraction sur ces affaires.

Il en est aussi des grandes promesses non tenues. Le peuple béninois ne verra jamais depuis 2006, le taux de croissance à deux chiffres, de même que la promesse de rendre la vie plus facile aux plus pauvres. Doit-on relire au Chef de l’Etat son discours d’investiture du 06 avril 2006, il y annonce la diminution des denrées de premières nécessités comme l’eau, les produits pétroliers, l’électricité, la communication, les céréales. Dix ans après, tous ces produits ont augmenté de prix à l’exception de la communication. Doit-on rappeler à Boni Yayi qu’il a promis que l’effort et l’excellence seront récompensés et que  dix ans après, c’est plutôt la médiocrité qui a été promue ? Bien que l’on loue la volonté de Yayi dans la réalisation de beaucoup d’infrastructures, surtout routières, on ne peut s’empêcher de dire que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs

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