Imposer la paix au Burundi, ramener le pouvoir à la raison

Chaque heure qui passe, chaque jour qui tombe sans réponse adéquate à la situation actuelle du Burundi, peut être considéré comme un temps de trop. Le climat délétère qui règne dans ce pays depuis des mois, marquée par la violence incontrôlable, les assassinats et le développement de l’esprit de vengeance, a de loin échappé à la gestion du régime de Nkurunziza, pour devenir une véritable préoccupation humanitaire et partant de la communauté internationale.

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Il est vrai que l’on entend ça et là, des appels au retour de la paix, des menaces de sanctions ou des promesses d’intervention. Mais tout cela n’est que discours et simples intentions. Encore faut-il que dès aujourd’hui ou au plus tard demain, l’union africaine, l’union européenne et le conseil de sécurité de l’Onu, passent à l’action à travers des actes concrets sur place au Burundi. Annoncer qu’une force d’intervention de l’union africaine est déjà prête qui n’attend que les formalités d’usage, parait comme des déclarations opportunistes et sans emprises sur le réel.

De même l’appel du ministre belge des affaires étrangères, au durcissement du ton à l’encontre du pouvoir burundais, semble relever de simple proclamation de bonnes intentions, alors que l’urgence est de poser des actes qui puissent contraindre toutes les parties à s’asseoir autour d’une même table pour réfléchir sur les modalités de retour à la paix. L’intervention militaire extérieure n’est peut être pas la solution idoine, comme l’envisagent certains. Mais user de son influence pour imposer le  dialogue au régime de Bujumbura peut être plus opérant. C’est-à-dire contraindre le pouvoir, à mettre fin aux exécutions extrajudiciaires, aux actes de tortures, de menaces de morts, serait aussi plus efficace que la suspension des subventions de l’union européenne. La communauté internationale doit pouvoir se passer de la souveraineté du Burundi pour imposer, au nom du principe du droit d’ingérence, des directives au régime de Nkurunziza, qui au nom du troisième mandat, est résolu à mettre le pays à feu et à sang. Et c’est pendant que tout le monde s’active à rechercher les solutions de sortie de crise, que le pouvoir juge opportun de programmer le procès des auteurs du coup d’Etat manqué des 13 et14 mai 2015.

Ce procès qui a débuté  lundi et qui s’est poursuivi hier mardi, risquerait dans son épilogue de raviver les tensions, surtout du côté des populations qui avaient célébré ce coup d’Etat avec triomphe, avant que celui-ci ne soit déjoué par les militaires fidèles au régime. Surtout que ces putschistes sur qui pèsent de chefs d’accusation, comme : tentative de coup d’Etat, assassinat de soldats et policiers, etc, encourent la peine de morts. C’est donc l’occasion pour la communauté internationale de faire irruption, pour imposer la suspension de ce procès ou carrément l’arrêt de celui-ci. Son dénouement risquant plus de desservir le pays que de le servir. Toutes les actions qui peuvent être menées maintenant dans ce pays, ne doivent être que celles qui le conduisent sur le chemin de la paix et non celles qui enveniment les rancœurs ou qui renforcent les frustrations qui développent le désir de vengeance. Les attaques des trois camps militaires dans la nuit de vendredi à samedi, doivent informer suffisamment sur l’inversion ou sur l’équilibre des rapports de force. Le pouvoir n’étant plus le seul à posséder des moyens de  production de la terreur et de la violence. Des milices en latence sur place ou dans les pays voisins, peuvent y retrouver un nouveau champ des opérations.

Surtout dans cette région des grands lacs, où se créent spontanément des mouvements rebelles qui n’attendent que des situations comme celles que connaît le Burundi actuellement, pour se mettre en branle. Que les dirigeants de l’Union africaine, de l’Union européenne, du Conseil de sécurité, sortent de la logique des conférences de presse et des tribunes des déclarations, pour passer à l’essentiel : le rappel énergique du pouvoir de Bujumbura à l’ordre. Celui de l’arrêt de l’usage excessif de la force, celui de la répression aveugle des populations, et celui de l’instauration d’un dialogue national qui devra réunir autour de la table : le régime en place, les partis de l’opposition, la société civile et même les putschistes. En allant imposer le retour à la paix au Burundi, les membres des délégations des différentes organisations impliquées devront garder à l’esprit que le principal responsable du climat de violence et d’insécurité qui sévit dans le pays actuellement, n’est autre que le Président Nkurunziza qui a décidé délibérément de fouler au pied, les accords d’Arusha

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