« Le développement de l’Afrique est le fait de l’Afrique elle-même ». C’est ce que pense le banquier d’affaires et premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou. Invité sur une chaîne de radio dans la capitale française où il se trouve dans le cadre de la conférence sur le climat (Cop 21) à Paris, l’ancienne plume de Laurent Fabius a fait remarquer que l’Afrique est capable de financer une grande partie de son développement.
Contrairement à la croyance populaire pour qui l’Afrique ne peut se développer toute seule, le neveu de l’ancien président béninois Emile Derlin Zinsou et candidat aux prochaines élections estime que non. « L’Afrique avait un potentiel qu’on ne voyait pas toujours en Europe », a indiqué le premier ministre béninois. Pour étayer son propos, Lionel Zinsou cite en exemple l’Afrique de l’Ouest qui a une croissance de 6%, et ce, en dépit de la baisse des coûts des matières premières et du pétrole sur le marché international.
Aussi, le premier ministre béninois pense-t-il qu’avec sa diaspora dont les apports sont aujourd’hui supérieurs à l’aide publique au développement d’une Europe marquée par la crise, l’Afrique peut financer une grande partie de son développement. « En matière d’accès aux droits, il y a des avancées formidables […] en matière de numérique, il y a des start-up incroyables », apprécie-t-il.
Mais, à en croire Lionel Zinsou, le hic c’est qu’étant sur place, les solutions ne sont à l’échelle du pays. Le défi donc, à en croire Lionel Zinsou, c’est « comment on arrive à généraliser des choses prometteuses ». L’autre défi auquel les hommes politiques doivent faire face est le partage de la prospérité. « Avec de la croissance forte, on fait des classes moyennes mais on n’atteint pas la poche d’extrême pauvreté. Atteindre les exclus, les damnés de la terre, c’est quelque chose qui va demander un effort des politiques, c’est un défi », a déclaré le banquier franco-béninois qui, très afro-optimiste, croit en un lendemain meilleur pour le continent noir.
La Françafrique et le CFA
Concernant les rapports sombres entre l’Afrique francophone et la France, Lionel Zinsou pense qu’ils relèvent désormais du passé justifiant ses propos par la perte de vitesse de la France en Afrique en général. Il relie ces prétendus rapports à un fantasme existant tant en Afrique qu’en France pointant du doigt les échanges plus importants entre la France et d’autres pays africains comme le Nigéria et l’Afrique du Sud. Le premier ministre béninois a également abordé la question du Fcfa, en nuançant des propos tenus auparavant : le FCFA comme monnaie commune a un avantage, mais la préoccupation actuelle des africains est sa gestion par le trésor français. « Ce que les gens ne supportent pas est que le Trésor français continue de gérer une partie minoritaire des réserves extérieures des pays de la zone Franc. […] C’est quelque chose qui peut s’aménager. » a t-il affirmé.
Quant à sa volonté de briguer la présidence de son deuxième pays le Bénin alors qu’il disait il y a quelques années ne pas vouloir faire de la politique, Lionel Zinsou a une réponse : il s’est rendu compte que pour faire bouger les choses en Afrique, il avait besoin d’un levier politique.