Bénin : Le rêve éveillé d’une élection de rupture

C’est la dernière ligne droite. L’élection présidentielle est presque à son terme. Elle ne tardera plus à livrer son verdict. Deux prétendants pour un seul et unique fauteuil. Qui sortira vainqueur de ce bras de fer ? Disons, selon la formule consacrée et sans commentaire « Que le meilleur gagne. »

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Oui, mais… Dans un environnement comme le nôtre où tout est encore loin d’être propre et étanche, qui est véritablement le meilleur ? Est-ce celui qu’on proclame vainqueur après qu’il eut surfé sur les puissantes vagues propulsives de la fraude ? Est-ce le bonimenteur, grand démagogue devant l’Eternel, qui a su séduire, tout en sachant, en conscience, qu’il n’est pas l’homme de l’emploi ? Est-ce le vainqueur par défaut, le citoyen-électeur n’ayant aucune autre possibilité que de choisir entre le sida et la fièvre à virus Ebola ?

Qui niera la pertinence de ces interrogations ? Le vainqueur de nos élections n’est pas toujours celui que l’on attend ou celui que l’on croit. Mais la loi de la démocratie est implacable. Au bout du compte, seul le peuple est souverain. Souhaitons qu’il reste l’arbitre crédible, le juge responsable, capable de donner du sens et tous leurs sens à nos élections. Au nom du peuple souverain, projetons le rêve d’une élection de rupture. Restera à la monter sur les chantiers d’une démocratie rénovée.

Une élection de rupture, c’est, d’abord, la conscience informée du citoyen-électeur. L’information est le maître-mot dans toute démocratie qui se respecte. A ne pas confondre avec la propagande. Celle-ci tourne vite en un one man show insipide ou emprunte la voix plutôt enrouée de son Maître. A ne pas confondre non plus avec la diarrhée en continu des réseaux sociaux. Ici, tout se mélange, se confond, se télescope. Quelle salade. La manipulation est omniprésente. Le sensationnel prime tout.

Les partis, chargés de l’animation de la vie politique, doivent en prendre de la graine. Le renouveau démocratique que nous appelons de nos vœux est à ce prix. Ne parlons pas des médias. Par vocation, en termes de mission, ils ont l’impérieux devoir de donner des informations justes, complètes, honnêtes. C’est de l’ordre de l’éthique et de la déontologie. On ne triche pas avec l’information du public. On ne sert pas au public des mets avariés. L’empoisonnement est un crime.

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Une élection de rupture c’est, ensuite, que chaque citoyen vote selon sa conscience et en toute connaissance de cause. Connaître les enjeux, les diverses visions en compétition, les   candidats et les groupes politiques en lice, donne au citoyen-électeur les clés d’une sélection intelligente pour un choix informé. Celui qui sait peut affirmer ses convictions et les défendre. Celui qui comprend peut assumer ses choix et les illustrer. Au regard de quoi, le droit du citoyen-électeur de s’informer et d’être informé a valeur d’un impératif.

Une démocratie qui ne donne pas à l’information la place qui lui revient fait dans l’intox, favorise la manipulation, déroule le tapis rouge à l’achat des consciences. Nul ne devrait entrer dans l’isoloir sans avoir su de quoi il retourne. Sans avoir compris les vrais enjeux d’un scrutin. L’électeur robot, actionné à la télécommande, ça suffit !

Une élection de rupture, enfin, c’est se faire à l’idée qu’il y a une vie après une élection. La plupart des conflits qui déchirent l’Afrique et qui mettent à mal la stabilité des Etats sont nés ou naissent des contentieux postélectoraux. Comment la vie de millions d’hommes et de femmes, comment l’avenir de millions d’enfants peuvent-ils rester suspendus à une élection ? Il faut savoir tourner la page. Une élection s’achève. Un jour nouveau se lève. Gagnants et perdants, à leurs différentes places, dans leurs divers rôles, ont à construire un seul et même pays. Oui, il y a une vie après l’élection. Il faut en prendre la juste mesure. Il faut s’investir à la construire. Il faut s’engager à la rendre toujours plus belle. Les écoles doivent continuer de former nos futurs cadres. Les artistes doivent continuer de créer des œuvres de beauté. Nos sœurs et nos mères doivent continuer d’accoucher. Voilà comment se reproduit l’espèce. Voilà comment se renouvelle la chaîne des générations. Ce qui n’est pas sans souligner notre responsabilité. Ce qui n’est pas sans nous rappeler cette belle formule d’Antoine de Saint Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants »

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