Bénin : Nos raisons de croire et d’espérer

La ligne d’arrivée est en vue. Le marathon présidentiel touche à sa fin. Nous disposerons, sous peu, d’assez d’indices pour esquisser le portrait-robot du quatrième Président du Renouveau démocratique.

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Boni Yayi s’en va. Un nouveau locataire passera la grande porte du Palais de la Marina. Déjà, on spécule sur sa taille. Sera-t-il grand ou de taille moyenne ? On se perd en conjecture sur la couleur de sa peau. Sera-t-il de teint clair ou de teint basané ? Et le Bénin tout entier est habillé en deux tons : « continuité » et  » rupture ».

De mémoire de Béninois, élection n’a autant passionné nos compatriotes. Le travail s’est arrêté dans les administrations. Les marchés vivent au rythme de l’événement. Les cours dans les universités se sont transformés en fora de discussions. Les rues et artères des grandes villes portent les impacts assassins d’une guerre des affiches sans merci. Même les espaces sacrés et consacrés, rigoureusement réservés à Dieu, s’ouvrent aux enjeux et aux enchères de l’élection. Côté cour, nous avons déjà relevé de nombreuses insuffisances. Côté jardin, nous avons de réels motifs de satisfaction. Ce sont nos raisons de croire et d’espérer. Ce sont des pierres d’attente. Celles avec lesquelles nous construirons la cité de nos rêves, la cité d’une démocratie modèle et moderne.

1- La maturité politique d’une majorité de Béninois. Il y a de moins en moins de béni oui-oui dans notre pays. Il s’agit, nous renseigne le dictionnaire,  » de personnes toujours empressées à approuver les initiatives d’une autorité établie ». Le niveau d’instruction s’élève. L’accès à l’information s’étend. Les générations se renouvellent. Le village planétaire qu’est devenu le monde est un lieu de maturation précoce. Le doute, le questionnement, l’esprit critique y font bon ménage. Le Bénin, on peut le dire, marche au rythme du monde, est au diapason du monde. Ce qui explique l’émergence d’une conscience citoyenne affirmée, avec une masse critique de Béninois qui choisissent par eux-mêmes et pour eux-mêmes.

2- Le perfectionnement des institutions et outils de gestion des élections. Cela aurait été une calamité, à faire relever d’une malédiction, si nous n’avions rien appris, rien retenu de l’organisation de différents scrutins au fil des ans. « Fabricando fit faber » disent les Latins, à savoir que c’est en forgeant que l’on devient forgeron. Parcours presque sans faute, jusqu’ici, pour la Cour constitutionnelle, version Théodore Hollo. Elle a résisté à tous les tsunamis. La Commission électorale nationale autonome (CENA), donne le meilleur d’elle-même, depuis que nous l’avons réformée, que nous l’avons rendue permanente. Restera à nous débarrasser du monstre politique qu’est  » Le COS Lépi ». A tenir pour un appendice malheureux dans l’organisation de nos élections. Nous avons donc affaire à un intrus. Il n’a pas sa place dans la maison.

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3 – L’exemplarité de l’action des Organisations de la société civile. Il y a lieu, ici aussi, de parler de maturité. Est née une nouvelle génération d’organisations de la société civile, spécialisées sur les questions de démocratie et de gestion des élections. Elles ont une expérience renforcée du terrain. Elles connaissent mieux le pays et les pratiques qui y ont cours. Elles ont gagné la confiance des nombre d’organisations internationales. Elles bénéficient, par conséquent, d’un accompagnement plus accru. Elles ont dégagé de vrais leaders. Lesquels, par leur action, laissent des traces durables dans le grand livre de la démocratie dans notre pays.

4- La volonté de changement. Le slogan sur le thème du changement a séduit les Béninois. Mais de la célébration festive d’un concept à son opérationnalisation effective, il y a loin de la coupe aux lèvres. Mais il arrive un temps où l’on a marre de se gargariser de mots, de n’avoir rien à se mettre sous la dent. Le bras de fer actuel entre « continuité » et « rupture » se joue tout naturellement sur le terrain du changement. L’alternative est claire : faut-il continuer de chanter le changement ou faut-t-il s’engager à opérer le changement ?

5 – La modélisation d’une expérience. « Bénin is back », le Bénin revient, le Bénin est de retour. Longtemps regardé comme le berceau des conférences nationales souveraines en Afrique, le Bénin renoue avec une tradition démocratique. Cela ne l’a pas peu valorisé en Afrique et dans le monde. La gestion, jusqu’ici, sans grande casse, croisons les doigts, du tournant électoral actuel a valeur d’une confirmation. Réjouissons-nous en et à l’avance, « Bénin is back »

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