Présidentielle 2016 au Bénin: les principaux facteurs de l’échec de Lionel Zinsou

Alea jacta est. Le sort est jeté. Les urnes remplies ce dimanche 20 mars, à l’occasion du second tour de l’élection présidentielle au Bénin, ont livré les secrets. Patrice Guillaume Athanase Talon, selon les grandes tendances publiées par la Commission électorale nationale autonome (CENA) en début d’après-midi de ce lundi, est vainqueur de la rude bataille pour le fauteuil présidentiel face à son challenger, le premier ministre Lionel Zinsou.

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Banquier d’affaires de grande renommée, Lionel Zinsou a été nommé le 18 juin 2015 comme premier ministre du gouvernement du président Boni Yayi et il voulait s’en servir comme un parfait tremplin pour la Marina.  

Mais ce rêve, Lionel Zinsou ne réussira pas à le réaliser. Arrivé en tête lors du premier tour, le candidat de l’alliance république a été largement devancé par l’homme d’affaires Patrice Talon 65,39% contre 34,61%. A l’analyse, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette débâcle du premier ministre Lionel Zinsou qui n’a pas attendu les résultats avant d’appeler son challenger pour le féliciter.

Yayi et la France, les principaux obstacles

Les principaux obstacles de l’ascension du premier ministre à la magistrature suprême pourtant à portée de main, ont noms Boni Yayi et la France.

Le piètre bilan du président Boni Yayi, notamment son deuxième mandat maculé de scandales économico-financiers et sociaux avec des concours de recrutement décriés, a été très préjudiciable à Lionel Zinsou. Les Béninois très déçus par la gouvernance jugée hasardeuse et brouillonne du régime du Président Yayi voulaient changer de cap. Le premier ministre candidat qui n’a pu se départir, malgré les tentatives à la veille du second tour, a été sanctionné par les électeurs béninois pour avoir accepté d’être le candidat de la continuité.

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L’autre principal facteur qui a handicapé le candidat Lionel Zinsou est la France. Les entrées de Lionel Zinsou dans le milieu politique français, notamment dans la gauche et les postes de responsabilité dans l’Hexagone, jadis éléments de fierté, se sont mués en véritables obstacles. Pour la plupart des Béninois, et Patrice Talon l’a dit haut et fort lors du débat télévisé d’entre deux tours, Lionel Zinsou apparaît comme un « gouverneur français » envoyé par la métropole pour surveiller de plus près ses intérêts. Ce sentiment anti-français des Africains, notamment des Béninois a pesé lourd dans les urnes ce dimanche.

Ces deux étiquettes, celle de candidat de la continuité et celle de candidat de la France, Lionel Zinsou, malgré ses justifications, n’a pu s’en débarrasser. En tout cas, pas avant le second tour de la présidentielle. Peut-être la reconnaissance de la victoire de son challenger avant la proclamation des grandes tendances du scrutin par la CENA, un geste salué par tout le monde, pourrait l’en débarrasser et permettre, ne sait-on jamais, à Lionel Zinsou, 61 ans, d’avoir une ultime chance de conquérir le pouvoir en 2021. Mais on n’en est pas encore là.

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