Bénin : Comptes et décomptes de campagne

Fermée la parenthèse électorale. Les candidats – s’ils ne l’avaient déjà fait – doivent adresser à la Chambre des Comptes de la Cour suprême, l’état de leurs dépenses de campagne.

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Il s’agit, presque toujours d’une forêt dense. Il faut y pénétrer avec précaution. Il faut réussir à s’en sortir saint et sauf. Faisons-nous, l’espace d’une chronique, les comptables de service. Passons en revue quelques postes de dépenses.

On est plus à l’aise en commençant par parler de soi-même. Les médias ont fait, dans la période, des chiffres intéressants. Avec une prime spéciale pour les télévisions. Les divers candidats avaient besoin de se faire entendre. Ils avaient surtout besoin de se faire voir. C’est la télévision qui révèle les vraies dimensions d’un meeting, d’une campagne électorale en général, vécu et ressenti mêlés.

Les projets de société sont désormais à la mode. Ce qui laisse penser que les candidats ont eu le souci de s’entourer d’experts de tous horizons. Avoir une idée sur un sujet est une chose. Décliner cette idée en une politique, l’articuler en un programme de gouvernement, l’argumenter méthodiquement ou l’exposer clairement, c’est toute autre chose. Nos experts n’ont donc pas chômé. Et toute peine, comme on le sait, mérite salaire.

L’animation des meetings est un chapitre important de la campagne des divers candidats. Il en retombe une véritable manne providentielle. A la grande joie d’une multitude de prestataires de services. Que l’on pense aux structures spécialisées dans la location des bâches, des chaises, des tables et du matériel de sonorisation. Que l’on pense à celles qui sont chargés de la sécurité sur les sites des meetings, avec leurs « gorilles » et leurs gros bras. Que l’on pense à celles qui mettent à disposition des hôtesses. Sans oublier, en coulisses, les braves femmes qui s’affairent autour des marmites et des fourneaux.  Sans oublier non plus ceux qui maîtrisent la météo du ciel. Ils ont le don d’éloigner les nuages menaçants. Ils ont le savoir qu’il faut pour faire briller le soleil sur les meetings. Et que dire de ceux qui tiennent le volet mystique ? Connectés aux forces invisibles, ils ont le pouvoir de forger, autour des candidats, une armure de protection. C’est de la sécurité surnaturelle, métaphysique et à toute épreuve.

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Allons à présent vers l’amont des meetings. Intéressons-nous aux entreprises de téléphonie mobile. En période électorale, elles réalisent des gains substantiels. Le taux élevé de consommation de produits GSM est le résultat d’une forte demande en communication. Et nous savons qui gagne ou qui perd au change dans ce jeu à tout le moins déséquilibré. C’est le pot de terre contre le pot de fer.

N’oublions pas les entreprises de sérigraphie. Mission : imprimer divers messages sur les casquettes, les T-shirts et autres supports et gadgets. Sans ces entreprises, les campagnes électorales auraient été sans couleur, sans saveur, voire sans humour. Disons la même chose des vendeurs d’eau en sachets et de diverses autres boissons. Postés aux abords des sites des meetings, ils savent combler les attentes et étancher la soif des milliers de gens. Les boissons appelant tout naturellement des sandwiches, des friandises et autres gâteries, ce n’est pas par hasard que beaucoup prennent du poids à l’occasion des élections.

Les imprimeurs ? Les affiches et affichettes les connaissent bien. Elles couvrent les murs des maisons. Elles poussent comme des champignons aux divers carrefours des villes. Elles alimentent une guéguerre sans merci entre les candidats. Les grandes agences de communication ne sont pas loin. Elles prennent d’assaut, pour le compte des candidats, les grands panneaux d’affichage. La bataille des slogans, le choc des messages, la confrontation des images…on est dans un vrai festival d’experts, rivalisant de savoir et de savoir-faire. Le sort des élections se joue souvent et en partie en leurs mains.

Le transport enfin. Avec ceux qui louent divers véhicules pour divers besoins. Une mention spéciale pour les longs camions spécialement aménagés pour les caravanes des campagnes. Une autre mention spéciale aux taxis-motos, nos « zémidjans ». Sans eux, il manquerait du sel à nos campagnes électorales. Et puis, ils sont multiservices. Ils transportent des personnes et des biens. Ils colportent des rumeurs. Ils paradent au profit et sous les couleurs de divers candidats. Mais, tout cela, à une seule condition : payer rubis sur l’ongle. Car, comme le disent les Ivoiriens « C’est en même temps qui est mieux »

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