Présenté aux Béninois ce 06 avril 2016 au soir de l’investiture du Président Patrice Talon, le gouvernement de 21 membres du régime du « Nouveau départ » regroupe des personnalités qui ensemble, forment un cocktail explosif qui pourrait ralentir l’élan et l’engagement du richissime homme d’affaires pour le développement du Bénin.
Attention ! Le ver est dans le fruit. Il a fort à craindre avec ce que le Président Patrice Talon a présenté au soir de son investiture ce 06 avril comme gouvernement de rupture. L’équipe de 21 ministres s’apparente à un cocktail explosif qui pourrait faire voler en éclat les espérances légitimes du peuple béninois après le discours hautement engagé du nouveau chef de l’Etat élu. Parmi les 21 membres du gouvernement figurent des personnalités entre qui pourrait naître une querelle de leadership. Il s’agit de Pascal Irénée Koupaki, Ministre d’Etat, Secrétaire général à la Présidence ; Abdoulaye Bio Tchané, Ministre d’Etat chargé du développement ; Candide Azannaï, Ministre délégué chargé de la Défense nationale et Joseph Djogbénou, Ministre de la justice.
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Pour cause
On pourrait bien se demander en quoi ses quatre ministres forment un cocktail explosif. Déjà on peut remarquer qu’après le Président Patrice Talon, les Béninois ont du mal à identifier le N°2 du nouveau régime. Dans la presse, deux noms circulent. Bio Tchané et Irenée Koupaki. Dans les positionnements à l’intérieur de l’album photo du gouvernement, certains quotidiens ont positionné Koupaki après le chef de l’Etat tandis que d’autres ont mis Bio Tchané. Ces deux hommes faut-il le rappeler, sont des candidats malheureux au premier tour du scrutin Présidentiel.
Le candidat Koupaki est arrivé 5ème avec quelques 05% derrière Bio Tchané, 4ème avec plus de 08% des suffrages (voir les résultats de la CENA). Ancien premier ministre de Boni Yayi, Pascal Irenée Koupaki a déjà goûté aux délices de super-ministre jusqu’à sa sortie après plus de 07 ans dans le régime défunt. Bio Tchané a lui, un passé de brillant ministre de l’économie et des finances de l’ancien Président feu Mathieu Kérékou. A préciser que ces deux ministres ont également un parcours commun de cadre de la Bceao.
Autre chose de commun, âgés de la soixantaine, et potentiels dauphins pour le Président Talon qui jure vouloir faire un seul quinquennat, ces deux personnalités du gouvernement n’ont plus que l’échéance de 2021 pour espérer devenir Président de la république en raison du principe de la limite maximale d’âge de 70 ans fixée dans la Constitution en vigueur au Bénin. A côté de ces deux dinosaures, figure Candide Azannaï, le Ministre délégué chargé de la Défense nationale. Homme de main du Président Talon, il est réputé pour son intrépidité et sa hargne perceptibles dans ces discours agressifs et parfois belliqueux. Ses quolibets échangés avec le Président Boni Yayi restent mémorables et tous les Béninois se souviennent encore des scènes de violences engendrées par une tentative d’arrestation du pouvoir Yayi à son encontre en 2015. Certains le présentent comme un grand agitateur mais aussi, un fin stratège. Ce n’est donc pas pour rien qu’il est nommé au poste stratégique de la Défense avec le titre « délégué auprès du Président de la République». De quoi se demander comment se ferait la cohabitation entre lui et les deux autres au tempérament modéré.
Quatrième dans le carré d’As du régime Talon, Joseph Djogbénou le Ministre de la Justice. Eminent avocat, Professeur agrégé et désormais ancien Président de la Commission des lois de la 7ème législature, il est le préparateur du nouveau Président de la République. Pendant la campagne électorale, le Président Patrice Talon l’a lui-même reconnu à certaines occasions. Parti pour être candidat à la présidentielle passée, il a publiquement désisté en faveur de l’actuel chef de l’Etat. Visiblement très ambitieux, le Ministre Joseph Djogbénou qui sera une pièce maîtresse du régime peut légitimement se réclamer dauphin du Président Talon au terme des cinq ans. En plus de ceux-ci, il faut compter avec des ministres comme Lazare Sèhouéto et Sacca Lafia qui sont aussi des briscards de la politique au Bénin et proches du Président.
La guerre froide
Avec ces influentes personnalités politiques déclinées, on peut donc s’attendre à une guerre froide au sein du gouvernement Talon. Chacun devant faire en sorte à être plus en vue pour la succession, la cohabitation entre ces ministres risque d’être très difficile. Bien qu’il soit clair que chaque ministre aura à gérer son département, en l’absence du chef de l’Etat il faudra bien un pour diriger un conseil des ministres ou coordonner les actions du gouvernement. C’est là un casse-tête pour le nouveau Président de la République du Bénin qui doit mettre en jeu des qualités de bon manager pour que règnent autour de lui l’harmonie et la cordialité sans lesquelles son « Nouveau départ » se trouverait malheureusement plombé