Bête noire du régime Kabila, l’opposant congolais Moïse Katumbi est condamné à 36 mois soit 03 ans de prison ferme selon une décision de justice rendue publique ce mercredi 22 juin 2016.
La surprenante décision annoncée comme un ballon d’essai dans la matinée sur une chaîne de télévision proche du pouvoir a fini par s’imposer comme un coup de massue. L’alibi trouvé pour en coller une à Moïse Katumbi redouté par le régime Kabila est une affaire de spoliation opposant l’homme d’affaire congolais à un Grec du nom de Alexander Stoupis.
La démocratie en berne
Ce verdict spectaculaire tombé ce mercredi est vivement contesté par les avocats de l’homme l’opposant Congolais condamné par contumace. Pour eux, il ne fait l’ombre d’aucun doute que cette décision est dictée par le pouvoir. On ne saurait leur en dénier la légitimité. Il faut le dire, la justice congolaise vient de porter un coup dur à la démocratie dans ce pays qui visiblement sombre dans l’autocratie. En effet, Katumbi, depuis l’annonce officielle de sa candidature pour la présidentielle devant se tenir cette année, fait l’objet d’une série d’accusations dont la principale pour laquelle il est traqué est une histoire de recrutement de pseudos mercenaires. Avec ce verdict abracadabrant la justice congolaise donne en effet, la preuve qu’elle est véritablement aux ordres du pouvoir Kabila. Il faut dire que c’est à une justice bafouant les règles élémentaires d’un procès équitable qu’on a à faire au pays de Joseph Kabila. « Nous demandons à la justice de se conformer aux principes d’un procès équitable et de résister à toute ingérence politique » a déclaré en mai dernier, Farhan Haq, le porte-parole de l’Onu reprenant une communication du Bureau des Nations unies pour les droits de l’homme appelant la justice congolaise à s’affranchir de l’influence du pouvoir politique. Hélas ! Cet appel, on le constate avec désolation est tombé dans des oreilles de sourds.
Comme au Niger
Ce qui se trame en République démocratique du Congo, si on peut encore appeler le pays ainsi, n’est tout de même pas nouveau. C’est en effet un copier-coller de la stratégie utilisée par le pouvoir au Niger. Il s’agit d’utiliser la justice comme moyen de pression sur l’opposant jugé le plus redoutable. Non seulement faire pression pour l’amener à renoncer à se présenter à la présidentielle, le régime Kabila veut surtout empêcher Katumbi de rentrer au Congo. En l’accusant de spoliation, c’est aussi un manège pour décrédibiliser l’opposant dans l’opinion publique et internationale. Seulement, cela ne marche pas à tous les coups. Au Bénin, Patrice Talon, l’actuel Président est devenu plus populaire avec l’acharnement de son prédécesseur Boni Yayi à le diaboliser. Sur ce, que le régime Kabila se ravise pour ne pas se transformer en direction de campagne pour Katumbi.
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