Il s’est tenu dans la matinée du jeudi sur le campus d’Abomey-Calavi de l’Université nationale du Bénin, un symposium sur les langues nationales organisé dans le cadre de la 5ème édition des Rencontres internationales des arts de l’oralité (Riao).
C’était à la journée scientifique des Rencontres internationales des arts de l’oralité (Riao) dont la 5ème édition a lieu au Bénin du 02 au 12 novembre 2016. La motivation de l’organisation d’une telle journée, c’est de pouvoir aller au-delà de la promotion des créations artistiques et de participer aux réflexions en cohésion avec la vision du gouvernement et les besoins de la population pour le développement du Bénin, à en croire Patrice Toton, promoteur de l’événement. La préoccupation au cœur de la journée a été celle de la situation des langues maternelles en Afrique et particulière ment au Bénin. Les communications et débats ont tourné autour du thème «L’importance des langues maternelles dans l’art du conte au Bénin et en Afrique» sous la modération du professeur Dodji Amouzouvi. Au total, il y en a eu deux.
Le véhicule de valeurs fondatrices des sociétés en panne
La première communication, c’est celle du chef département sociologie et anthropologie Dr Charles Babadjide sur «l’importance et les impacts socioculturels des langues maternelles dans les sociétés africaines». Pour le communicateur, le principal instrument de véhicule et de préservation de valeurs fondatrices des sociétés et potentialités est la langue vernaculaire. La maîtrise de la langue maternelle constitue dira-t-il, un préalable à celle de la langue étrangère et fait le lit de l’éducation. Mais la situation des langues maternelles au Bénin comme dans beaucoup de pays africains n’a pas connu véritablement des progrès significatifs, regrette le communicateur. Il relève qu’en dépit des institutions, documents et autres instruments mis en place, il y a toujours des problèmes comme la non prise en compte des mesures pour l’utilisation des langues nationales dans les services publics, le retard dans la prise de certains textes, le retard dans l’introduction de ces langues dans le système éducatif formel, l’absence de vision claire et partagée sur le multilinguisme, etc. Face à ceci, il recommande entre autres, le développement de la culture et de la chaîne de production en langues nationales, le renforcement de la législation sur les langues nationales, l’introduction des langues nationales dans l’administration et son utilisation effective.
«Le théâtre conté en langues nationales est rare»
Dans la deuxième communication, le Docteur ès lettres Fernand Nouwligbeto ramène le sujet dans le secteur du 4ème art. Il parle du théâtre conté au Bénin. Il définit le théâtre conté comme étant une pratique artistique et toute forme de théâtre qui exploite les ressources des contes que sont les fables, les sujets qu’ils abordent, la disposition ou la configuration scénique, les relations entre la scène et la salle, entre le conteur traditionnel et le public, le jeu d’acteur, le costume, le décor, la littérature, la portée didactique. Considérée juste comme une pratique artistique, le théâtre conté est adopté dans les ménages, les villes et villages dans les festivals. Mais pris sous l’angle d’une exploitation des ressources du conte, le théâtre conté en langue nationale est rare, relève l’enseignant. Ce qui est plus fréquent, c’est le conte théâtralisé en français, ajoute-t-il. Pour cause, à l’en croire, c’est un type de théâtre confronté au statut des langues maternelles considérées comme des langues de culture et non de travail ou qui donne le pain. C’est aussi un genre de théâtre encore à la recherche d’acteurs, d’un public et d’un marché.
En guise de solutions, le communicateur propose l’application déjà des textes du pays dont les articles 10 et 11 de la Constitution du Bénin et les articles 17 et 21 de la Charte culturelle qui prônent la liberté d’utilisation des langues nationales et leur promotion à travers l’introduction dans l’enseignement. Il suggère aussi la promotion de la littérature écrite en langue maternelle. Ceci est capital pour non seulement la promotion de la culture et le développement au Bénin car, soutient Dr Charles Babadjide, un peuple ne peut se développer qu’en prenant appui sur sa base culturelle. «L’oiseau ne grandit que dans son plumage» rappelle-t-il
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