Déguerpissements à la mosquée de Cadjèhoun : Idrissou Bako interpelle le gouvernement

Le vendredi 20 janvier 2017 dernier, dans le cadre des opérations de déguerpissement des espaces publics dans la ville de Cotonou, un incident est survenu entre l’équipe préfectorale du Littoral et les fidèles musulmans de la mosquée centrale de Cadjèhoun qui occupaient pour la circonstance ce jour là, une partie de la voie publique pour la traditionnelle prière du vendredi.

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Pour les responsables de cette mosquée centrale, cet incident frise une provocation de la part des agents envoyés par le préfet Toboula. C’est pour comprendre cette situation et situer les responsabilités que le député Idrissou Bako a initié une question orale avec débats adressée au gouvernement et qui est déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale

Question orale avec débat au gouvernement

Objet : Evènement survenu à la Mosquée Centrale de Cadjèhoun le vendredi 20 janvier 2017

La République du Bénin est fondée sur des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité ainsi que sur des principes d’indivisibilité, de laïcité et de démocratie.

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La constitution du Bénin en son article 2 stipule que la République du Bénin est une et indivisible, laïque et démocratique…

L’article 23 de la même constitution précise que : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d’opinion et d’expression dans le respect de l’ordre public établi par la loi et les règlements. L’exercice du culte et l’expression des croyances s’effectuent dans le respect de la laïcité de l’Etat. Les institutions, les communautés religieuses ou philosophiques ont le droit de se développer sans entraves. Elles ne sont pas soumises à la tutelle de l’Etat. Elles règnent et administrent leurs affaires d’une manière autonome ».

Ces derniers jours, nous assistons à des abus dans la conduite des opérations de déguerpissement des espaces publics allant jusqu’à à la destruction sélective de pans de certains lieux de culte (mosquées et églises évangéliques). Au même moment, certaines idoles (Tolègba et autres fétiches) sont contournées. Cette situation crée des suspicions d’une préférence de cultes religieux par les dirigeants de ce pays. Aussi, a-t-on assisté le vendredi 20 janvier 2017 à une provocation à la limite de la communauté musulmane de Cadjèhoun qui s’est vu brutalisée, par l’équipe préfectorale du Littoral, au moment où elle se préparait à célébrer sa prière hebdomadaire Djuumah. De tradition, ce n’est pas toutes les mosquées qui sont qualifiées pour abriter ces prières hebdomadaires. Du coup, les lieux de Djuumah connaissent généralement une affluence amenant dans certains cas à une occupation, d’au plus quarante minutes, des abords de quelques voies. Une négociation avec les responsables religieux suivie d’une prise de dispositions pratiques pourrait permettre de satisfaire la double obligation de la circulation des personnes et la célébration de culte du vendredi. Notre pays étant une nation de paix et de démocratie, il est inopportun de poser des actes de provocation d’une population pacifique attachée aux valeurs humaines.

La Représentation Nationale prie le gouvernement de fournir des réponses précises aux questions suivantes :

1-En dépit de la laïcité de l’Etat, le gouvernement a-t-il une préférence pour une religion par rapport aux autres pour avoir laissé des idoles et fétiches pourtant érigées sur des espaces publics au moment où des pans de mosquées et d’églises sont détruits ?

2-Pourquoi avoir attendu précisément l’heure de démarrage de la prière de vendredi de Cadjèhoun pour venir procéder à une opération de déguerpissement ? Alors que l’occupation des abords de la voie ne pouvait dépasser quarante minutes y compris les dix minutes de concertation spirituelle.

3-N’est-il pas élégant d’aboutir à un résultat durable et paisible du déguerpissement en revoyant la méthode brutale du gouvernement ?

Cotonou, le 25 janvier 2017
He Idrissou BAKO

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