Pour une surprise, celle-là en est une ! Les juges de la Cour Pénale Internationale (CPI) chargés du procès Gbagbo sont à couteaux tirés, sur le cas Gbagbo.
Pour la première fois depuis le début effectif du procès de Laurent Gbagbo, l’unanimité, dernier gage d’un semblant de bon sens, vient de voler en éclat. Certes, les juges viennent de rejeter, pour la onzième fois, la demande de mise en liberté provisoire formulée par Gbagbo et ses avocats. Sauf que, cette fois-ci, à la différence des décisions précédentes, il n’y a pas eu d’unanimité. La muraille est lézardée…
Un juge entre en dissidence contre ses collègues
Un coup de tonnerre vient de retentir dans le ciel de la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas, où le leader naturel du Front populaire ivoirien (Fpi), Laurent Gbagbo, est maintenu dans les liens de la détention depuis plus de cinq années. Au sein de la chambre des juges du procès de Gbagbo, une voix et pas des moindres vient de rentrer en ‘‘dissidence’’, celle du président de la Chambre, Cuno Tarfusser.
Ce dernier pense que ‘tout milite pour une mise en liberté, sous condition’’, de l’ancien chef d’Etat Laurent Gbagbo. Au sein de la Chambre, l’argumentaire produit par les contradicteurs du juge Cuno Tarfusser peut faire sourire. Les juges Geoffrey Henderson et Olga Herrera Carbuccia ont en effet fait valoir que Laurent Gbagbo pourrait profiter d’une éventuelle mise en liberté pour s’enfuir.
Les partisans de l’ancien chef d’Etat apprécieront cette boutade qui méprise manifestement le respect et l’honneur dus à une personnalité du rang de Laurent Gbagbo. Pour autant, le président Tarfusser n’en démord pas. Ce juge-dissident qui trouve la plaidoirie de ses pairs « étonnante » sur le fond et « radicale » sur la forme, a fait observer, comme le veut le principe le plus élémentaire en la matière, que Laurent Gbagbo est jusqu’ici présumé innocent. Mieux, le président Tarfusser a rappelé que les textes de la Cour (comme dans de nombreux pays au demeurant), indiquent qu’un accusé doit être jugé dans ‘‘un délai raisonnable’’. Pour ce juge qui note que Gbagbo a déjà passé plus de cinq ans en prison, il y a comme une limite qui ‘‘a été atteinte’’.
Ils sont trois juges dans la Chambre. L’un des trois, qui plus est le président, a visiblement retrouvé des éclairs de lucidité. Une chose est certaine, avec ce nouveau rebondissement, avec cette fin de l’unanimité ou plus exactement de l’unanimisme qui prévalait jusque-là au sein de la Chambre des juges de Gbagbo à la Haye, ce procès pour le moins rocambolesque est parti pour connaître de nouveaux revirements…
Répondre à AHOUNOU Cyrille Annuler la réponse