Plus de six mois après la proclamation officielle des résultats de la dernière l’élection présidentielle gabonaise, Jean Ping, arrivé en deuxième position, continue de se voir en occupant ‘‘légitime’’ du Palais de bord de mer (présidence gabonaise).
Avec ses partisans, l’ancien ministre (et gendre) de Bongo-père continue de contester la victoire de Bongo-fils. Aidé et porté par ses partisans, Ping n’en démord toujours pas ; au contraire, il multiplie les démarches, notamment en direction de l’Union européenne (Ue), pour faire triompher ‘‘La vérité des urnes’’ et voir ainsi le fauteuil présidentiel lui échoir. C’est d’ailleurs ce qui ressort clairement des propos de Jean-Gasparg Ntoutoume-Ayi (porte-parole de Jean Ping) qui, présent à Paris le 1er mars dernier en provenance de Bruxelles, a dévoilé le contenu de leur démarche auprès de l’Union européenne. Et quand on écoute le camp Ping, on ne peut s’empêcher de réaliser que certains ont la mémoire courte…
Au plus fort de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire en 2011, Laurent Gbagbo, parfois sur le ton de la supplication, enjoignait ses interlocuteurs au recomptage des voix, implacable démarche, selon lui, pour faire triompher la vérité des urnes et mettre fin au conflit qui déchirait alors son pays. Parmi lesdits interlocuteurs, il y avait un certain Jean Ping, alors président de la Commission de l’Union Africaine, dont il est utile de rappeler ici la fin de non-recevoir qu’il réserva à la requête de Gbagbo.
Cinq années plus tard, précisément en septembre 2016, quand le même Jean Ping a demandé le recomptage de voix après l’annonce des résultats de la présidentielle gabonaise, c’est à peine si certains partisans de Laurent Gbagbo ne sont pas morts des suites d’une overdose de rire. Aujourd’hui encore, Ping et ses partisans sont à pied d’œuvre du côté de la capitale de l’Union européenne, pour faire triompher ce que Laurent Gbagbo appelait ‘‘La vérité des urnes.’’
Jean Ping toujours déterminé …
Le 1er mars dernier, en écoutant le porte-parole de Ping déclarer : « Il y a eu une élection, on sait qui a gagné (…) Il faut arrêter le jeu du qui perd gagne. Il faut nous organiser, prendre du temps mais traduire dans les faits le résultat du scrutin », certains ont cru entendre Gbagbo, cinq ans plus tôt. Pourtant, dans le camp Ping, on croit dur comme fer que, cette fois-ci, la cause de la ‘‘vérité des urnes’’ sera entendue. Comment Jean Ping et ses affidés comptent-il s’y prendre ? Le porte-parole du candidat malheureux à la présidentielle du 27 août 2016 répond sans sourciller : « Des sanctions ! Le sujet devrait être évoqué lors du Conseil des affaires étrangères de l’UE le 8 mars à Bruxelles. Nous sommes favorables à des sanctions ciblées à l’encontre de certaines personnes plutôt que des sanctions économiques générales qui pénaliseraient des programmes sociaux ou le travail des ONG. Nos interlocuteurs européens sont d’accord avec nous sur ce point-là».
Des explications qui traduisent une certaine détermination, autant qu’elles ouvrent la porte à quelques interrogations, notamment sur l’intérêt que l’Ue aurait à accompagner le camp Ping. Sur cet aspect aussi, Jean-Gaspard Ntoutoume-Ayi qui semble avoir réponse à tout, explique : « Il y a (…) un risque pour l’UE de perdre de son crédit si elle ne fait pas preuve de fermeté vis-à-vis du Gabon. Elle ne peut pas se permettre de voir s’installer une ‘‘jurisprudence Gabon’’… »
Cette forme de jusqu’auboutisme porté par un optimisme béat du camp Ping va sans doute faire rire plus d’un au sein de l’opinion internationale. Même si personne ne se fait aucune illusion quant à l’issue de cette démarche en cours auprès de l’Ue, Jean Ping et les siens, eux, y croient. Bien avant, Gbagbo et les siens, eux, y ont cru…
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