Au Bénin comme dans d’autres pays notamment africains, on donne généralement à l’enfant qui naît un prénom en langue maternelle. Prénom qui peut avoir des incidences positives ou négatives sur le porteur, en fonction de sa signification.Mahouclo, Dotou, Dodji, Sènan, Tadagbé, Fifa, Sika, Houéfa… Ce sont quelques prénoms donnés au sein de la communauté Fon du Bénin. Au delà du sens véhiculé, ils sont la matérialisation d’une histoire, le résultat d’événements ayant marqué la venue au monde de l’enfant.
C’est aussi un acte symbolique dont les parents détiennent le secret. Selon dame Philomène Agnon, il est important de donner des noms en langue maternelle aux enfants, parce qu’ils reflètent leurs identité culturelle. D’après elle, le choix peut s’effectuer suivant les jours de la semaine ou par référence à un événement majeur, joyeux ou douloureux, vécu par l’un des parents. C’est l’exemple du nom de son premier garçon, « kuami ». C’est un prénom ‘’mina’’ correspondant au sixième jour de la semaine. C’est également le cas de Mahoussé, prénom de son troisième enfant qui signifie « Dieu a entendu mes prières ». Épousant cette explication, Claude Cesar Binazon conférencier des soins sanitaires et professeur à l’EPAC et à l’Inmes, affirme : « Le prénom indigène africain exprime le vécu quotidien. Son attribution répond à un souhait des parents sur l’enfant. Une expérience de vie peut servir de nom. Cela constitue un fait très important en Afrique. Par exemple au moment où votre enfant veut naître, où vous n’avez plus d’argent pour accompagner votre femme à l’hôpital et qu’une personne généreuse vous vient en aide, vous pouvez appeler cet enfant Akouègnon, pour dire » l’argent est bon ». ».
Cependant, les conditions d’attribution du prénom indigène diffèrent d’une famille à une autre. À en croire dame Marguerite, mère de 4 enfants, chez elle c’est le père qui donne le nom de l’enfant après avoir consulté les membres de la famille. De plus, le nom est donné en fonction de la période et des circonstances dans lesquelles l’enfant est venu au monde. Si l’enfant est venu après le décès d’un membre de la famille, il porte directement le nom du décédé.
Un pacte
Par ailleurs, il faut noter que chaque prénom indigène influence la vie de l’enfant, souligne Narcisse Vodouhe, traditionaliste, spiritualiste. «La science de la numérologie a prouvé son importance depuis des années à nos jours. C’est à dire chaque lettre d’un prénom est reliée à un chiffre qui a une signification bien déterminée, en bien comme en mal. C’est le cas de la lettre A qui se relie à 1 et qui veut dire la pureté, le commencement, la liberté, la paix, la justice et la sensibilité. Chaque lettre est liée à un chiffre qui a de bonnes ou mauvaises ondes. Rien n’est parfait dans la vie. En tout existe le bien et le mal. Ce à quoi on doit s’en prendre, ce sont les prénoms des calendriers grégoriens. Ces derniers engendrent plus de problèmes dans la vie humaine, et on ignore même parfois tout de leur signification. Or, il suffit d’entendre un nom ou prénom pour savoir qui tu es, tes faiblesses et problèmes, que tu cachais. C’est comme le FA. Les lettres, chiffres, symboles, l’astrologie et le FA, ont un lien qui détermine qui nous sommes et qui on peut-être », clarifie-t-il.
Il importe donc que les parents soient suffisamment informés sur le concept de nom de naissance. C’est ce que fait savoir le sociologue Auguste Takpè.
« Il faut reconnaître que le nom donné à un enfant l’incarne et le suit toute sa vie. Un cas palpable dans la commune de Toffo, un monsieur nommé gbèvèou « la vie est difficile », a subit l’enfer total durant toute sa vie. Lui, sa femme et même ses enfants n’ont vécu aucun instant de bonheur », rapporte l’enseignant à l’Université d’Abomey-Calavi.
À l’en croire, les noms attribués sans aucune connaissance de la signification impactent négativement la vie des enfants. Il conseille de ce fait aux parents de ne jamais choisir au hasard les prénoms pour leurs enfants
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