Plus que la déclaration de candidature de Moise Katumbi, la résurgence de l’affaire du meurtre des deux experts de l’Onu, est la vraie menace qui risque d’emporter le pouvoir de Joseph Kabila. L’annonce depuis l’Afrique du Sud de la candidature de l’ex-gouverneur du Katanga, Moise Katumbi à l’élection présidentielle prochaine en République démocratique du Congo (RDC) n’est pas une bonne nouvelle pour Joseph Kabila.
Avec la disparition  d’Etienne Tshisekédi, Moise Katumbi est le seul vrai client capable de défier le président sortant à la présidentielle. Milliardaire, charismatique et populaire, l’ex-gouverneur apparaît comme le seul capable de rassembler l’opposition congolaise. En effet, sa candidature est déjà portée par la coalition du G7.
En outre, Moise Katumbi  compte de nombreux sympathisants au sein de l’UDPS, le principal parti d’opposition, alors même que cette formation politique pourrait adouber le fils Tshisekedi. C’est donc dire combien la mobilisation est forte autour de la candidature de l’ex-gouverneur du Katanga.
Katumbi candidat, ne devrait, pourtant pas inquiéter Joseph Kabila d’autant que l’ex-gouverneur sous le coup d’un mandat d’arrêt de la justice congolaise ne peut pas rentrer au pays sans être interpellé. Il y a donc de fortes chances que la participation de Katumbi à la présidentielle prochaine se limite à la seule annonce faite depuis le pays de Mandela.
En outre, même si, par extraordinaire, la candidature de  Katumbi était retenue par la Commission électorale congolaise, il y fort à parier que le président sortant qui cherche à se maintenir au pouvoir, fera tout pour remporter le scrutin. Katumbi n’est donc pas le problème.
Du moins, l’annonce de sa candidature est une moindre menace comparée au règne de l’impunité dans le pays alors que des mains visibles et des mains visibles n’arrêtent pas de massacrer les Congolais et les étrangers. Les mains visibles ce sont les forces de l’ordre qui abattent les manifestants. Quant aux mains invisibles, ce sont les bandes armées qui sèment la terreur dans le Kassaï et dans l’Ituri. On le sait, la lutte contre l’impunité est un des reproches que la communauté internationale fait au régime de Kabila.
Dans ce contexte, la résurgence de l’affaire de l’assassinat des deux experts de l’Onu en RDC pourrait sérieusement mettre le régime en difficulté. En tous cas, que la mère de l’un des experts s’exprime hier sur RFI pour demander justice n’est pas bon signe pour le régime de Kabila.
En effet, delà , à ce que l’enquête internationale réclamée par les Nations unies et les Etats unis aboutissent à une saisine de la Cour pénale internationale (CPI) il n’y a qu’un pas. Et, c’est loin d’être du bluff. On a déjà vu pareille situation contribuer au départ d’un régime. Ce n’est pas l’ex-président ivoirien, aujourd’hui détenu à la Haye qui dira le contraire.
L’affaire de la disparition du journaliste français Guy-André Kieffer et les interventions de sa compagne dans la presse ont été pour beaucoup dans la diabolisation de Gbagbo sur la scène internationale. Le résultat, ce fut la chute et ensuite la CPI. Joseph Kabila déjà décrié par l’opposition congolaise et la communauté internationale doit prendre l’affaire au sérieux d’autant qu’une enquête conjointe RFI Reuters nous apprend que son régime a participé à la préparation des déplacements des experts assassinés.
Nul doute que la communauté internationale ne lâchera pas l’affaire de sitôt. La mort des deux experts planera sur la tête de Kabila jusqu’à ce qu’il quitte le pouvoir. Cette affaire est assurément un moyen de pression supplémentaire sur le régime congolais. Un régime qui s’est récemment ajouté un autre ennemi en révisant à la hausse les redevances sur certains minerais. Les puissantes compagnies minières avec leurs budgets colossaux sont capables de beaucoup de choses.
La mort des experts de l’Onu pourrait être la goutte d’eau qui ferait déborder le vase.
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