Dans la foulée des débats que suscite aujourd’hui la détention des objets d’arts des peuples étrangers dans les musées européens, le président Macron décide, sur demande de son homologue béninois, de restituer les œuvres culturelles pillées par le général Dodd en 1892, à Abomey. Dans le cadre de la restitution de ses biens au Bénin, une conférence débat a été organisé ce mardi 24 avril 2018, à l’intention du public français et béninois, sur le thème : « l’appropriation des œuvres culturelles », pour essayer de voir dans quelle mesure la restitution pourrait s’opérer entre les deux pays.
Les œuvres d’art des rois Glèlè et Béhanzin, pillées par le général Dodds au royaume d’Abomey et gardées dans les musées français depuis un siècle et demi environ, seront bientôt restituées au Bénin par la France. L’annonce a été faite ce mardi 24 avril 2018, à l’Institut français du Bénin (Ifb) à Cotonou, par Bénédicte Savoy. C’était lors d’une rencontre-débat sur la thématique de « l’appropriation des œuvres culturelles ». Objectif : montrer comment les peuples ont été dépouillés dans le temps et l’espace de leur culture, à travers l’enlèvement de leurs œuvres d’art par les puissances européennes à savoir l’Allemagne, la France, l’Angleterre… qui à travers des expositions dans leurs musées en tirent profit.
Il s’agissait également d’informer du cas particulier de la restitution des objets royaux d’Abomey. Saisissant l’intérêt capital du sujet, une forte délégation venue de la France, d’Allemagne, (béninois résidant en Europe et locaux également), se sont mobilisées massivement pour prendre part à la conférence à l’Ifb. Animée par l’historienne Bénédicte Savoy, la séance a été conduite en trois phases.
Dans un premier temps, la communicatrice a présenté les différents films réalisés en Afrique et en Europe, ayant pour objectif la demande de restitution aux peuples noirs des objets de culture dont ils ont été dépossédés par les colons. Ensuite, elle a présenté un panorama de l’appropriation, la conservation dans les musées en Europe et le commerce de ces biens culturels dérobés en Asie, en Afrique et en Amérique du sud, avant de revenir sur les prises de position de certains esprits éclairés contre cet état de chose. Puis enfin, le débat a été ouvert au public.
Au cours du débat, beaucoup d’inquiétudes ont été soulevées par les participants. Il s’agit entre autres de la question de l’inventaire des objets d’art du royaume d’Abomey détenus en France, de leur authenticité et de la négociation entre les présidents Talon et Macron. En réponse à toutes ces préoccupations, Bénédicte Savoy a rassuré l’assistance qu’un inventaire exhaustif des pièces sera fait, et que ces dernières seront restituées sans être falsifiés. « J’ose croire que le président Macron est plus déterminé à retourner au Bénin les objets d’arts de ses anciens rois » a-t-elle déclaré, car confit-elle le président ne supporte pas l’idée que « les œuvres culturelles des peuples se voient ailleurs et soient absentes chez eux-mêmes ».
Incertitude face à la restitution des objets détenus par d’autres puissances
Il n’est pas certain que le Bénin retrouve tous les objets pillés au Royaume d’Abomey, puisque à en croire Bénédicte Savoy, les pièces une fois arrivées en Europe étaient dispatchées entre les puissances. C’est ainsi que dit-elle, certains objets d’art se retrouvent au British Muséum ou en Allemagne. « L’inventaire de ces biens en France va se faire bientôt. Mais je ne sais pas si ceux de l’extérieur de la France seront pris en compte », a laissé entendre Bénédicte Savoy. Au regard de cette réserve de l’historienne, on peut s’inquiéter de ce que le Bénin n’entrera en possession que des pièces détenues en France
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