Maladies cardiovasculaires au Bénin : Dr Latif Mousse parle des facteurs de risque et des moyens de prévention

« Les maladies cardiovasculaires représentent les premières tueuses au-delà de toutes les maladies ». Docteur Latif Mousse, cardiologue et secrétaire général de la Société béninoise de cardiologie, attire l’attention des populations et alerte que ce qui se passera d’ici 2025 sera cruel.Dans une interview qu’il nous a accordée dans le cadre de la journée mondiale du cœur, le médecin spécialiste nous parle des facteurs de risque et des moyens de prévention contre ces maladies. Il a évoqué également le rôle du législateur et annonce la marche du cœur pour le 28 octobre prochain au Bénin.

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Pourquoi une journée mondiale du cœur ?

Sur le plan mondial, le constat est clair. Les maladies cardiovasculaires représentent les premières tueuses au-delà de toutes les maladies. La fédération mondiale du cœur a décidé de dédier une journée mondiale du cœur pour que la totalité du globe puisse s’auto-regarder par rapport à la préoccupation que représentent ces maladies dans leur globalité.

Nous constatons que cette année, la société béninoise de cardiologie a un peu particularisé la célébration de la journée

Sur le plan international, le thème c’est, «Ton cœur mon cœur » mais nous au Bénin, nous l’avons personnalisé pour dire « Pour mon cœur et ton cœur, prenons un engagement ».

Quel engagement ?

C’est, prenons un engagement pour lutter sur plusieurs niveaux. Le socle sur lequel nous allons vraiment agir est de lutter contre l’obésité qui représente de par le monde le nid de l’ensemble des facteurs de risque. Dans nos pays sous-développés, la facilité de la mal-bouffe explique la préoccupation de l’obésité qui s’accroit énormément. Sur le plan mondial, c’est une pandémie. En prenant le hamburger, l’igname pilée en quantité, la viande de brousse, tout ce qui est cube, les conserves et une alimentation non équilibrée, l’obésité va s’installer, favoriser la formation des graisses, le cholestérol va apparaître, l’élévation de la glycémie, le diabète, etc.

Au-delà de l’obésité, nous allons parler aussi d’autres choses sur le plan corollaire. Nous allons sensibiliser sur le tabagisme qui commence par prendre de l’ampleur. Nous allons aussi parler de la pollution sonore. La pollution sonore est aujourd’hui plus que jamais une préoccupation. Il est nécessaire de faire la prévention en tenant compte de tous les facteurs de risque : l’obésité, la sédentarité, le tabac, l’alcool, le cholestérol –les matières gras-, l’hérédité, l’hypertension artérielle, le sexe, la pollution sonore. Quand on parle de facteurs de risque, il y en a que nous pouvons vraiment éviter.

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En quoi faisant ?

C’est d’abord de lutter contre l’obésité. Regardons un peu plus dans nos assiettes. Honnêtement, tout ce qui est en conserve, tout ce qui est venu d’ailleurs que nous mettons dans nos sauces pour que ça soit doux, nous pouvons y réfléchir et arrêter. Nous pouvons préparer sans mettre de cube. Nous pouvons préparer autrement. Il faut aussi arrêter tout ce qui est graisseux. C’est de manger équilibrer. C’est un point important.

Il faut aussi un peu plus de sport, une activité physique régulière de 30 à 45 minutes par jour ou chaque deux jours. Marcher, c’est déjà bon. C’est une action importante. Si nous sommes coincés et nous n’avons pas le temps, puisque c’est ce que nous disons souvent, regardons le temps que nous passons à dire oui au téléphone. Evitons un petit moment de cela pour les 30 à 45 minutes, et voyons comment nous allons nous sentir. On se sent différent. Même chez soit quand on a une grande cours ou salon, on peut danser. Il faut vraiment trouver la manière pour le faire.

Il faut arrêter de fumer. Le tabac, n’apporte rien. L’alcool, la bière, il faut arrêter aussi. Les études sont claires aujourd’hui. Il n’y a rien qui puisse dire oui, ‘’je n’ai pas de l’alcool dans mon sang, il faut que j’en prenne un peu’’. C’est faux. Cela ne sert à rien. Ce n’est pas une tendance religieuse, loin de là. La réalité est là. L’alcool ne fait pas du bien pour la santé. Prenons de l’eau. Et ceux qui ont des parents hypertendus n’ont qu’à veiller un peu plus à leur santé. Au-delà de 35 à 40 ans ne pas se négliger, et faire une visite par an, pour savoir comment son cœur se porte.

La société béninoise de cardiologie souhaite que nous retrouvions tous, le 28 octobre pour une marche de cœur. C’est organisé à la fois à Cotonou, Porto-Novo, Parakou, Natitingou, Lokossa et à Abomey,

Le législateur pourrait-t-il se pencher aussi sur la question de prévention surtout quand vous parlez de « choses venues d’ailleurs » et qui sont sources d’obésité ?

Avec notre thème « Pour mon cœur et ton cœur, prenons un engagement », il y a l’engagement individuel, l’engagement de santé pour la population et l’engagement vers les autorités. Et vers les autorités, c’est évident que le législateur doit prendre des mesures en se rapprochant des spécialistes de nutrition, de santé pour toucher du doigt la préoccupation parce si le Béninois est debout, nous pouvons espérer un rendement économique important.

Le cœur du Béninois est en souffrance. Nous ne pouvons pas dormir, regarder les choses nous tomber là-dessus et préparer tout simplement un nid de diabète et d’hypertension artérielle. D’ici 2025, ce qui se passera dans les pays en voie de développement sera cruel que ce qui se passera dans les pays développés qui ont déjà mis les dispositions pour lutter. Encore qu’il faut commencer la lutte tôt. Eux, ils ont pris leçon de cela. Il faut que nous en profitions en commençant maintenant.

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