« Nous sommes dans un monde nouveau où la force de tout le monde dépend de tout le monde ». Ce ne sont ni les prétentions intellectuelles d’un étudiant en relations internationales, encore moins les déclarations d’un leader politique en quête de sympathie. Ces propos sont ceux d’un expert bien connu en relations internationales et universitaire chevronné Bertrand Badie. En visite au Bénin, il a rencontré les journalistes de la section béninoise de l’Union Internationale de la Presse Francophone(UPF-Bénin) le lundi 21 octobre à la bibliothèque de l’Institut Français du Bénin.
« Qui parle à l’Afrique ? Tout le monde. Qui écoute l’Afrique ? Personne ». Cette phrase d’une forte tonalité africaniste est l’une des déclarations du Professeur Bertrand Badie le lundi à l’Ifb. Il ne s’agit pas pour l’auteur de « Quand le sud réinvente le monde » de prendre la défense du continent ou de caresser les africains dans le sens des poils, mais de professer ce que ce professeur de relations internationales à Sciences Po à Paris pense être la réalité de ce que sont aujourd’hui les relations internationales. Pour lui, le monde est devenu un vaste espace où les plus forts ont besoin des faibles. « Le monde n’a plus de centre », postule le professeur qui ajoute que les puissants n’existent que dans l’imagination de certains car, les plus grands pays ont besoin des plus faibles pour leur épanouissement. La Chine a besoin de Taiwan, Poutine a besoin de Erdogan et de Roani pour contrôler son pré-carré. Exemples à l’appui, il montre comment les Etats Unis qui ont investi plus de 40% de leur budget dans l’armement ces dernières années ont perdu toutes les guerres qu’ils ont faites depuis le Vietnam jusqu’à l’Afghanistan en passant par le Cuba. Il aoute que les rares qu’ils ont gagné c’est en partenariat avec d’autres pays de l’Europe. Il ajoute que chaque fois qu’un Etat qui s’est senti en position de force s’est engagé dans une opération solitaire, les effets ont été catastrophiques pour le monde. C’est le cas de la guerre en Libye et de l’assassinat de Khadaffi qui a eu pour conséquence de rendre plus la région du sahel plus vulnérable au terrorisme. Pour lui, l’Afrique a un grand rôle à jouer dans ce nouveau monde. A travers sa culture, sa population et son potentiel économique, il peut fortement influencer ce nouveau cycle mondial. Et concrétiser cela, il souhaite que l’Afrique prenne l’initiative d’une conférence sur la gouvernance sociale afin de combattre la pauvreté et les inégalités sociales qui plombent son essor dans ce nouveau monde. Ce discours, le professeur Badie pense qu’il ne doit pas trop plaire aux politiques et dirigeants de plusieurs pays mais, dit-il, en tant qu’universitaire, il est habitué à dire des choses qui fâchent. Notons que cette conférence vient en prélude à celle que doit donner le professeur aux étudiants de l’Université d’Abomey Calavi et au public à l’Ifb le mardi 22 octobre. Il a été introduit par Jean Michel Kasbarian, directeur de l’Ifb.
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