Il y a quelques temps, le président malgache, Andry Rajoelina, faisait une sortie remarquée en promouvant lui-même face caméras et devant la nation malgache entière, un remède local contre le covid-19. Une sortie médiatique qui avait eu étonnant écho tant dans la nation insulaire, qu’en Afrique. Un remède était trouvé, il était africain et présentait comme les habituels remèdes ancestraux auxquels nombre d’africains étaient familiers : la tisane. Mais pour l’OMS, sans essais cliniques, on ne pouvait parler de ‘’remède’’.
Matshidiso Moeti monte au créneau
Matshidiso Moeti, le Dr Matshidiso Moeti est depuis quatre années la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Diplômée de l’Université de Londres et de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, la botswanaise a à son actif 35 années d’expériences en Santé Publique. Discrète et d’une efficacité administrative redoutable, le haut fonctionnaire de l’OMS montait rarement au créneau ; mais face à l’engouement croissant sur le continent africain pour le remède malgache, Moeti avait décidé ce jeudi de lancer un appel. « Nous conseillons au gouvernement de Madagascar de faire subir à ce produit un essai clinique et nous sommes prêts à collaborer avec eux. Nous déconseillons aux pays d’adopter un produit qui n’a pas fait l’objet de tests cliniques de sécurité et d’efficacité » avait déclaré la Directrice dans un point de presse.
Cette sortie intervenait alors que de nombreux pays avait franchi le pas demandant à Antananarivo de leur envoyer des cargaisons du ‘’CVO Covid-Organics’’. Des cargaisons qui entraient soit dans le cadre de transactions commerciales soit dans le cadre de coopération. Ainsi, le Libéria, la Guinée équatoriale, la République du Congo, la Guinée-Bissau, la Tanzanie et les Comores auraient déjà reçu leurs stocks de CVO ou seraient en attente de réception. Et l’Union Africaine avait le 04 Mai dernier, demandé au gouvernement de Rajoelina de bien vouloir leur faire parvenir les « données techniques concernant la sécurité et l’efficacité » du « remède à base de plantes, récemment annoncé par Madagascar pour la prévention et le traitement de la COVID-19 ».
L’OMS conciliante mais ferme…
Lundi dernier, L’OMS dans un communiqué avait rappelé avoir toujours soutenu les efforts du continent en matière de recherches sur « la médecine traditionnelle, complémentaire et alternative » en « fournissant des ressources financières et un appui technique à cet effet ». Et que dans le cas d’espèce ; l’OMS œuvrait de concert avec les instituts de recherche pour « sélectionner les produits issus de la pharmacopée traditionnelle sur lesquels des investigations peuvent être menées afin de déterminer leur efficacité clinique et leur innocuité dans le traitement de la COVID-19 ». Mais selon l’organisation ; quand bien même l’artemisia annua, principale plante du remède malgache, était considérée comme un « des traitements possibles de la COVID-19, (…) Des essais devraient être réalisés pour évaluer (son) efficacité et déterminer (ses) effets indésirables ».
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