Lors de leur dernier sommet, les chefs d’Etats de la CEDEAO ont programmé le lancement de la monnaie unique de l’Afrique de l’Ouest, l’ECO, pour 2027. Ce calendrier reçoit l’approbation de l’ancien premier ministre du Bénin, Lionel Zinsou. Sur RFI ce vendredi 25 juin 2021, le financier d’affaires s’est exprimé sur la question de l’ECO et la particularité qui fait que le Nigéria a besoin de temps pour rentrer dans le système de monnaie unique.
Le financier d’affaires Lionel Zinsou trouve que le lancement de l’ECO prévu pour 2027 est un bon calendrier pour concrétiser la convergence des économies parce que, avec le temps d’adaptation et la volonté, il faut travailler beaucoup. Il donne comme exemple le cas de l’Euro en Europe. Selon lui, quand on regarde la préparation de l’Euro en l’Union Européenne, ça a été très long. Ce qui a fallu une vingtaine d’année pour être concrétisé. Mais, dans les dernières années, «il y a eu un effort de convergence très fort pour que ce soit des économies les plus homogènes que possibles ». Il pense que c’est à peu près le temps qu’il faut pour la préparation. Et donc, « un quinquennat, ça paraît raisonnable ». Il ne croit pas du tout au fait qu’il n’y ait pas eu de conversations diplomatiques et une aucune information entre les pays de l’UEMOA entre les sept autres pays de l’Afrique de l’Ouest notamment le Nigeria. C’est simplement qu’il y a eu un acte historique qui dit que huit pays sont près et veulent s’engager tout de suite. Il relève que la construction d’une monnaie touche des éléments vraiment essentiels et il y a toujours des débats assez forts.
Nigéria : un cas particulier et une chance
Lionel Zinsou estime que le Nigéria pose un problème particulier puisqu’il représente un poids très important et une économie différente des autres. « Vous avez vu que lorsque ça a été annoncé en décembre 2019, le Ghana a été très positif sur le fait que les huit pays de l’UEMOA prenaient le nom d’ECO et allaient plus vite que les autres », fait remarquer l’ancien premier ministre béninois pour dire que les autres pays de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas contre la démarche de l’UEMOA. Il précise que le Nigéria a été négatif parce qu’il a une position différente. Le Ghana, la Guinée et autres sont des pays très proches de l’UEMOA, qui ont une vocation à rentrer assez vite dans le système de l’ECO. Mais, le Nigéria est un sujet particulier. Il n’a pas la même conjoncture. C’est un pays pétrolier.
« Quand le pétrole monte, le Nigéria va beaucoup mieux et l’UEMOA va beaucoup moins bien parce qu’elle n’est pas productrice mais importatrice », explique-t-il. Et donc, « on est à contre conjoncture entre les deux ». Et « l’un de ces pays en contre conjoncturel avec les 14 autres se trouve représenter les deux tiers de la richesse concrète de PIB dans cette union ». Cependant, il pense que le Nigéria est aussi une chance considérable pour l’ECO notamment parce que c’est un pays qui n’est pas du tout endetté. C’est l’un des pays les moins endettés du monde, 25 % du PIB. « On est quand même très loin des 78 % des grandes puissances européennes comme la France », relève-t-il. 25%, cela veut dire que le Nigéria a des marges pour converger, pour changer son économie pour que, en cinq ans, l’économie nigériane cesse d’être à contre cycle des autres.
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