La condamnation de Joël Aïvo et Reckya Madougou fait jaser même en dehors des frontières béninoises. Dans une tribune publiée ce lundi 13 décembre dans le journal Le Monde, Laurence Burgorgue-Larsen , professeur de droit public à l’Ecole de droit de la Sorbonne trouve que la Criet qui a condamné les deux opposants a été créée dans le « but de museler et d’écarter toute opposition politique à l’omnipotence du président Talon ».
« Dernière manifestation d’une descente aux enfers autoritaires du Bénin »
Elle dira que ces peines infligées au constitutionnaliste et à l’ex-ministre « constituent la dernière manifestation d’une descente aux enfers autoritaires du Bénin ». L’accession de Patrice Talon à la magistrature suprême a de son point de vue marqué le début d’une « déconsolidation démocratique ». Une expression qu’elle dit prêter aux politologues Stéphane Foa et Yasha Mounk. L’universitaire rappelle que le pays a pourtant inauguré une « exceptionnelle ère démocratique grâce au mode consensuel d’adoption de la Constitution du 11 décembre 1990 ».
« L’emblème d’une justice muselée »
La directrice du master 2 « droits de l’homme et Union européenne » à l’Institut de recherche en droit international et européen de la Sorbonne (Iredies), cite les présidents de la Cour constitutionnelle Robert Dossou et Théodore Holo qui, avec des acteurs politiques responsables et des contre-pouvoirs indépendants, ont fait de « l’ancien Dahomey » un « joyau démocratique loué et admiré dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà ». En condamnant Joël Aïvo et Reckya Madougou, la Criet devient selon elle, « l’emblème d’une justice muselée ».
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