Le phénomène des grossesses précoces en milieu scolaire n’est pas nouveau au Bénin. Mais on ne le dira jamais assez, il représente toujours une grande menace pour l’éducation des filles et pour le développement du pays. Car, les statistiques sont alarmantes. Entre 2016 et 2020, plus de 9369 cas de grossesses ont été recensés dans les établissements publics et privés par le ministère de l’enseignement secondaire et de la formation technique et professionnelle. Les départements et l’Atacora et de la Donga ont les taux les plus élevés des filles qui tombent enceinte chaque année selon les mêmes statistiques.
Depuis de nombreuses années, les gouvernements successifs et la société civile se sont penchés sur la question avec la prise de plusieurs mesures de sensibilisation, de formation et de sanctions. En dépit de tous ses efforts consentis, la tendance n’est pas à une baisse significative. Les causes de la persistance du phénomène sont connus. L’inexistence d’une éducation s3xuelle à la maison ou à l’école, la mauvaise interprétation des prescriptions religieuses, le regard de la communauté sur la femme, sont autant de de facteurs qui l’expliquent. Les artisans et les ouvriers viennent en tête du classement des personnes responsables de ces grossesses. Viennent ensuite les élèves et leur enseignants. Les dernières statistiques ne sont pas encore disponibles au niveau du ministère de tutelle pour faire le décompte alarmant, mais l’heure n’est pas à la réjouissance.
La situation est d’autant plus préoccupante que les députés ont dû interpeler le gouvernement pour en savoir un peu plus le mardi 05 janvier 2021. Lors de cette séance publique, le ministre de tutelle Mahougnon Kakpo a détaillé les mesures répressives, administratives et pénales prises à l’encontre des auteurs de ces grossesses précoces. Selon lui, certains auteurs sont déjà devant les tribunaux. Il a aussi affirmé que le gouvernement peine à poursuivre les auteurs extrascolaires de ces grossesses précoces. Mais surtout, il leur a demandé de voter une loi pour endiguer ce phénomène handicapant aussi bien l’éducation des filles que le développement de la nation toute entière. Le phénomène est donc si compliqué que sa résolution doit passer par une prise de responsabilité nationale, un élan et un engagement communs. Certes, tout un arsenal juridique comme mentionné plus haut existe déjà. Visiblement cela ne suffit pas pour décourager les auteurs de ces grossesses précoces.
C’est pour cela qu’il faut envisager d’autres mesures supplémentaires notamment celles qui viseraient à protéger la scolarité des filles après leur grossesse. Car, toutes les filles enceintes et les jeunes mères n’ont pas toujours et partout, le droit de continuer ou de reprendre leur scolarité. Outre leur obligation fondamentale de garantir l’éducation sans discrimination, les gouvernants devraient prendre des mesures pour aussi garantir que l’enseignement ne s’interrompt pas au moment, pendant et après la grossesse. Ils doivent prendre des mesures pour que la jeune mère ne soit pas forcée de se marier après sa grossesse comme c’est le cas dans certaines régions du pays à cause des pesanteurs religieuses et sociologiques.
L’autre solution pourrait être l’introduction de programmes de cours intensifs afin que celles qui le veulent, puissent reprendre leur scolarité après la naissance de leur enfant. Aussi, l’Etat pourrait instituer des services psychosociaux et psychologiques auprès desquels ces jeunes mères peuvent se tourner afin d’avoir un soutien leur permettant de reprendre leur scolarité en toute tranquillité. Car, beaucoup de ces jeunes mères font face au rejet de leur famille et de la communauté. En l’absence de dispositifs appuyant la scolarisation des filles enceintes ou les jeunes mères, non seulement leur accès à l’éducation s’en trouve limité, mais aussi ces filles déjà vulnérables sont exposées à davantage de difficultés de pauvreté. Cependant, pour l’efficacité de toutes ces mesures, il faut une veille citoyenne permanente, des séances de formation et de sensibilisation. Elle est nécessaire pour réduire au maximum ce phénomène galopant à défaut de l’éradiquer totalement.
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