La commémoration mercredi 26 octobre 2022 des cinquante ans de la révolution, dans une période de fièvre électorale et de débat sur une hypothétique participation de l’opposition aux élections législatives, apparaît comme un véritable pavé dans la mare de la rupture. Non pas parce que cela perturbe la quiétude de ses barrons et le cours des évènements tels que voulu par le pouvoir actuel mais simplement parce qu’elle permet de faire revenir à la surface des faits qui affaiblissent l’écho de certains discours propagandistes d’aujourd’hui.
Au détour de deux évènements commémoratifs tenus dans le milieu universitaire, on a passé en revue les grandes métamorphoses connues par l’Etat au cours de cette période. Que ce fût la forme de l’Etat, son idéologie, les symboles de la république, les organes, le fonctionnement, la philosophie et mêmes les processus électoraux, le Bénin a changé fondamentalement de visage. La révolution a été donc le premier régime politique qui a tenté et réussi des réformes audacieuses qui ont marqué profondément le fonctionnement de l’Etat. La rupture apparaît donc comme le retour sous un format démocratique de ce que fut la révolution : un régime d’audace, de réformes et de changement du cadre de vie et de l’organisation de l’Etat. Fortement imbus de marxisme et ayant lu, comme le disent leurs pourfendeurs, « Le capital » de Karl Marx, le quarteron de jeunes officiers militaires avaient décidé d’engager le Bénin dans une économie dynamique basée sur la production et la transformation des matières premières sur place. Si on peut leur reprocher à Mathieu Kérékou et ses comparses d’avoir instauré un régime autoritaire, une tendance pourtant répandue à l’époque, il faut néanmoins reconnaître qu’ils étaient animés d’une grande volonté de transformer notre pays.
Comme le dit l’adage, « C’est à l’ancienne corde qu’il faut tisser la nouvelle ». Aujourd’hui avec le recul, on a bien l’envie de voir quelques empreintes de la révolution dans la rupture. A la conférence nationale, on a maladroitement choisi de liquider totalement la révolution et de choisir la démocratie. Avec ses soubresauts dans le monde à la fin des années 90, le socialisme était presque à une fin de cycle et il n’était pas très évident que les forces vives de la nation puissent avoir l’esprit de nuance pour y déceler quelques points positifs, quelques repères à imprimer à la démocratie naissante. Pourtant, il existe bien dans la révolution des éléments positifs pour enrichir notre démocratie.
Il apparait important de revenir ici sur quelques acquis qui pourraient être introduits dans le système démocratique naissant dans notre pays. Le premier aspect que je trouve important est la lutte contre l’embourgeoisement de l’élite politique. Au temps de la révolution, il n’existait pas de salaires politiques. Ministres, préfets, commissaires du peuple- appellation des députés de l’époque-directeurs de société d’Etat…tous percevaient leurs salaires professionnels greffés de quelques modiques primes et indemnités liées à leurs charges. Certains ont en plus des véhicules de fonction. Pourtant, ils avaient tous servi les… Lire la suite dans le journal PDF
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