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Législatives 2023 au Bénin :  L’appel de l’IAJP au peuple béninois 

Du 01er au 2 décembre 2022, la société civile, les universitaires et politiques et autres se sont réunis à la salle de conférence du Chant d’Oiseau de Cotonou autour du thème « Le peuple et le parlement en démocratie » lors de la 20ème édition du symposium annuel 2022 de l’Institut des artisans de justice et de paix (IAJP) et également dans le cadre de la célébration de son 25ème anniversaire de l’IAJP. Au terme des assises, un message a été lancé à l’endroit du peuple béninois dans le cadre des prochaines élections législatives du dimanche 08 janvier 2023. 

Les électeurs sont invités à se rendre aux urnes pour aller élire les députés de la 9ème législature, ceci dans la paix et la quiétude.  Pour l’IAJP, les élections inclusives donnent aux citoyens la chance de choisir leurs représentants en toute responsabilité.  L’institut n’a pas manqué d’insister  « oui à la liberté de voter et d’aller voter » et que « celui qui ne veut pas voter, qu’il reste tranquillement chez lui sans perturber les autres ». « L’abstention parle quand elle est collective et elle est plus forte que la violence éparse » a- t-il laissé entendre.  Les participants à ce symposium demandent aux autorités « d’incarner véritablement ce qu’ils doivent être : concitoyens et guides ». (Lire l’intégralité de   l’Appel de l’IAJP).

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L’APPEL DE L’INSTITUT DES ARTISANS DE JUSTICE ET DE PAIX (IAJP)

Cotonou, le 2 décembre 2022 au Chant d’Oiseau

Au terme des deux journées qui ont ponctué ce symposium marquant les 25 ans de l’Institut des Artisans de Justice et de Paix/ Chant d’oiseau, on ne peut se lever sans des convictions fortes. Ces convictions, issues des réflexions nourries qui nous ont rassemblées, résonnent en un cri de cœur qui engage chaque citoyen et presse tout le peuple béninois à s’engager de manière responsable pour la vitalité de notre démocratie et la légitimité de notre parlement : c’est l’appel de l’IAJP. Il s’articule dans les cinq points ci-après :

1-La démocratie n’est pas que le respect des exigences électorales.  L’urgence institutionnelle de l’organisation des élections devrait s’arrimer avec la nécessité de la liberté politique et de l’impartialité dans le choix inclusif des divers élus de la Nation. Il appartient aux gouvernants, c’est-à-dire ceux qui tiennent le gouvernail, d’incarner véritablement ce qu’ils doivent être : concitoyens et guides. Le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise nous éclaire assez justement à ce propos quand, aux numéros 384-385, il stipule que : 

La communauté politique, réalité connaturelle aux hommes, existe pour obtenir une fin impossible à atteindre autrement : la pleine croissance de chacun de ses membres, appelés à collaborer de façon stable pour réaliser le bien commun, poussés par leur tension naturelle vers le vrai et vers le bien.  La communauté politique trouve dans la référence au peuple sa dimension authentique : elle « est, et doit être en réalité, l’unité organique et organisatrice d’un vrai peuple ». Le peuple n’est pas une multitude amorphe, une masse inerte à manipuler et à exploiter, mais un ensemble de personnes dont chacune — « à la place et de la manière qui lui sont propres » — a la possibilité de se former une opinion sur la chose publique et la liberté, d’exprimer sa sensibilité politique et de la faire valoir en harmonie avec le bien commun : « Le peuple vit de la plénitude de la vie des hommes qui le composent, dont chacun (…) est une personne consciente de ses propres responsabilités et de ses propres convictions ».

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2- Disons oui à la liberté de voter et d’aller voter. Celui qui ne veut pas voter, qu’il reste tranquillement chez lui sans perturber les autres. L’abstention parle quand elle est collective et elle est plus forte que la violence éparse.

3- La responsabilité éthique des institutions de la République est cruciale en période électorale, mais appelle la grande vigilance de la part des candidats, des électeurs et du peuple. Il revient à l’Etat de créer les conditions d’exercice d’une telle veille et vigilance citoyenne. A ce sujet, les élections inclusives démontrent la maturité des dirigeants d’une nation et la bienveillance pour leur peuple. Elles sont gage d’un climat électoral et post-électoral pacifique.

4- Pour la paix et la bonne gouvernance, il faut nécessairement une opposition digne du nom. Cela ne signifie pas qu’elle est forcément l’adversaire du gouvernement en place, mais une institution qui permet d’élargir le champ de vision et de faire d’autres propositions. Un pays qui se respecte ne peut pas se développer convenablement sans une bonne opposition de contradiction.

5-Pour la paix et la quiétude dans notre pays lors des élections prochaines, chaque citoyen doit choisir librement et en toute responsabilité son représentant au parlement. Pour ne pas que les élections prochaines soient boycottées par la population, il faut absolument qu’elles puissent être inclusives jusqu’au bout. Des élections inclusives donnent aux citoyens la chance de choisir leurs représentants en toute responsabilité. Imposer des représentants à la population à travers les élections dénote de la faiblesse de la sphère politique et ceci fait entorse à la paix que nous recherchons. Il nous faut alors garder à l’esprit, comme le mentionne le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise au numéro 495, que :

La paix est le fruit de la justice (cf. Is 32, 17), comprise au sens large, comme le respect de l’équilibre de toutes les dimensions de la personne humaine. La paix est en danger quand l’homme se voit nier ce qui lui est dû en tant qu’homme, quand sa dignité n’est pas respectée et quand la coexistence n’est pas orientée vers le bien commun. Pour la construction d’une société pacifique et pour le développement intégral des individus, des peuples et des nations, la défense et la promotion des droits de l’homme sont essentielles. La paix est aussi le fruit de l’amour : « La paix véritable et authentique est plus de l’ordre de la charité que de la justice, cette dernière ayant mission d’écarter les obstacles à la paix tels que les torts, les dommages, tandis que la paix est proprement et tout spécialement un acte de charité ». La paix se construit jour après jour dans la recherche de l’ordre voulu par Dieu, et elle ne peut fleurir que lorsque tous reconnaissent leurs responsabilités dans sa promotion. 

Abbé Éric AGUENOUNON
Directeur de l’IAJP/CO

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