La ministre du travail et de la fonction publique et la ministre des affaires sociales et de la microfinance ont procédé vendredi dernier au lancement du plan d’urgence de lutte contre le travail des enfants. Un plan qui s’inscrit dans le cadre de la campagne nationale de tolérance zéro du travail des enfants dans les secteurs à forte prévalence. Invités sur l’émission »90 minutes pour convaincre » de la radio nationale, Edgard Dahui, directeur départemental du travail et de la fonction publique du littoral et Raymond Zounmatoun, directeur des normes et de la statistique du travail ont apporté les clarifications nécessaires concernant le travail des enfants au Bénin.
Le travail des enfants au Bénin persiste en dépit des multiples projets mis en œuvre pour la protection des enfants dont les cantines scolaires et le projet ARCH. Cette persistance s’explique par l’ignorance de la masse des textes en vigueur en matière de la protection des enfants mais aussi, par le mode d’éducation encré dans les habitudes africaines. ‹‹ C’est un peu notre culture et ça fait partie des défis que nous avons à relever pour combattre le phénomène dans ses racines. Les racines sont profondes et se retrouvent dans notre culture ››, explique Raymond Zounmatoun.
A ses dires, des adultes sont étonnés d’entendre qu’un enfant ne devrait pas travailler. Ces adultes avancent que leurs ascendants les ont initiés au travail dès le bas-âge et que c’est grâce à cette éducation qu’ils ont pris conscience que l’argent ne tombe pas du ciel. Ils trouvent que c’est une bonne manière d’épargner à l’avance, l’enfant de la délinquance et du chômage. Également, le phénomène des enfants Talibés et mendiants qui continue d’exister trouve sa source dans les pratiques religieuses.
Les statistiques quant au travail des enfants montrent une évolution considérable. Cependant, l’objectif est d’atteindre une réduction jusqu’à moins de 5% sur le plan national d’ici 2025. Les différents projets qui entrent dans le cadre de la planification familiale ont été initiés en vue de favoriser une responsabilité convenable des parents vis-à-vis de leurs enfants.
Que dit la loi?
Selon les textes en vigueur, un enfant ne peut pas travailler plus de 4 heures par jour sans repos. Un enfant ne devrait pas être exposé aux travaux de nuit. Il faut que l’enfant ait au moins 14 ans avant d’être mis en apprentissage. Cependant, l’apprentissage de certains métiers comme la vulcanisation, nécessite que l’enfant ait au moins 18 ans. Pour qu’un enfant soit mis en apprentissage d’un métier, il faut que la décision d’abandon de l’école vienne de lui et que le métier qu’il devrait apprendre soit de son choix. La loi interdit que l’enfant soit logé dans l’atelier. Les enfants placés ont le droit d’être traités de la même manière que tous les enfants de leur âge. Ils ont le droit de porter leur nom d’origine et de rester en contact avec leurs parents d’origine. Ils doivent être nourris et logés dans de bonnes conditions. Un enfant doit avoir au moins le certificat d’étude primaire avant d’être accepté à l’apprentissage.
‹‹ Un maître artisan qui accepte de prendre un enfant de moins de 14 ans en apprentissage peut être condamné au payement d’une amende allant de 14.000 à 70.000 francs Cfa ou de 70.000 à 140.000 francs Cfa et à une peine emprisonnement de deux mois par enfant. D’après le code de l’enfant, une personne qui exploite des enfants peut être condamnée à une peine d’emprisonnement allant de 6 mois à 2 ans et à une amende allant de 100.000 à 250.000 francs Cfa. Le père ou la mère qui sciemment transporte ou remet son enfant en vue de la traite de celui-ci et de quelques manières aide le trafiquant encours un emprisonnement de 6 mois à 5 ans. Quiconque déplace, tente de déplacer ou accompagne un enfant à une destination qui est située en ville du Bénin ou hors de la résidence de ses parents ou de la personne ayant autorité sur lui sans remplir les formalités est puni d’un emprisonnement de un an à 3 ans et d’une amende de 550.000 à 750 000 francs CFA. Quiconque déplace, tente de déplacer ou accompagne un enfant autre que le sien ou un enfant dont il a la responsabilité, hors du territoire de la République du Bénin sans remplir les formalités administratives est puni d’une peine d’emprisonnement allant de 2 ans à 5 ans et d’une amende de 500.000 à 2.500.000 francs Cfa ››, a notifié Edgard Dahui.
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