Le procès opposant le ministère public à Coffi Ange Olivier Boko, Selbourne Oswald Homeky et quatre autres prévenus s’est ouvert le mardi 21 janvier 2025 devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Ce dossier sensible, impliquant des accusations de complot contre la sûreté de l’État, de corruption et de faux et usage de faux, suscite un débat intense, notamment en raison des objections soulevées dès le début des audiences.
Une contestation sur la composition de la juridiction
Dès l’ouverture des débats, les avocats des accusés ont unanimement soulevé une irrégularité qu’ils jugent grave : la composition de la chambre de jugement. Selon eux, l’article 254 du Code de procédure pénale exige qu’un président et quatre assesseurs siègent lors des audiences criminelles. Or, la CRIET a statué avec un président et deux assesseurs. Cette configuration est permise par la loi spéciale 2020-07, selon le parquet, mais la défense conteste cette interprétation. Elle rappelle que l’ordonnance ayant convoqué le procès mentionne une « session criminelle » et que, par conséquent, les dispositions générales du Code de procédure pénale devraient s’appliquer.
Une déconstitution de la défense
Invoquant des doutes sur l’impartialité de la présidente de la chambre, Madame Christelle Adonon, les avocats ont demandé son déport. À leur grande stupéfaction, cette requête a été rejetée, et le tribunal a décidé de joindre les incidents soulevés au fond. En réponse, la défense a pris une décision exceptionnelle : se déconstituer. Par le biais d’un communiqué rendu public ce mercredi 22 janvier et dont votre quotidien a eu copie, les avocats expliquent que ce choix a été fait en concertation avec leurs clients et qu’il reflète une opposition ferme face à ce qu’ils qualifient de violation des droits fondamentaux des accusés.
Ils dénoncent ce qu’ils perçoivent comme une gestion biaisée du dossier depuis l’enquête préliminaire. Ils accusent le parquet de manœuvres visant à détourner l’attention du public des irrégularités constatées. Selon eux, la procédure en cours est entachée de vices exceptionnels, rendant toute poursuite des débats illégitime.
Des accusations de violations des droits de la défense
Les avocats mettent également en lumière plusieurs points qu’ils considèrent comme des atteintes aux droits de leurs clients. Ils pointent notamment :
- L’absence de traçabilité de certains actes en raison du non-établissement de procès-verbaux.
- Le rejet systématique des demandes d’instruction complémentaire et des nullités.
- Une célérité qu’ils jugent incompatible avec une bonne administration de la justice.
- L’émergence d’un arrêt mystérieux et suspect, introduisant une accusation de « participation à une entreprise terroriste », absente des chefs d’inculpation initiaux.
- Des restrictions concernant l’accès aux dossiers et la communication avec les avocats, créant un déséquilibre dans le cadre d’un procès équitable.
Le parquet réfute et maintient le cap
De son côté, le parquet a fermement rejeté les allégations de la défense. Il affirme que les droits des accusés ont été scrupuleusement respectés et que les recours déposés par la défense ont été examinés et rejetés par la Cour constitutionnelle ainsi que par la Cour suprême. Ces institutions ont validé la procédure en cours, confirmant sa régularité.
Un appel à l’État de droit
Dans leur communiqué, les avocats rappellent leur attachement à une justice équitable et transparente. Ils appellent l’opinion publique à se mobiliser contre ce qu’ils considèrent comme une instrumentalisation des institutions judiciaires. Le parquet, quant à lui, insiste sur la nécessité de respecter les décisions de justice et sur l’indépendance de la CRIET, garante de l’État de droit.
Rappelons que, ce mercredi 22 janvier, la Criet a une fois encore renvoyé l’affaire au jeudi 23. Après la déconstitution des avocats, les prévenus ont fait savoir qu’ils n’ont pas pu avoir de nouveau. Le procureur spécial a ainsi fait remarquer que des avocats seront commis d’office pour leur défense.
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