La rivalité entre l’Algérie et le Maroc est une dynamique complexe, enracinée dans l’histoire, la politique, l’économie et même la culture. Au cœur de ces tensions se trouve la question controversée du Sahara occidental, une dispute territoriale qui oppose les deux pays depuis des décennies. Ce conflit a non seulement conduit à une fermeture prolongée des frontières, mais a également créé une méfiance politique durable. Les tentatives de résolution par des organismes internationaux n’ont jusqu’à présent pas réussi à dénouer ce nœud complexe de revendications territoriales et d’identités nationales.
Parallèlement à ces tensions politiques, une compétition économique fait rage, particulièrement visible dans le secteur aérien où les compagnies nationales, Air Algérie et Royal Air Maroc, rivalisent pour l’influence et la primauté en Afrique. Le ciel africain est le théâtre d’une rivalité intense entre l’Algérie et le Maroc; chacune avec son propre plan stratégique pour se tailler une part plus grande du marché africain. Tandis que l’Algérie a déjà engagé un vaste projet de redéploiement en Afrique, le Maroc semble déterminé à riposter avec force.
Royal Air Maroc, présidée par Abdelhamid Addou, prévoit de renouveler et de moderniser sa flotte, qui compte actuellement 50 appareils, dont 42 Boeings, 6 ATR 72 et 4 Embraers. Selon Addou, l’expansion de la flotte est cruciale pour permettre à la compagnie d’élargir son réseau de vols, d’autant plus qu’une augmentation du nombre de touristes est attendue pendant la saison estivale de cette année. Le PDG de la RAM envisage donc de lancer un appel d’offres pour l’acquisition de nouveaux avions, tant pour les moyens que les longs courriers. La compagnie compte avoir 200 avions d’ici 2037.
Air Algérie, de son côté, a déjà mis en œuvre une série de mesures stratégiques. La compagnie a lancé plusieurs nouvelles liaisons aériennes, bien que peu fréquentes, entre Alger et diverses capitales africaines, telles que Dakar, Nouakchott, Niamey, Abidjan, Bamako et Ouagadougou. En outre, la compagnie prévoit également de lancer de nouvelles routes vers Addis Abeba, Brazzaville et Pretoria. Pour renforcer sa flotte vieillissante, Air Algérie a déjà lancé un appel d’offres pour l’acquisition de 15 nouveaux appareils.
La rivalité entre ces deux compagnies ne se limite pas à leurs stratégies respectives d’expansion. Au Maroc, Abdelhamid Addou fait pression sur le gouvernement pour qu’il finance la modernisation de la flotte de la RAM, en vue de transformer l’aéroport de Casablanca en un hub de transit majeur pour l’Afrique subsaharienne. Il a d’ailleurs insinué que toutes les compagnies africaines, à l’exception d’Ethiopian Airlines, étaient des “compagnies faibles”, incluant implicitement Air Algérie. En Algérie, les dirigeants d’Air Algérie ont la même ambition pour l’aéroport international d’Alger.
Dans cette course aérienne transfrontalière, il reste à voir quelle compagnie parviendra à prendre l’avantage. L’Algérie a déjà commencé à déployer sa stratégie, tandis que la RAM attend toujours le feu vert financier de l’État marocain. Cependant, une chose est sûre : la rivalité entre le Maroc et l’Algérie se joue désormais aussi dans les airs.
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