La mosaïque de l’Afrique francophone se fissure. Suite à une modification constitutionnelle, le Mali a déclassé le français de langue officielle à langue de travail. Une décision lourde de sens et de conséquences qui, loin d’être isolée, s’inscrit dans un mouvement plus vaste de réorientation linguistique sur le continent. Le 22 juillet 2023, une nouvelle constitution est promulguée au Mali, décrétant les langues nationales comme langues officielles et reléguant le français, anciennement langue officielle depuis l’indépendance en 1960, au rang de langue de travail.
Un coup de semonce contre la langue de Molière, longtemps privilégiée dans les services publics, l’État et l’enseignement. Plus de la moitié de la population est francophone et s’exprime en français. Cette décision est le fruit d’une lutte pour la souveraineté et l’identité culturelle du Mali. Ce phénomène n’est pas exclusif au Mali. En effet, au Maroc, un tournant majeur a été marqué par l’annonce de la ministre de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, le 3 juillet 2023.
En parallèle, le pays a initié une réforme éducative visant à généraliser l’enseignement de l’anglais à l’échelle du collège. La tendance est également similaire en Algérie, où la langue française perd du terrain. Désormais, l’arabe est la langue officielle de l’administration publique, des établissements publics et privés, mettant fin à l’utilisation du français dans ces domaines.
Ainsi, ces décisions s’inscrivent dans un mouvement plus large de réorientation linguistique en Afrique francophone, remettant en question le rôle et l’influence du français. Cette tendance a été initiée par un autre pays. Le Rwanda a en effet, depuis 2008 quatre langues officielles : le kinyarwanda, le français, l’anglais et le swahili. Le kinyarwanda est la langue maternelle de la quasi-totalité de la population.
En 2008, le gouvernement rwandais a pris la décision de rendre l’anglais langue d’enseignement officielle dans les écoles, dans le but de rapprocher le Rwanda du Commonwealth et des marchés anglophones d’Afrique de l’Est. Le swahili, largement utilisé dans la Communauté d’Afrique de l’Est, a été ajouté comme langue officielle en 2017. Cette vague de changements soulève des questions sur l’avenir de la langue française en Afrique. La France saura-t-elle s’adapter à ces nouvelles dynamiques et trouver des moyens de renforcer ses liens avec ces pays à travers des canaux autres que la langue? Seul l’avenir nous le dira.
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