Le paysage des investissements étrangers au Maroc connaît une mutation remarquable. Alors que la France, pendant de nombreuses années, était le leader incontesté en matière d’investissements directs à l’étranger (IDE) au Maroc, elle cède aujourd’hui sa place à un géant outre-Atlantique : les États-Unis. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En un an, entre 2021 et 2022, les investissements français ont subi une chute brutale, passant de 7,4 milliards de dirhams à seulement 3,2 milliards de dirhams. Parallèlement, l’évolution des investissements américains est époustouflante. À partir d’une base de 436 millions d’euros en 2020, ils ont grimpé pour atteindre 7,4 milliards de dirhams en 2022, égalant ainsi les sommets précédemment atteints par la France.
Mais que signifie ce changement pour le Maroc? Au-delà des chiffres, cela indique une modification profonde des alliances stratégiques. Les États-Unis, en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en décembre 2020, ont sans doute renforcé leurs liens économiques avec le royaume. Ces nouvelles orientations ne sont pas uniquement économiques : elles sont aussi politiques et reflètent une convergence d’intérêts entre les deux nations.
Les domaines d’investissement des États-Unis au Maroc sont variés. Ils couvrent aussi bien des secteurs industriels tels que la métallurgie, que des domaines plus novateurs liés à la gestion de l’eau ou encore aux énergies renouvelables. Bien que la France demeure un partenaire essentiel du Maroc, l’élan américain dans le royaume chérifien témoigne des transformations géopolitiques et économiques en cours. Le Maroc, à la croisée des chemins, devra adapter sa stratégie pour maximiser les avantages de ces nouvelles dynamiques d’investissement.
Des relations de plus en plus compliquées entre Paris et Rabat
Les relations entre le Maroc et la France semblent s’effriter au fil des mois, avec une série d’incidents et de désaccords marquants qui jettent une ombre sur leurs liens historiquement solides. Les commentaires d’Emmanuel Macron lors de sa tournée africaine, visant à renouveler et à rassurer sur les intentions françaises envers le Maroc, n’ont pas été bien reçus à Rabat. L’une des pommes de discorde majeures est l’influence supposée de la France dans l’affaire Pegasus, un scandale d’espionnage à résonance internationale. Les autres griefs, tels que la restriction des visas et certaines campagnes médiatiques, ajoutent à cette atmosphère tendue.
En parallèle de ces frictions diplomatiques, le Maroc, suivant une tendance observée dans d’autres pays du Maghreb, se dirige vers une refonte de son système éducatif, avec un accent renforcé sur l’anglais. L’introduction d’une réforme pour élargir l’enseignement de l’anglais au niveau du collège traduit une volonté d’adapter l’éducation à un monde globalisé. Si cette démarche vise principalement à doter les élèves de compétences linguistiques adaptées à notre ère, elle suscite des interrogations sur le rôle futur du français au Maroc, particulièrement à la lumière des récentes tensions avec la France.
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