Le Nil, l’un des plus longs fleuves du monde, est une artère vitale pour l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan. Pour l’Égypte, le fleuve est littéralement sa bouée de sauvetage, fournissant près de 97% de ses besoins en eau et soutenant l’agriculture le long de ses rives fertiles depuis des millénaires. Sa vallée et son delta sont le berceau de l’une des civilisations les plus anciennes, rendant le Nil indissociable de l’identité égyptienne. En Éthiopie, les affluents du Nil, en particulier le Nil Bleu, sont cruciaux pour l’agriculture et la production d’électricité, avec le Grand barrage de la Renaissance en tant que témoignage récent de son rôle potentiel dans le développement énergétique du pays.
Pour le Soudan, situé entre ces deux pays, le Nil est tout aussi essentiel, irriguant ses vastes plaines agricoles et fournissant de l’eau à une grande partie de sa population. Dans tous ces pays, le Nil est bien plus qu’un simple cours d’eau; il est une source de vie, un lien historique et culturel, et un enjeu majeur dans les relations régionales.
Enjeu économique et d’indépendance
L’Ethiopie, poursuivant son ambition d’augmenter la production d’électricité pour ses citoyens, a réussi à remplir le Grand barrage de la Renaissance, un projet hydroélectrique majeur. En plus de ses avantages énergétiques, le barrage a le potentiel de transformer le paysage géopolitique de la région, étant donné son emplacement stratégique sur le Nil, un fleuve essentiel pour plusieurs nations. Cependant, cette réalisation, qui s’inscrit dans une vision de développement national, n’a pas été sans controverses.
L’Égypte, fortement dépendante du Nil pour ses besoins en eau, a qualifié le remplissage unilatéral du barrage d’« illégal ». Pour Le Caire, le barrage représente une menace potentielle pour son approvisionnement en eau, ce qui a nourri les tensions avec Addis-Abeba au fil des ans. De l’autre côté, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a exprimé sa fierté et sa détermination face aux défis rencontrés lors de la construction du barrage. Soulignant la « persévérance nationale », il a partagé des images de lui sur le site, marquant ainsi une étape cruciale dans la réalisation de ce projet d’envergure.
Le Soudan, voisin de l’Ethiopie et de l’Égypte, a également ses réserves quant au barrage, bien que sa position ait oscillé au fil du temps. Les négociations tripartites, qui visent à trouver un terrain d’entente sur le fonctionnement du barrage, ont été entrecoupées de périodes d’interruption et de reprise, reflétant la complexité de la situation.
En fin de compte, le barrage de la Renaissance symbolise plus qu’un simple projet d’infrastructure. Il est le reflet des aspirations de développement de l’Ethiopie, des préoccupations sécuritaires de l’Égypte et de l’équilibre délicat que le Soudan tente de maintenir dans la région.
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