Depuis le 11 septembre, se tient à Strasbourg la session plénière du parlement européen. Les eurodéputés ont déjà abordé plusieurs points relatifs à la vie de l’Union. Un point a notamment retenu les attentions. Il s’agit de la situation au Sahel. Les Européens sont dans cette zone de l’Afrique depuis plusieurs décennies avec divers agendas. L’avènement du terrorisme a amené l’Europe à renforcer sa présence au Sahel sur le plan militaire et socio-économique. En 2012, lorsque le Mali était acculé de toute part par des hordes de terroristes, l’UE a enclenché des mécanismes pour soutenir le pays.
La France a notamment activé la force Serval (qui deviendra plus tard Barkhane) pour stopper l’avancée des djihadistes. Plus tard, d’autres forces européennes viendront s’installer au Mali pour mener la lutte contre le terrorisme. En plus du volet militaire, l’UE a fait des efforts pour participer au processus de développement des pays impactés par le terrorisme au Sahel. Divers projets sociaux économiques ont été initiés à l’endroit des populations locales. Malgré cet engagement des Européens, force est de constater que la situation ne s’est pas améliorée dans la zone du sahel. Les groupes terroristes s’y sont multipliés.
État islamique au Sahel, EIGS, JNIM, AQMI, Boko Haram pour ne citer que les groupes les plus funestes sèment la terreur et la désolation au Sahel. La dégradation continue de la situation sécuritaire a fait naître un sentiment de ras-le-bol au sein des populations locales. L’Europe, sensée aider les pays sahéliens à lutter contre le terrorisme à commencer à susciter la méfiance chez les populations. Les entités européennes ont commencé à être pointées du doigt de ne pas jouer franc jeu. À Strasbourg, les députés ont fait le bilan de la présence européenne au sahel. Ils ont mené des discussions sur les missions européennes qui ont eu cours au Sahel durant cette décennie.
Les parlementaires ont reconnu que l’engagement européen n’a pas produit les résultats voulus et qu’il ya encore beaucoup à faire. La question des coups d’État a aussi été abordée et à ce niveau, Joseph Borell, le chef de la diplomatie européenne a eu des propos très durs envers les militaires au pouvoir. Il dira sans ambages que les militaires n’ont ni les moyens ni l’intention de lutter contre le terrorisme.
Borell a notifié que l’UE a injecté pas moins de 600 millions d’euros en 10 ans au Sahel et que malheureusement cela n’a pas suffi à arranger les choses. « Dans les dix dernières années, nous avons dépensé 600 millions d’euros dans des missions civiles et des entraînements militaires au Sahel. Nous avons entraîné quelque 30 000 membres des forces de sécurité au Mali et Niger, et 18 000 effectifs militaires. Et voilà, cela n’a pas servi à renforcer des forces armées qui soutiennent des gouvernements démocratiques, mais qui les renversent » dira le chef de la diplomatie européenne.
Dans sa plaidoirie, Joseph Borell a indiqué qu’il ne faut pas surévaluer les sentiments « anti-français », « anti-européens », « anti-occidentaux » lors des manifestations enregistrées dans divers capitales de pays sahélien. Selon les propos du diplomate européen, lors des rassemblements spontanés, « certaines personnes seraient payées pour agiter des messages anti-européens ». Malgré ce contexte tendu, il a laissé entendre que l’Union européenne ne doit pas abandonner le Sahel dans des moments aussi critiques. D’après le chef de la diplomatie européenne, le Sahel est une région stratégique pour la sécurité de l’Europe et pour le contrôle des migrations. Il appelle à soutenir des institutions sous-régionales comme la CEDEAO afin de ramener la quiétude au Sahel.
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