En pleine tension mondiale, les nations africaines sont de plus en plus conscientes de l’importance de prioriser leurs propres intérêts. Cette tendance se manifeste clairement dans les récentes déclarations de leaders africains qui soulignent un éloignement du sentimentalisme dans les affaires internationales. Le contexte actuel, marqué par des crises telles que le conflit russo-ukrainien, met en évidence cette nouvelle orientation stratégique.
Les pays africains, historiquement influencés par les puissances occidentales, commencent à adopter une approche plus centrée sur eux-mêmes, cherchant à équilibrer leurs relations internationales tout en veillant à leurs intérêts nationaux.
La secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, a récemment mis en avant cette évolution lors d’un entretien avec l’AFP. Elle a mis l’accent sur le changement d’attitude des pays africains, en particulier ceux de la Francophonie, vis-à-vis de leurs anciens colonisateurs, notamment la France et affirmé que ces pays ne font plus dans le sentimentalisme.
Une tendance générale
Cette tendance vers un pragmatisme accru se reflète dans diverses situations, comme l’abstention de plusieurs pays africains lors du vote de l’ONU condamnant l’offensive russe en Ukraine. Cette décision souligne un désir croissant des nations africaines de ne pas se laisser entraîner dans des conflits où leurs intérêts ne sont pas directement impliqués.
« Beaucoup de pays sont contre l’invasion. Mais ils se positionnent par rapport à leurs intérêts, comme l’Occident le fait de son côté. Les dirigeants sénégalais vont penser à leur peuple avant de soutenir aveuglément le positionnement d’un pays proche comme la France… Il y a aussi et surtout la question de la mauvaise gouvernance dans ces pays, et le sentiment chez les jeunes que la France officielle a soutenu ces systèmes… le monde change, l’Afrique a beaucoup changé… Les aspirations de la jeunesse africaine vont au-delà de l’ancien pouvoir colonisateur. Ce n’est plus uniquement Paris qui compte pour ces jeunes-là. Ils recherchent d’autres aventures, d’autres opportunités ailleurs », a affirmé Mme Mushikiwabo.
En outre des poids lourds comme l’Afrique du Sud, en tant que puissance économique majeure sur le continent, ont clairement indiqué sa volonté de maintenir une politique de non-alignement. Le président Cyril Ramaphosa a affirmé que son pays ne prendrait pas parti dans le conflit russo-ukrainien.
Cette déclaration est significative, car elle illustre la résistance de l’Afrique du Sud à la pression des grandes puissances comme les États-Unis, son deuxième partenaire commercial. Cette position neutre est enracinée dans les souvenirs douloureux du continent, marqué par des guerres par procuration et la colonisation, et reflète une volonté de ne pas répéter les erreurs du passé.
En refusant de devenir un terrain de jeu pour les superpuissances, l’Afrique du Sud et d’autres pays africains cherchent à écrire un nouveau chapitre de leur histoire, un où ils sont des acteurs autonomes et non des pions.
L’approche actuelle de l’Afrique dans les affaires mondiales est donc marquée par une recherche d’équilibre et d’autonomie. Les pays africains, en privilégiant leurs intérêts et en se détachant des influences traditionnelles, cherchent à redéfinir leur rôle sur la scène internationale. Cette évolution représente une étape cruciale dans le développement politique et économique du continent, offrant une nouvelle perspective sur la façon dont l’Afrique interagit avec le reste du monde.
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